En mars dernier, au début de la crise sanitaire, les organisations syndicales avaient répondu positivement à la demande du gouvernement québécois de suspendre les négociations en vue du renouvellement des conventions des employés du secteur public, tout en maintenant la communication.
Or, deux mois plus tard, la pause est terminée et les demandes sont toujours sur la table. Comme il n’y a pas de front commun des employés de l’État, chaque centrale syndicale a fait sa propre proposition au gouvernement.
Les demandes sont nombreuses. Après avoir souffert des coupures et de l’austérité, les syndicats constatent qu’un rattrapage s’impose, tant dans les conditions salariales que dans les charges de travail, les ratios et les conditions générales.
«On traîne un fardeau depuis des années, voire des décennies. C’est au tour des travailleurs des services publics. Ils ont assez attendu», martèle le président du SCFP-Québec, Benoît Bouchard.
Réinvestir dans les réseaux publics
Dans une lettre datée du 23 mai, les représentants de quatre centrales syndicales (CSN, FTQ, CSQ et CSD) ont interpellé le gouvernement de François Legault à accélérer les négociations et à renforcer le rôle prépondérant des services publics.
«La pandémie a révélé le rôle incontournable des services publics et des programmes sociaux. Cependant, cette dernière a aussi révélé à quel point les années d’austérité ont affaibli les réseaux de la santé, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la petite enfance.[…] Des réinvestissements sont toujours nécessaires, au premier chef pour consolider le réseau de la santé sur le plan des acquisitions, de l’organisation du travail, des conditions de travail, des façons de s’occuper des personnes âgées et vulnérables et des immobilisations», écrivent les porte-parole.
En quête de reconnaissance
Les services publics sont fragilisés; c’est pourquoi il est nécessaire d’améliorer significativement et de façon permanente les conditions de travail et de pratique ainsi que les salaires de celles et ceux qui sont là pour bien servir la population, estiment les représentants.
«Il ne faut pas perdre de vue que la seule solution à long terme pour contrer la rareté de main-d’œuvre qui sévissait déjà avant la pandémie dans le secteur public, c’est de reconnaitre pleinement la valeur du travail de tout le personnel. Si on veut agir pour retenir les travailleuses et les travailleurs des réseaux, c’est ce qu’il faut faire», indique Caroline Senneville, vice-présidente à la CSN.
Un objectif jugé irréaliste
Bien qu’ils saluent l’annonce du gouvernement de recruter et d’employer de nouveaux préposés aux bénéficiaires (PAB) dans les CHSLD, les syndicats jugent l’objectif d’en former 10 000 cet été «fort irréaliste».
Pour la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), il serait plutôt souhaitable que le programme puisse se poursuivre après septembre et puisse être complété jusqu’à la diplomation. Cela permettrait d’assurer des renforts d’effectifs cet automne et de prolonger dans les mois suivants la formation de PAB qualifiés et polyvalents.
Une entente pour bientôt?
Lors de la reprise des négociations, le gouvernement Legault avait exprimé son souhait de régler les conventions collectives de ses employés avant l’été. Cela se concrétisera-t-il? Peu de syndicats croient à cette échéance. « Nous sommes loin d’une entente », juge le SCFP. «Le gouvernement se sert de la crise sanitaire pour acheter un règlement à rabais», craint pour sa part Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).
En chiffres
40 milliards
masse salariale du gouvernement
550 000
employés de l’État qui négocient actuellement
13,2 %
retard du salaire des employés de l’État par rapport à celui des salariés québécois*
*2019, Institut de la statistique du Québec