On a ça, au Québec, le pouvoir infini de l’eau, de l’air salin de bord de mer, au Bas-Saint-Laurent, par exemple, où mes souvenirs de jeunesse de Rivière-du-Loup se limitent à regarder le soleil se laisser flotter dans le fleuve jusqu’à s’endormir. Je me souviens aussi des phares et des mystères qui les enveloppaient et d’une incursion à l’île Verte, petite, où le temps se traîne les bottes dans les chemins de gravier.
Pour percer les mystères du Bas-Saint-Laurent, j’ai fait appel à Karine Lebel, responsable des communications à Tourisme Bas-Saint-Laurent. Bien que quelques-uns de ses coups de cœur fassent rêver, avant de se déplacer, pandémie oblige, il est préférable de vérifier les consignes de la Santé publique et de valider que les attraits convoités sont ouverts et disposés à vous accueillir.
Q Quelles sont les attractions les plus visitées du Bas-Saint-Laurent?
R Le site historique maritime de Pointe-au-Père arrive en tête de liste. On le connaît entre autres pour son sous-marin hors de l’eau, qui demeurera fermé cet été. Il avait attiré 100 000 visiteurs à son premier été. C’est beaucoup pour le Bas-Saint-Laurent. Il sera sans doute possible de visiter l’exposition sur le naufrage de l’Empress of Ireland, la deuxième plus grande tragédie maritime après le Titanic. Il a coulé en 1914, le 29 mai, et a fait 1012 victimes. Nous avons beaucoup de témoignages de survivants et de descendants de passagers. Dans le phare de Pointe-au-Père, nous avons une interprétation sur la navigation maritime.
Le parc national du Bic est aussi un joyau du Bas-Saint-Laurent. Le tiers du parc est composé d’eau, d’anses, d’îles, de baies. On se croirait au Vietnam avec ses immenses pics.
Q L’eau occupe une place importante dans les attractions j’imagine.
R Un autre secteur très visité est celui des îles de la Société Duvetnord, au milieu du fleuve. C’est la tranquillité totale, sans électricité, en camping sauvage ou en chalet. On peut faire 45 km de randonnée sur une île de 13 km de long. C’est vraiment idyllique. On se réveille au son des oiseaux ou au souffle des bélugas. À l’île du Pot à l’Eau-de-Vie, on peut dormir dans un phare. Les îles sont très prisées, mais on ne sait pas si ce sera ouvert cet été.
Q Quels villages valent absolument un détour?
R Kamouraska est bien connu. C’est le bord de mer, les petites boutiques, le magasin général, la savonnerie Quai des Bulles, l’ambiance, la bonne bouffe. Tu ne peux pas être plus proche du fleuve que ça. Nous avons aussi quatre villages membres de l’Association des plus beaux villages. Saint-Pacôme, par exemple, n’est pas sur le bord du fleuve, mais il longe une rivière. Il faut s’arrêter à l’Auberge Comme au premier jour.
Notre-Dame-du-Portage était pour sa part un lieu de villégiature pour les Américains qui venaient respirer l’air salin. Dans le même sens, Cacouna recevait les Anglais de Nouvelle-Angleterre. Émile Nelligan passait ses étés là, dans une auberge. Et il y a Sainte-Luce, avec son immense plage d’un kilomètre de long, son église et son cimetière qui sont presque dans le fleuve.
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Q Côté plein air, quels seraient les coups de cœur?
R Dans le nouveau parc national du Lac-Témiscouata, on peut faire beaucoup d’activités nautiques, du canot-camping, des activités de randonnée. Le long du lac, on peut aussi emprunter la piste cyclable du Petit Témis, une piste cyclable de 134 km sur une ancienne voie ferrée, de Rivière-du-Loup à la frontière du Nouveau-Brunswick. Il n’y a pas de transport de bagage, mais on y trouve beaucoup d’hébergement.
On peut aussi s’arrêter au parc côtier Kiskotuk, un grand site ornithologique avec 25 kilomètres de littoral, des plateformes de camping et des chalets perchés.
Q Pour ceux qui préfèrent s’exercer les papilles plutôt que les mollets, on s’arrête où?
R Le crabe des neiges est populaire chez nous et en Gaspésie. Probablement qu’il faut visiter les poissonneries et manger des fruits de mer. C’est facile de s’approvisionner et de partir en pique-nique. Je pense aux Pêcheries Ouellet, à Kamouraska, qui fument elles-mêmes leurs poissons. On y fait une très bonne merrine, un peu comme une terrine, mais à base de poissons.
Plusieurs restaurants se sont réinventés pendant la pandémie, comme le Bistro Côte Est, qui fait ses vendredis thématiques.
Q Pour les jours de pluie, où peut-on se réfugier?
R À La Pocatière, nous avons le Musée québécois de l’agriculture et de l’alimentation. C’est chez nous qu’a été ouverte la première école d’agriculture et nous oublions souvent l’impact de cette agriculture sur l’alimentation québécoise. On y trouve une exposition pour les plus jeunes et une pour les plus vieux.
Nous avons beaucoup de galeries d’art, et le Manoir seigneurial Fraser, à Rivière-du-Loup, autrefois Fraserville, raconte le développement de la ville, l’impact de l’arrivée du train. Quand les derniers Fraser ont quitté le manoir, ils ont tout laissé. L’endroit est rempli de souvenirs.
Q Un coup de cœur inusité?
R Sans doute le Musée du squelette, sur l’île Verte. Sur cette île habitée à l’année, au dernier recensement, la population était de 34 personnes. Nous y trouvons un des plus vieux phares du Québec et M. Fontaine y ramasse des ossements quand il fait le tour de l’île, si bien qu’il a ouvert un musée. C’est très intrigant. L’île est accessible en traversier et normalement, une fois par année, à pied avec le sentier de la bouette. Mais l’activité est annulée cette année.
Q Où devraient aller les gens du Bas-Saint-Laurent pour redécouvrir leur région?
R Sur les routes touristiques, soit la route des Frontières, qui va jusqu’au Nouveau-Brunswick et au Maine, et la route des Monts Notre-Dame, qui parcourt l’arrière-pays.
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Q Enfin, aimeriez-vous profiter de l’occasion pour détruire un mythe sur le Bas-Saint-Laurent?
R On dit souvent qu’on est loin, mais nous sommes à 1 h 30 de Québec. Et on dit qu’il fait froid. Oui on a un air conditionné naturel, mais on se baigne dans le fleuve, il y a de l’air frais et ça sent bon.
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