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Slow tourisme dans Chaudière-Appalaches

Les vélorails de Beaulac-Garthby sont uniques au Québec et permettent une randonnée sur un ancien chemin de fer.

CHRONIQUE / Voyager lentement en mélangeant l’histoire, le patrimoine, la culture et la nature, c’est la proposition de la région de Chaudière-Appalaches, qui s’étend au sud du Saint-Laurent, entre les Cantons-de-l’Est et le Bas-Saint-Laurent. Lévis, Thetford Mines et Saint-Jean-Port-Joli en sont quelques-unes des villes les plus connues.


En continuant de rêver au déconfinement touristique, tout en explorant de façon virtuelle les régions du Québec, je me suis tourné vers Richard Moreau, directeur général de Tourisme Chaudière-Appalaches. C’est qu’en plus du tourisme local, pour donner une dose d’énergie à notre économie, nous nous tournerons peut-être vers le tourisme rural, le tourisme villageois, question de garder deux mètres distance avec les autres tout en trouvant réponse à notre soif de découvertes.

M. Moreau le précise, le slogan de la région « À vivre pour vrai », vise la promotion des « vraies » rencontres et de l’achat local. Et on peut y parvenir entre autres dans les nombreux villages reconnus pour leur charme dans Chaudière-Appalaches.

On prend des notes, au cas où on pourrait se lancer dans le slow tourisme cet été, mais avant de partir, il sera tout de même sage de vérifier si les attractions qui nous intéressent sont prêtes à nous accueillir.

Q Quelles sont les attractions les plus visitées dans votre région?

R Un de nos attraits vedettes depuis six ou sept ans a connu un succès encore plus grand depuis deux ans : le Miller Zoo, à Frampton. C’est notre site le plus visité en 2019. Il bénéficie d’une belle visibilité en raison de l’émission Un zoo pas comme les autres, à TVA. Il s’agit d’un refuge pour des animaux qui ne pouvaient pas être retournés dans la nature. Cet été, il pourra recevoir les familles grâce aux mesures de distanciation qui seront prévues.

Le Domaine Joly-De Lotbinière, à Sainte-Croix, est pour sa part l’ancien manoir d’un ancien premier ministre. On y trouve plus de 3000 plantes et arbustes. On peut visiter les jardins et l’intérieur du manoir, qui date de la fin du 18e siècle.

Le Domaine Joly-De Lotbinière compte 3000 plantes et arbustes.

La Seigneurie des Aulnaies est quant à elle un moulin où on fait de la farine bio, mais c’est aussi un manoir où on en apprend sur le domaine seigneurial. C’est très bucolique comme endroit.

Quels produits ou quels plats devrions-nous goûter dans Chaudière-Appalaches?

R Nous sommes la région qui compte le plus d’érablières au Québec, soit 2200. Nous avons aussi une forte concentration d’esturgeons noirs, entre autres à Montmagny et à Cap-Saint-Ignace. Souvent, les pêcheurs le fument eux-mêmes. C’est le cas de Donald Lachance à Montmagny. C’est une pêche typique. Environ 60 % de la production mondiale d’esturgeon noir provient de Chaudière-Appalaches et de Charlevoix.

Nous sommes par ailleurs réputés pour nos fromages, entre autres la Fromagerie Bergeron, spécialisée dans le Gouda, la Fromagerie Bellechasse et la Fromagerie Île-aux-Grues.

Q On a entendu parler de Saint-Jean-Port-Joli, mais quels sont selon vous les villages où il faut absolument s’arrêter pour voir le vrai monde de la région?

R Nous avons cinq villages qui font partie de l’Association des plus beaux villages du Québec. Lotbinière est un exemple de 375 ans d’appropriation humaine du territoire. Saint-Antoine-de-Tilly, avec son cœur villageois, propose de magnifiques gîtes, des petits restaurants et un beau parcours à vélo, parce que c’est pratiquement plat partout. Il y a aussi Saint-Michel, Saint-Vallier et L’Islet, où on trouve le Musée maritime du Québec.

Saint-Jean-Port-Joli est un haut lieu de culture. Depuis les années 1930, on y trouve des écoles de sculpture et différentes formes d’art. La population y est plus jeune que ce qu’on retrouve dans les autres villages. Malheureusement, cette année, il a dû mettre de côté son festival.

Q Quel serait l’incontournable de la région selon vous?

R Il faut absolument prendre le traversier gratuit jusqu’à L’Isle-aux-Grues. On se retrouve au milieu du Saint-Laurent et on peut marcher le tour de l’île ou le faire à vélo, et tant qu’à faire, aller à la fromagerie.

Le Musée maritime de l’Islet permet entre autres de visiter un brise-glace et un hydroptère.

Quelle est l’attraction qui sort de l’ordinaire, qui pourrait surprendre les visiteurs?

R Sans doute les vélorails de Beaulac-Garthby, qui permettent de faire du vélo sur un chemin de fer. Au début, la machine nous surprend, mais après, c’est la contemplation dans le secteur du lac Aylmer. C’est une activité qui peut se pratiquer à tous les âges et il y a même une version électrique pour ceux qui ne veulent pas pédaler. Des visiteurs partent de loin pour l’essayer. Même du Japon. C’est la rareté de cette activité qui fait son attrait.

Q Vous avez mentionné le Musée maritime du Québec de L’Islet. Ce serait un arrêt approprié pour un jour de pluie?

R On peut facilement y passer une demi-journée. La chalouperie y explique la construction des chaloupes et on expose des maquettes miniatures de toutes sortes de bateaux qui ont arpenté le Saint-Laurent. On présente même le bateau-phare, qu’on trouvait autrefois dans nos eaux. On peut y visiter trois bateaux, soit un brise-glace, un petit voilier et un hydroptère, un bateau de l’armée canadienne développé après la Deuxième Guerre mondiale pour aller à grande vitesse. 

Q Pour ceux qui voudraient garder leurs distances, quelle expérience en nature suggérez-vous?

R Nous avons de beaux succès avec le Massif du Sud et le Parc régional des Appalaches. Au Massif du Sud, on peut faire du vélo de montagne, de l’hébertisme et de la randonnée, en plus du ski l’hiver. Ce sont des montagnes qui ne sont pas trop achalandées.

Nous avons aussi de beaux circuits à faire à moto et des pistes cyclables de toute beauté. Par exemple, avec le parcours des Anses, à partir de Lévis, on a une des plus belles vues sur la ville de Québec et sur l’île d’Orléans. On peut rejoindre la cycloroute de Bellechasse et prolonger la randonnée sur 74 km à travers les champs et les rivières.

Quel lieu ou quelle attraction propose-t-on aux gens de chez vous qui auraient envie de redécouvrir leur région?

R Je choisirais le Domaine Taschereau-Parc nature à Sainte-Marie de Beauce. C’est le parc le plus inondable du Québec. Il a été développé pour comprendre le phénomène des inondations. C’est un lieu pour marcher, pour lire les panneaux d’interprétation et c’est un site semi-urbain. C’est une curiosité en soi. C’est situé sur les terres ancestrales de la famille Taschereau, qui nous a fourni un premier ministre et un cardinal. En plus, la visite est gratuite.

Q En terminant, y aurait-il un mythe à déconstruire ou une perception à confirmer à propos de Chaudière-Appalaches?

R Pendant un temps, on disait de nous que nous étions le Japon du Québec, à cause de la culture entrepreneuriale. C’est vrai. Nous avons toujours développé nos propres entreprises. Sinon, les gens demandent souvent si Chaudière-Appalaches est située en Beauce. C’est plutôt la Beauce qui couvre trois des dix MRC de Chaudière-Appalaches.

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