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Tourisme local dans les Cantons

La grange Walbridge, à Mystic, est unique parce qu’elle compte douze côtés.

CHRONIQUE / Local! C’est le consensus, en matière de tourisme, pour l’après-COVID-19. La fermeture des frontières, le portefeuille aminci, l’envie d’encourager les commerçants et les artisans d’ici nous convaincront probablement de voyager modestement dans les régions du Québec.


J’en profite donc pour découvrir ou redécouvrir notre coin du monde, à distance, en demandant aux représentants des différentes régions touristiques du Québec de me convaincre de leur rendre visite dès que mon sac à dos pourra sortir de son confinement. Ça me laissera le temps de me gratter le coco et de comparer les options. Et parce qu’on insiste sur le fait de redécouvrir sa propre cour en premier, j’ai lancé la première invitation à Danie Béliveau, responsable des relations de presse pour Tourisme Cantons-de-l’Est. Parce que les Cantons, et sa capitale, Sherbrooke, c’est chez moi.

Q. Quelles sont les attractions qui, traditionnellement, attirent le plus de visiteurs chaque année dans les Cantons-de-l’Est?

R. En matière de chiffres, c’est assurément le Zoo de Granby qui arrive en tête. Les gens du zoo sont d’ailleurs à imaginer comment ils géreront la distanciation physique quand les activités reprendront. La ville de Bromont dans son ensemble, avec le golf, le ski, le vélo, attire en moyenne deux millions de visiteurs par année alors que le parc du Mont-Orford accueille un demi-million de personnes annuellement, en incluant le golf, la montagne et le centre d’arts. Foresta Lumina, le spectacle multimédia au parc de la Gorge de Coaticook, est aussi une attraction populaire.

Q. Quel serait le plus grand mythe à propos de votre région, un mythe que vous voudriez déconstruire?

R. Quand on fait des sondages, les gens associent les Cantons-de-l’Est aux paysages... et ce n’est pas un mythe. Nous sommes une destination de villégiature. Nous n’avons pas un seul atout, comme les chutes de Niagara, mais il y a des choses à faire à toutes les saisons. On peut plaire autant aux amateurs de plein air qu’aux amateurs de bonne bouffe. On a même le plus vieux spa au Canada, le Spa Eastman.

Q. Donc pour découvrir une autre facette des Cantons, on fait quoi?

R. Je dirais : venez goûter les Cantons-de-l’Est. Nous avons été la première région où il y a eu des vignobles. Des routes des vins, il y en a partout au Québec, mais la nôtre, qui fait environ 140 km, est la seule route touristique officielle. Elle est située dans Brome-Missisquoi et l’avantage de cette expérience, quand on voudra continuer de garder une distance physique, c’est qu’on peut parcourir la route en voiture et se procurer des produits pour emporter. Il faut savoir que nous sommes la région la plus anglophone à l’extérieur de Montréal et que notre histoire est aussi intéressante que particulière.

Q. En matière de gourmandise, justement, quels seraient les plats ou les aliments typiques de la région?

R. Il faut absolument goûter les fromages. Nous avons une quinzaine de fromageries artisanales et plusieurs de nos fromages ont gagné des prix Caseus, qui récompensent les meilleurs fromages du Québec. La Fromagerie La Station de Compton a même décroché une deuxième place aux World Cheese Awards en Angleterre, en 2015, pour le Chemin Hatley et deux premières places avec son Alfred le Fermier. Nous avons bâti un circuit qui s’appelle Les Têtes Fromagères.

Sinon, nous avons aussi le circuit de Brasseurs des Cantons, qui compte une vingtaine de microbrasseries, dont l’une des plus vieilles au Québec, le Lion d’or. Chacune des micros a son histoire. Par exemple, La Memphré est ouverte depuis 1999, avant la vague de popularité des bières artisanales, dans la deuxième plus vieille maison de Magog.

Et il ne faut pas oublier de goûter le canard du Lac Brome. Le canard est un des plats que l’on retrouve le plus sur nos tables et qui est associé aux Cantons-de-l’Est. Il a même été sur notre logo touristique jusqu’en 2004.

Q. Si on veut s’éloigner des attractions connues, quelles sont les expériences inusitées?

Le circuit des Têtes Fromagères permet de visiter une quinzaine de fromageries dans les Cantons-de-l’Est.

R. Je dirais la Grange du Parfumeur, la maison du parfum à Magog. C’est assez unique parce que les parfums sont faits avec des fleurs.

Nous avons aussi beaucoup d’hébergement originaux, comme la maison troglodyte qui ressemble à celle de Bilbon le Hobbit, à Entre cimes et racines, à Eastman. Vertendre, sur le flanc ouest du mont Orford, propose la Zoobox. C’est une espèce de chalet très vitré d’où on peut observer la nature. On peut rouler le bain ou le lit sur la terrasse et si on veut du maïs soufflé, il faut pédaler pour produire de l’énergie. C’est un petit cocon bien charmant.

Dans les nouveautés, on peut penser à Laö, qui sont des cabines sur poutres à Racine. Elles proposent une superbe vue et elles sont situées tout près du marché Locavore, où on peut acheter des produits locaux.

Q. En matière de tourisme local, de villages, quels sont les meilleurs endroits pour se mêler à la population locale?

R. Nous avons lancé les Cœurs villageois pour mettre en valeur des villages qui ne sont pas associés au tourisme mais qui permettent un contact avec la population visitée. L’idée, c’est de voir du vrai monde. Sutton en est un bel exemple avec ses boutiques, ses galeries, son sentier qui part du village vers la montagne. On y trouve aussi le village Huttopia, où on peut faire du camping de luxe. C’est pratique avec des jeunes enfants et il n’y a pas de wi-fi pour inciter les gens à se connecter entre eux.

Q. Mais s’il pleut, on va où?

R. Il y a une panoplie de musées à Sherbrooke. Sinon, le Musée Missisquoi à Stanbridge Est compte un ancien moulin à eau où on expose des objets du début de la colonie. On y trouve aussi un ancien magasin général et la grange Walbridge, à Mystic, construite en 1861. Elle a douze côtés parce qu’elle est inspirée des gares de triage. Au lieu de faire sortir le cheval de la grange à reculons, on pouvait le faire pivoter sur une plateforme. C’est unique. Il n’y en a pas d’autres au Canada. C’est devenu un centre d’interprétation de l’agriculture.

Le Musée Bombardier de Valcourt est aussi incontournable. Au départ, il était uniquement consacré à la motoneige, mais on y trouve maintenant plusieurs moyens de transport et un simulateur de vol.

Mais puisque les Cantons sont reconnus pour leurs paysages, où devrions-nous passer du temps en nature?

Au mont Mégantic, où on trouve aussi l’Astrolab. Il y a maintenant un sentier d’une quinzaine de kilomètres qui traverse le parc. Il est possible de dormir dans un refuge en chemin et de revenir le lendemain. Pour les amateurs de plages, on peut aller à Knowlton ou Magog, ou encore faire du kayak dans le marais de la Rivière aux Cerises.

Q. Enfin, qu’est-ce qu’on propose aux Estriens qui ne connaissent pas encore leur région?

R. Je suis certaine que plusieurs d’entre eux n’ont pas encore vu Foresta Lumina, à Coaticook, ou encore le mont Ham. Mais dans les deux cas, il faudra voir comment en profiter en gardant nos distances.

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