Des cas plus lourds à l’Escale de l’Estrie

Si la maison d’accueil pour les femmes victimes de violence conjugale n’est pas submergée par le manque de places depuis le début du confinement lié à la pandémie de la COVID-19, celles qui se présentent à l’Escale de l’Estrie ont cependant subi des sévices encore plus graves.


« C’est un élément qui me préoccupe beaucoup. On ne parle plus juste de violence verbale ou psychologique. Ce sont des cas plus lourds que d’habitude. Les femmes qui arrivent chez nous ont vécu de la violence sexuelle ou physique en plus grand nombre », se désole la directrice générale de l’Escale de l’Estrie, Céline Daunais-Kenyon.

Étant donné la situation de crise qu’elles ont vécue, les femmes qui se présentent à la maison d’hébergement sont souvent en état de choc.

« Malgré tout le contexte, nous prenons le temps de bien les accueillir. Il est plus difficile de les toucher ou de s’approcher d’elles étant donné les consignes de distanciation physique. Il y a une certaine impuissance à ne pas pouvoir les accueillir de façon aussi chaleureuse, mais nous pouvons trouver des solutions notamment avec des masques », indique Céline Daunais-Kenyon.

Une fois la pénurie passée, le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a pu acheminer une certaine quantité de masques à cet organisme considéré comme un service essentiel.

« Nous avions fait confectionner des masques sécuritaires de façon à être autonome », indique la directrice de l’Escale de l’Estrie.

Céline Daunais-Kenyon explique que la situation de confinement rend la dénonciation encore plus délicate pour les femmes victimes de violence conjugale.

« Elles doivent se cacher dans la salle de bain ou profiter des rares sorties pour les courses pour nous contacter. Les moments sans la présence du conjoint violent se font plus rares étant donné la situation », admet la directrice générale de l’Escale de l’Estrie.

Pour le moment, la seule maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence à Sherbrooke dispose encore de deux places pour accueillir celles qui en ont besoin.

« Nous avons reçu une demande de SOS violence conjugale de Montréal qui manquait de place. Pour le moment, nous voulons garder nos places pour les femmes de l’Estrie », signale la directrice de l’Escale de l’Estrie. 

Céline Daunais-Kenyon explique qu’il y a beaucoup de mouvement d’entrées et de sorties à la maison d’hébergement.

La fin de semaine dernière, la ministre de la Justice du Québec, Sonia LeBel, avait annoncé par communiqué « la suspension temporaire des droits de garde ou des droits d’accès » concernant des enfants réfugiés avec leur mère dans une maison d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale. La mesure s’applique même si le droit de garde ou de visite a été ordonné par un tribunal.

Il est encore trop tôt à l’Escale pour mesurer l’impact de cette mesure. 

« C’est un contexte qui est vraiment particulier depuis le début du confinement. Ça bouge beaucoup avec les gardes d’enfants. Le processus d’accueil est complexifié par la décontamination entre chaque entrée et sortie de femmes avec leurs enfants. Au moins, nous savons que chacune des femmes qui est sortie n’est pas retournée dans le milieu où elle était victime de violence », signale Céline Daunais-Kenyon.