Un phare touristique bien pâle

Quand Jean Audet a ouvert son hôtel Times en 2010, les promesses étaient grandes pour Sherbrooke.

Si, en 2010, l’objectif de Sherbrooke était de faire de la ville un « phare touristique » d’ici 2020, « on est passés à côté et solide », estime le propriétaire des Hôtels Times et ancien membre du conseil d’administration de Destination Sherbrooke, Jean Audet.


Sans vouloir adresser de reproches sur la gestion de la Ville, M. Audet considère que Sherbrooke a « manqué le bateau » en matière de tourisme. « Quand Jean Perrault a quitté, le nouveau maire de Sherbrooke [Bernard Sévigny] a créé Destination Sherbrooke. Les élus y prenaient beaucoup de place. À l’époque, la mission était que Sherbrooke en 2020 soit un phare touristique. J’ai dit : “vous ne trouvez pas que vous y allez fort un peu? On verra en 2020, mais ça va prendre beaucoup de budget si vous voulez atteindre ça!” Et ils n’ont jamais rien mis en tourisme. On voit le résultat aujourd’hui », lance-t-il, en entrevue téléphonique avec La Tribune, samedi.

« On est rendus en 2020 et le phare touristique, il a juste deux ou trois chandelles d’allumées. Il n’éclaire pas loin! [...] On ne l’a pas échappé, on l’a oublié totalement. Je trouve ça un peu triste, car Sherbrooke est une belle ville », dit celui qui a quitté son poste au sein du conseil d’administration de Destination Sherbrooke en 2014.

Services aux citoyens

Quand Jean Audet a ouvert son hôtel en 2010, les promesses étaient grandes pour Sherbrooke. « M. Perrault était un entrepreneur et un promoteur dans l’âme, analyse l’homme d’affaires. Le maire qui a suivi arrivait d’un autre milieu. Le développement économique n’était pas son gros dada. À Sherbrooke, ils supervisaient des loisirs, des plans d’eau, des marais, des parcs et des pistes cyclables. Ce n’est pas parce que tu construis une piste cyclable autour de ta ville que les gens vont partir de Montréal, de Québec et du Saguenay pour venir visiter Sherbrooke. Toutes les villes ont des pistes cyclables. »

Cependant, M. Audet ne critique pas les décisions qu’ont prises les élus de Sherbrooke. « Les infrastructures développées par la Ville sont construites pour les gens de Sherbrooke, et c’est bien correct! Je n’ai rien contre ça. Mais au niveau touristique, on passe à côté », dit celui qui a beaucoup d’affection pour la région de l’Estrie. 

« Je ne suis pas contre la Ville, assure M. Audet. Il y a probablement une bonne gestion à Sherbrooke et parmi les priorités, l’administration veut que le citoyen soit bien. Je n’ai rien contre ça. [...] Chaque municipalité fait son possible. Mais les priorités de la Ville, ce n’est pas le tourisme. L’intérêt a toujours comme mesure l’action. »

Que pense-t-il des nouvelles orientations de Destination Sherbrooke, qui veut se concentrer sur le tourisme d’affaires et sportif? « Le tourisme sportif, ce n’est pas très intéressant. Ce n’est pas une clientèle qui amène beaucoup de sous. Ils prennent les chambres les moins chères possible. Le tourisme d’affaires, oui. Mais ça reste juste de belles intentions. Le phare touristique était une belle intention, mais pas de résultats », résume le propriétaire des Hôtels Times. 

Pétition

Sylvain Beauséjour, propriétaire du Marquis de Montcalm, a quant à lui lancé une pétition pour dénoncer les coupes de la Ville. « Tout le monde s’entend pour dire que le domaine du tourisme est économiquement très fort. Qu’ils coupent dans les budgets en vue de la relance, alors que la plupart des paliers gouvernementaux préparent plein d’initiatives comme le Panier bleu, je me dis qu’il y a une volonté d’investir dans le local. J’arrive mal à comprendre, en tant qu’aubergiste, pourquoi la Ville de Sherbrooke n’emboîte pas le pas », avoue-t-il, rappelant que 5200 emplois sont liés par le tourisme. 

Sylvain Beauséjour, propriétaire du Marquis de Montcalm, a quant à lui lancé une pétition pour dénoncer les coupes de la Ville.

« On se pose tous la question “pourquoi?” enchaîne-t-il. Par la pétition, c’est ce qu’on demande au maire de Sherbrooke et aux élus », dit celui qui n’a aucune réservation de prévue avant le mois de juin. 

Cette tuile qui tombe sur la tête de l’aubergiste arrive juste après celle de la vente de la Place Nikitotek. « Ça veut dire que pour les deux ou trois prochaines années, il n’y aura rien à Sherbrooke durant la période estivale, si je comprends bien », s’attriste M. Beauséjour.

Dimanche après-midi, la pétition avait 78 signataires.