Une biobanque de COVID-19 au Québec offrira données et échantillons aux chercheurs

Le Dr Vincent Mooser, de l’Université McGill

Parce que la bataille contre le nouveau coronavirus ne se fait pas juste dans les hôpitaux, mais aussi dans les laboratoires, une biobanque de la COVID-19 a été mise sur pied au Québec - la première au pays - pour donner aux chercheurs des échantillons de sang et des données dont ils ont besoin dans leur urgente quête de vaccins et de médicaments.


Son premier échantillon sera récolté auprès d’un Québécois infecté mercredi, le 1er avril, date à laquelle ce nouveau groupe de travail sera officiellement en opération.

Les Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS) et Génome Québec sont derrière cette initiative et ils ont mandaté un regroupement de chercheurs pour mettre sur pied cette «Biobanque québécoise de la COVID».

Le groupe sera dirigé par un chercheur de l’Université McGill, à Montréal, le Dr Vincent Mooser, qui sera ainsi le directeur de cette nouvelle biobanque.

Cette initiative est cruciale, dit-il, car la recherche est essentielle pour gagner le combat contre la COVID-19.

«Et pour cela, cela prend deux choses : des données et des échantillons», a résumé en entrevue le docteur qui est titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada en médecine génomique, à l’Université McGill.

Il faut mieux comprendre comment le virus se propage et se transmet, comment il crée la maladie, pourquoi les enfants sont protégés, pourquoi certains patients en meurent, pourquoi les personnes âgées en sont si affectées, explique-t-il.

«Il y a énormément d’inconnues», souligne le docteur. «Et la seule façon de répondre à ça, c’est la recherche.»

Cette biobanque soutiendra ainsi les efforts de recherche pour découvrir et développer de nouveaux biomarqueurs de la maladie (qui permettent de confirmer la présence d’une maladie à la suite d’un test) et de son évolution, des médicaments et des vaccins.

De plus, elle va favoriser le développement de nouvelles technologies pour analyser de grandes bases de données nécessaires pour trouver des solutions.

Parmi les échantillons biologiques pouvant être prélevés, le groupe de travail a décidé de miser d’abord sur le sang.

Il y a énormément d’inconnues. Et la seule façon de répondre à ça, c’est la recherche.

Cela permet notamment d’isoler le plasma, où des marqueurs d’inflammation peuvent être notés. Et l’ARN et l’ADN peuvent être extraits de ces échantillons sanguins, a expliqué le Dr Mooser.

Une telle recherche doit être faite dans un cadre légal et éthique, qui respecte le droit à la vie privée des patients et qui obtient leur consentement libre et éclairé avant que les échantillons ne soient prélevés, a-t-il insisté.

«On ne peut pas tourner les coins ronds, même en temps de crise.»

Cette décision de créer la biobanque - à une vitesse grand V - est due à l’importance d’agir rapidement pour freiner la propagation de cette maladie, dit le FRQS.

«C’est un projet énorme, qui a été mis sur pied en 10 jours», a déclaré le docteur Mooser. Normalement, cela aurait pris un an, a-t-il ajouté. Il salue Génome Québec et le FRQS qui ont bien saisi le besoin d’établir une telle biobanque.

De nombreux chercheurs québécois et plusieurs hôpitaux à travers le Québec vont participer au projet et fourniront des données de haute qualité et des échantillons biologiques à la biobanque - et ultimement aux chercheurs qui en auront besoin.

«On va faciliter la recherche, dit-il. Voilà ce qui me motive.»

La biobanque servira d’ailleurs à rendre plus simple la coordination des recherches sur la COVID-19 tant au Québec qu’à l’échelle nationale et internationale, souligne le FRQS.

Des discussions sont en cours au niveau fédéral pour inclure éventuellement cette biobanque dans un réseau pancanadien.