Le professeur Dominique Gravel œuvre au sein du département de biologie et est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en écologie intégrative. Lui et son équipe se sont intéressés aux réseaux d’interactions prédateurs-proies qu’abritent les océans du monde pour anticiper les conséquences de la surpêche et du réchauffement climatique sur les ressources marines. Les résultats de cette recherche, qui l’ont lui-même surpris, ont été publiés dans le prestigieux magazine scientifique Nature Ecology & Evolution après plus de 6 ans de travail.
« Il y a une espèce de mythe comme quoi on est tous à 6 degrés de séparation de n’importe qui dans le monde, bien on s’est rendu compte que les réseaux prédateurs-proies des poissons sont aussi très connectés, explique à La Tribune le Pr Gravel. Ce qui veut dire que s’il y a une perturbation, par exemple une marrée noire qui vient contaminer un écosystème à un endroit, cette perturbation va se propager et se répandre un peu partout à travers le monde. Paradoxalement, c’est aussi ce qui tient ensemble tous ces réseaux-là. Parce qu’il y a des extinctions d’espèces qui arrivent et chaque poisson, pour se nourrir, doit trouver des proies alternatives. En étant très connecté, ça permet à tout ce monde-là de se maintenir et ça offre une certaine robustesse au réseau. »
Pour le chercheur, apparaître sur la liste de Québec Science signifie surtout une chose : « qu’on parle de biodiversité aujourd’hui », se réjouit-il.
« On a fait un recensement de ça il y a quelques années dans les médias. On parle beaucoup de changements climatiques, mais il y a une autre crise qui est aussi importante à travers le monde et qui affecte toute la société aussi, c’est celle de la perte de biodiversité, en particulier dans les océans à cause de la surpêche. Dans notre recensement, on a réalisé qu’on parle beaucoup de perturbations climatiques, et très peu de biodiversité. Plus on va en parler, plus on va réussir à sensibiliser notre société à cet enjeu-là. »
Cette étude qui fait l’objet d’une nomination s’insère d’ailleurs dans un projet bien plus large d’outils statistiques, note également le Pr Gravel. « Pour le public, ça se traduirait par un tableau de bord en temps réel où il serait en mesure d’observer les changements en matière de biodiversité », précise celui qui a bénéficié de la collaboration de plusieurs universités canadiennes et européennes dans les dernières années.
« On parle beaucoup de big data aujourd’hui, on en parle dans différentes sphères de la société, et l’écologie est concernée par cette progression-là aujourd’hui », conclut-il.
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Seconde vie pour « l’ADN poubelle »
L’équipe du Pr Sherif Abou Elela, qui travaille comme chercheur de l’axe Cancer : biologie, pronostic et diagnostic du Centre de recherche du CHUS, a pour sa part étudié l’intron, une partie du gène humain qui aurait suscité peu d’intérêt de la part des scientifiques jusqu’ici.
« Dans le monde de la biologie structurale, l’intron est ce petit bout d’information génétique dénuée de fonction, indique l’UdeS par voie de communiqué. De là son surnom d’“ADN poubelle”. À partir de cultures cellulaires réalisées dans des levures, le professeur Abou Elela a découvert que l’intron est en fait essentiel à la survie des cellules lorsque les nutriments viennent à manquer. »
« En plus de servir à réguler l’expression des gènes, les introns aident les cellules à détecter un manque de nutriments dans leur milieu de croissance et à ajuster le taux cellulaire pour s’adapter à ce changement d’environnement, et promouvoir ainsi la survie cellulaire », explique le professeur, dont les prochains travaux porteront sur la compréhension de ce mécanisme.
La recherche a été publiée dans la revue américaine Nature.
« C’est très important, très satisfaisant pour nous d’avoir cette vitrine-là, indique le chercheur à propos de sa nomination. C’est l’occasion de montrer aux gens qui nous soutiennent que nous sommes capables de faire de la recherche de calibre international, ici, au Québec ».