Chronique|

Les yeux grands pour la ville de Luxembourg

Le Grund, un vieux quartier de la ville de Luxembourg, est particulièrement photogénique.

CHRONIQUE / Naviguer la ville de Luxembourg en voiture paraît facile et compliqué à la fois. Pour une capitale, elle se fait discrète, assurément calme, tellement qu’elle se présente sans s’imposer. On réalise qu’on l’a rencontrée alors qu’on a presque déjà atteint son cœur.


Luxembourg-Ville avait presque vidé ses rues pour mon arrivée, ce qui ne rendait pas nécessairement le pilotage plus facile en raison des nombreux sens uniques et de la présence d’un tramway. À première vue, c’était un peu comme être dans une grande ville suisse qui se serait découvert une personnalité flamboyante.

Mine de rien, en contournant la Ville-Haute, je me suis retrouvé sur le boulevard Victor Thorn au moment où le soleil se dégourdissait les derniers rayons avant de les mettre au lit pour de bon. Les fenêtres de l’horizon s’illuminaient comme des dizaines de petits lampions. Le boulevard, comme une corniche au bord d’une falaise, offre un panorama saisissant où la ligne d’horizon fait une chute vertigineuse vers les quartiers de la basse ville.

On dit que c’est beau, Luxembourg-Ville, mais personne n’avait jamais mis en mots la beauté qui s’offrait à mes yeux. Le paysage me surprenait comme un baiser en pleine gueule qu’on n’attendait pas. Je venais de recevoir un gros « french » d’une capitale dont le vieux quartier est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Probablement que la première impression ne peut être meilleure qu’à la tombée de la nuit, quand la moitié des gens animant la ville pendant la journée quittent Luxembourg-Ville pour rentrer chez eux. Les airs mystiques de la Ville-Haute, mais surtout du Grund, ne sont nullement troublés par les citoyens ou touristes faisant la fête. 

Dans la nuit naissante, je suis parti à pied du quartier de Clausen pour remonter sur le boulevard Victor Thorn, marcher un peu sur le chemin de la Corniche et descendre vers le Grund, où les terrasses, à la différence du personnel des restaurants, sont accueillantes. J’ai marché tout ça avant de découvrir qu’un ascenseur permet de ménager les mollets fatigués entre la haute et la basse ville. 

Après les vues imprenables du haut des fortifications, c’est l’aperçu en contre-plongée à partir de la rue Münster, qui traverse l’Alzette, qui m’a coupé le souffle. Décidément!

Mais ne vous en faites pas, on s’habitue à aimer la ville de Luxembourg, où je vivrais bien, même si le coût de la vie y est, semble-t-il, très élevé. On s’en doute en recevant l’addition au restaurant. 

Parlant de l’Alzette, la rivière est bordée de sentiers magnifiques idéaux pour de longues promenades. L’église Saint-Jean-du-Grund, jolie sous tous ses angles, en est l’un des attraits phares, surtout pour sa silhouette. Le monastère Neumünster, attenant, a été transformé en centre d’arts qu’on visite gratuitement sans grands débordements de contemplation. Mais on trouvera aussi quelques curiosités le long de la promenade, comme cette statue moderne de la sirène Mélusine, qui rappelle un des mythes fondateurs de Luxembourg-Ville.

Elle est fascinante, cette ville remplie d’histoire, entre autres grâce à ses fortifications et à ses casemates. Le guide pour une de mes visites n’hésitait d’ailleurs pas à qualifier la ville de « Gibraltar du Nord », en raison de la presque impossibilité de la faire tomber lors d’attaques militaires. Luxembourg-Ville a d’ailleurs été l’une des plus grandes forteresses de l’Europe moderne. 

Le même guide raconte que certains murs des fortifications n’ont jamais été démantelés, par chance, parce qu’ils permettent littéralement à la Ville-Haute de tenir debout.

On trouve au moins deux ascenseurs, dont celui-ci offrant une vue spectaculaire, entre le quartier Ville Haute de Luxembourg et les quartiers au pied des fortifications.

Autre curiosité, le Luxembourg est à ce jour le seul Grand-Duché, soit un territoire où le chef d’État est un grand-duc ou une grande-duchesse. Le palais, où le chef d’État ne réside pas, a été construit en 1570 et trône au cœur de la Ville-Haute.

Même si le grand-duc peut techniquement organiser librement son gouvernement, des élections sont déclenchées tous les cinq ans. Pour ajouter à la particularité du Luxembourg, le premier ministre Xavier Bettel est devenu le premier dirigeant d’un État de l’Union européenne à marier une personne de même sexe en cours de mandat.

La ville de Luxembourg, ce sont de grands espaces verts aménagés de façon conviviale, des places publiques où on a envie de s’arrêter, un transport en commun efficace, un pont hyper haut perché, le pont Grande-Duchesse Charlotte, de l’art public un peu partout, des ascenseurs publics aussi, et une statue très étrange de cerfs dans un secteur boisé autour du Musée d’art moderne Grand-Duc Jean. 

La ville du Luxembourg, c’est une population moins grande que celle de Sherbrooke ou de Trois-Rivières, dans un territoire qui allie modernité et une histoire somme toute assez bien préservée. Parlons par exemple de l’église Saint-Michel, construite en 987 et dont le bâtiment actuel remonte à 1519. 

Dans la ville de Luxembourg, moi, je me suis senti chez moi. En plus, ça parle français… et luxembourgeois. Si un jour je décidais d’être infidèle envers mon coup de cœur européen, Copenhague, c’est probablement vers la ville de Luxembourg que je me tournerais.