Les résultats ventilés selon le cycle montrent que les idéations suicidaires et les tentatives de suicide sont plus nombreuses chez les étudiants au premier cycle que chez les étudiants aux cycles supérieurs. Cela étant dit, près du tiers des étudiants au postdoctorat avouent avoir eu des idées suicidaires.
«La compétition entre étudiants et étudiantes crée de l’anxiété de performance, ça fait en sorte que les gens commencent à vivre de la détresse psychologique, et à partir de là on entre dans un cercle infernal et tout ne fait qu’empirer», a commenté le président de l’UEQ, Philippe LeBel.
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Une personne aux études universitaires sur cinq montrerait des symptômes dépressifs d’une importance suffisante pour avoir besoin de soins.
Quelque 24 000 étudiants universitaires du Québec ont rempli le questionnaire colligé par la firme Léger. Résultat : 58 % d’entre eux font partie du pire quintile de la population générale en ce qui a trait au score de détresse psychologique.
L’enquête ajoute que certains groupes ont été identifiés comme étant plus à risque de vivre des problèmes de santé psychologique : les personnes aux études issues de la diversité de genre, en situation de handicap, issues de la diversité sexuelle ainsi que les personnes aux études de première génération.
Plus conscientisés
La professeure Diane Marcotte, du département de psychologie de l’UQAM, témoigne de plusieurs réserves quant à la méthodologie utilisée pour mener cette enquête, entre autres parce que l’échantillon utilisé ne représente que 16 % de la population étudiante universitaire, mais pas au point d’en invalider entièrement les résultats.
«Il y a une augmentation dramatique du nombre de consultations en santé mentale, ça c’est clair, et il y a une augmentation très importante du nombre de symptômes qui sont rapportés de dépression et d’anxiété, a-t-elle dit. Ça, on n’avait même pas besoin d’une étude pour le savoir.»
Une enquête comme celle-ci démontre aussi, selon elle, que les jeunes d’aujourd’hui font preuve d’une plus grande ouverture face à leurs problèmes de santé mentale, et qu’ils sont davantage prêts à en parler.
«Je pense que ça nous interpelle sur le type d’offres en santé mentale [...] dans les collèges et les universités, a ajouté Mme Marcotte. Il faut sortir de l’offre de services conventionnelle qui est des entrevues un à un, un professionnel avec un étudiant. On ne fournit plus en offrant des services uniquement sur cette base individuelle-là. Il faut penser beaucoup plus à la prévention.»
Un enjeu à examiner
Philippe LeBel estime quant à lui que ces chiffres sont très préoccupants. Il invite le ministre de l’Éducation à mobiliser la communauté universitaire en mettant en place une politique nationale d’amélioration de la santé psychologique étudiante.
«Constat général, le passage à l’université fait mal à la santé psychologique des étudiants, et c’est quelque chose qu’on ne devrait pas laisser aller», a-t-il dit.
M. LeBel réclame des stratégies pour réduire la solitude, améliorer le soutien entre collègues et réduire la compétition entre eux. Il faut aussi réduire la précarité financière des étudiants et améliorer les saines habitudes de vie sur les campus.
«Il faut être attentif à l’augmentation des problèmes de santé mentale au postsecondaire, a dit Mme Marcotte. C’est clair qu’il y a un enjeu de ce côté-là à examiner dans les prochaines années.»
La vaste collecte des données de l’enquête intitulée «Sous ta façade» s’est déroulée du 29 octobre au 25 novembre 2018. Les membres de la communauté étudiante universitaire à travers le Québec qui ont rempli le questionnaire constituaient 16,1 % de l’ensemble de la population étudiante universitaire, selon l’UEQ.