Asselborn, c’est la campagne verdoyante, des rues désertes, des sentiers où se perdre en nature. Asselborn, avec ses quelque 400 habitants, c’est un exemple sans artifice de la beauté du Luxembourg, qu’on explore de village en village pour son calme, pour ses panoramas que les touristes n’ont pas encore inondés. Contenons donc notre émerveillement pour éviter qu’il contamine trop de visiteurs à la fois.
Le Luxembourg, c’est grand comme ça. Environ 2600 kilomètres carrés. On peut le traverser du nord au sud en quelques heures si on ne s’arrête pas. Mais ce serait une erreur. Monumentale. Au contraire, avec la voiture, les contemplatifs pourraient y passer une ou deux semaines sans s’ennuyer.
Parce qu’on entend trop peu parler du Luxembourg, je ne m’étais pas dressé de liste d’incontournables. Internet me suggérait néanmoins des sauts de puce, de château en château, pour me mener tout près de la surdose avant de me déposer dans la capitale. Plusieurs de ces édifices sont situés dans la Vallée des sept châteaux, un parcours situé le long de la rivière Eisch.
J’ai donc pris la route à partir d’Asselborn pour m’offrir le petit-déjeuner à Clerveaux. On y trouve un premier château, où l’attrait principal est une exposition du photographe Edward Steichen. À moins que ce ne soit le char d’assaut M4 Sherman, symbole de la bataille des Ardennes, qui a été abandonné dans la cour du château par les soldats américains qui battaient en retraite lors des bombardements allemands.
Il semble que le véhicule ait été déplacé pour la première fois en 75 ans en septembre et qu’il ne reviendra pas à l’entrée du château après avoir été restauré. Dommage. Il devrait néanmoins revenir à Clerveaux plus tôt que tard.
Pour éviter les détours, il aurait ensuite fallu rayer Vianden de la liste des destinations. Mais une recherche dans Google Images convaincra n’importe qui que le crochet mérite amplement qu’on y consacre un peu de temps. Après tout, au Luxembourg, il n’y a pas de détour qui ne coûte plus que 30 minutes tellement les frontières sont rapprochées.
À Vianden, c’est le château médiéval sur la montagne qui attire l’attention. On le voit de loin. On s’arrêtera au barrage à l’entrée du village pour le contempler, même si les points de vue abondent dans l’agglomération.
Les amateurs d’histoire y trouveront certainement des éléments médiévaux d’intérêt. Pour les autres, c’est peut-être l’ascension de la montagne, en télésiège ou à pied, qui poussera au plus grand étonnement avec une vue en plongée stupéfiante du bâtiment construit entre le 11e et le 14e siècle.
Si l’envie est trop forte de voir quantité de lieux, la Luxembourg- Card permet des accès gratuits ou des rabais dans plusieurs sites d’intérêt. Elle donne aussi un libre accès au transport en commun. Mais il vaut mieux calculer un brin avant de se la procurer. Vianden figure parmi les sites qui permettraient de générer des économies.
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De là, les imprudents comme moi entreront dans le château de Bourscheid dans le GPS sans trop faire attention. Si les petites rues et les forêts où l’appareil me guidait me paraissaient relever d’un tricot bien serré, c’est qu’elles ne m’entraînaient pas aux portes d’un royaume, mais au bord d’un immense champ. Le téléphone vibrait pour m’indiquer que j’avais atteint la destination. En levant les yeux, j’ai aperçu le château, au loin, surplombant les arbres et l’horizon bleuté. Le GPS m’avait proposé la plus belle vue sur le château.
Difficilement accessible à moins d’avoir une voiture, Bourscheid est probablement le lieu offrant lui-même la meilleure vue une fois qu’on se trouve à l’intérieur.
Écouter tout l’audioguide, offert en plusieurs langues, et programmer plusieurs autres visites le même jour aurait été beaucoup trop ambitieux. J’ai joué les élèves inattentifs. Mais on peut choisir de dormir dans n’importe quel village et reprendre la route à un rythme plus raisonnable si le cœur nous en dit.
Après Vianden et Bourscheid, déjà un peu gâté pourri, j’allais descendre un peu dans l’échelle de l’enchantement. À Pettingen, par exemple, les ruines encore debout peuvent être observées en moins de 10 minutes. Ce qu’elles ont d’impressionnant, c’est qu’elles restent plantées là où ne vivent qu’une poignée de Luxembourgeois, 200 environ, dans un silence presque absolu.
Au café de l’autre côté du chemin, un homme qui pourrait très bien être le propriétaire sirotait une boisson chaude, bien calé dans sa chaise. Ni le bruit, ni les touristes, ni même les habitants de Pettingen ne risquaient de le bousculer. Là, même le temps a compris qu’il ne serait pas dérangé. Il se fige quand ça lui plaît, sans que personne ne s’en aperçoive.
Internet me recommandait d’arrêter ensuite à Mersch, à Hollenfels et à Schoenfels, où les structures, moins impressionnantes, fermées aux visiteurs, m’ont creusé les rides du front quand j’ai plissé les yeux. C’est qu’avoir su, je me serais attardé ailleurs. J’aurais prêté une oreille plus attentive à l’audioguide de Bourscheid ou arpenté plus lentement les rues de Vianden.
Mais le regret s’est estompé, à la différence de la ride déjà creusée dans mon front, dans la cour du Grand Château d’Ansembourg. Ses jardins immenses, ponctués de fontaines, de statuts et de bancs, nous rapprochent des grands palais européens bien connus comme celui de Versailles. On peut y flâner une bonne heure en se cachant même dans le passage couvert aménagé au cœur d’un arboretum de feuillus.
L’entreprise, un peu trop audacieuse, de m’arrêter partout dans la même journée, m’aura à tout le moins confirmé que le Luxembourg a beau tenir dans un petit pot, il est préférable de le parcourir doucement.