Les Mondiaux de 24 heures représentent certainement un défi immense sur le plan physique : « À mes débuts dans le monde des ultramarathons, je courais 160 km et je sentais que mes muscles se détruisaient. Ils étaient durs comme le roc. Ce week-end, je n’avais pas vraiment mal aux muscles. Mais je sentais une douleur aux tendons et aux articulations. J’ai quand même bien récupéré. Je ne me suis pas endormi après la course. Je suis resté debout toute la journée, j’ai assisté à la remise des médailles et plus tard, je me suis couché. »
On pourrait croire qu’une longue nuit l’attendait. Mais non.
« J’ai dormi pendant sept ou huit heures. Pour moi, c’est tout de même une bonne nuit », raconte celui qui retournera à son emploi de pédiatre dès mercredi.
Dans la tête de Sébastien Roulier
Pour passer à travers ces 24 heures intenses, Sébastien Roulier admet que les aptitudes psychologiques sont mises à rude épreuve.
« Tout se passe dans la tête. Le corps est une machine qui s’adapte, mais si je n’y croyais pas, je n’y arriverais pas. C’est un mode de vie. C’est certain que ça fait mal. On passe à travers des hauts et des bas durant une course. Mais à la fin, je ressens une fierté et je termine quand même l’épreuve avec le sourire aux lèvres même si je ressens beaucoup de fatigue. »
Mais à quoi peut-il bien penser pendant ces longues heures?
« J’ai des fragments de pensées qui me passent par la tête. Je ne pense pas à grand-chose en fait. Je n’ai pas le temps de plonger dans de grandes réflexions parce que je dois toujours réfléchir à ma course. C’est particulier, parce que les coureurs font une boucle de 1,5 km, donc on n’est jamais seuls. J’ai toujours du monde autour de moi. Je dois penser à où je me situe ou à ce que je ferai durant le ravitaillement par exemple : est-ce que je m’arrête, je mange, je bois ou je me fais faire un massage? Au début, chaque boucle me prenait environ sept ou huit minutes. Mais à la fin, ça me prenait près de 12 minutes. Donc ça va quand même vite. »
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Roulier doit aussi combattre mentalement la chaleur et la douleur.
S’il y a une chanson qui me fait penser à mes enfants, c’est certain que je tombe dans des souvenirs ou des réflexions.
« Le ciel était dégagé samedi à Albi et l’air était plutôt frais lors des premiers kilomètres. Mais à peine trois heures plus tard, plusieurs coureurs ont été incommodés par la chaleur. Certains vomissaient ou d’autres marchaient ou même s’évanouissaient. J’ai dû ralentir et je n’ai pas pu retrouver mon rythme par la suite malgré la nuit fraîche. J’ai tout de même continué à rester en mouvement pour cumuler les kilomètres et finir en force lors des dernières heures de la course », relate le médecin de Sherbrooke.
Ce dernier admet cependant que la musique dans ses écouteurs l’entraîne parfois vers des pensées ou des motivations.
« S’il y a une chanson qui me fait penser à mes enfants, c’est certain que je tombe dans des souvenirs ou des réflexions, mais ça ne dure jamais longtemps. Je reviens rapidement à mes stratégies de course. »
Le meilleur Canadien
Grâce à ces 209,1 km, Sébastien Roulier a obtenu le meilleur résultat de l’équipe canadienne, ce qui le place au 72e rang total. Aleksandr Sorokin de la Lituanie a remporté l’épreuve avec une distance de 278,9 km.
Pas moins de 45 nations avaient sélectionné leurs meilleurs coureurs pour participer aux 13es Championnats mondiaux de 24 h
« C’est un honneur de représenter son pays dans un tel événement. C’est l’équivalent des Olympiques pour cette course d’ultra de 24 h. En plus de la course individuelle, il y a un classement par équipe. »
La formation canadienne masculine a ainsi terminé la course en 23e position.
« Je crois que je me démarque dans les longues distances. Je vais donc me concentrer sur les courses de 160 km ou les 24 h de course. Au mois de mai, il y aura le Championnat des Amériques. Je compte également prendre part au Marathon de Boston, mais en poussant une personne à mobilité réduite. Et en septembre 2020, il y aura le Championnat 100 km, qui est présenté aux deux ans en alternance avec les Mondiaux de 24 h », informe Sébastien Roulier, qui se tiendra bien occupé dans les prochains mois.