« You know… That’s Basel », m’a répondu l’employée de l’hôtel quand je lui ai demandé si j’étais tombé sur une soirée d’exception. Apparemment pas. Mais, recommandait-elle, il fallait traverser le Rhin vers le Petit-Bâle pour profiter de l’animation nocturne.
Passer 24 h à Bâle sans l’avoir vraiment planifié, c’est la conséquence d’un itinéraire flexible qui n’avait pas particulièrement besoin de temps pour les contorsions. J’avais pris la route au nord, à Cologne, avec l’intention de longer et de traverser la frontière allemande pendant près de deux semaines. Voyageur averti, j’avais dessiné un trajet approximatif, sachant très bien qu’une crevaison, un coup de cœur, un embranchement raté ou un besoin de rester couché me terrasserait bien un jour ou l’autre. Sur le calendrier, une case était demeurée vide.
Le mauvais karma n’ayant pas frappé, j’ai abandonné la bagnole à Fribourg-en-Brisgau, comme prévu, en cherchant un endroit pour passer 24 h avant de partir comme prévu pour l’Autriche. Bâle, ville de musées, Schaffhouse, réputée pour ses cascades impressionnantes, et Constance figuraient au palmarès. Les photos affichées par le moteur de recherche, le concept de la grande ville où je trouverais sûrement de quoi m’occuper et l’aubaine sur le billet de train m’ont convaincu. Cap sur Bâle.
La ville, à la frontière de la France et de l’Allemagne, partage son aéroport avec les villes de Mulhouse et de Fribourg. Carrefour majeur du transport ferroviaire, elle compte deux gares majeures, situées chacune sur une rive différente du Rhin.
Bâle, c’est la Suisse. C’est propre et organisé. Les bus et les tramways sont partout, comme les îlots de verdure. Les pistes cyclables sont clairement délimitées. Et le cœur de la ville se marche sans grandes difficultés. Avec un peu de patience, sans trop se fatiguer, on peut parcourir à pied la distance entre les deux gares sans trop de problèmes.
Arrivé en début de soirée dans la gare principale, au sud du Rhin, j’ai cru que l’animation dans l’édifice se transporterait à l’extérieur. Que les rues seraient inondées de fêtards à la recherche d’une croûte à casser ou d’une boîte où danser.
Les restaurants ouverts n’étaient pourtant pas légion. Çà et là, à travers les dizaines de vitrines de boutiques fermées, quelques enseignes criardes de restauration rapide détonaient. Sinon, les menus moins caloriques laissaient entrevoir des dépenses astronomiques. À 20 $ pour un trio chez McDonald’s, on ne s’en sortait pas sous les 45 ou 50 $ pour un menu plus typique.
La noirceur ne m’a pas empêché d’explorer les rues secondaires et leurs murs couverts d’art urbain, de m’arrêter pour admirer la façade rougeâtre de l’hôtel de ville et de me diriger vers les rives du Rhin pour voir ses berges illuminées.
Quand on n’a que 24 heures au même endroit, on ne dispose que d’une chance de s’imprégner de la vie nocturne. On rentre un peu trop tôt et hop, on ne saura jamais ce qu’on a manqué. Parce que la plupart des villes revêtent une personnalité bien différente passé l’heure du souper.
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Ce soir-là, je n’ai pas vu le film diffusé sur écran géant sur Münsterplatz, devant la grande cathédrale. Des centaines de chaises couvraient la place publique, disposées devant une toile blanche aussi grande que celle des ciné-parcs. Le cinéma en plein air, dans les vieilles villes européennes, il y en a partout.
Guidé par une musique que l’écho fredonnait, ce que j’ai vu, par contre, c’est le concert qui se tenait sur une scène flottante, sur le Rhin. Oberer Rheinweg, la promenade bordée de restaurants, sur la berge, était bondée. C’est là que se trouvait la population locale. Entassés, les spectateurs occupaient si bien l’espace qu’il devenait presque impossible, pour les retardataires comme moi, de voir quoi que ce soit. Mais je goûtais à tout le moins l’ambiance festive bâloise.
Le lendemain, dans le même secteur, ce sont plutôt les baigneurs et les amateurs de bronzage qui fréquentaient la promenade. Pour se rafraîchir, ils sont plusieurs à se jeter à l’eau en amont et à se laisser dériver à peu près jusqu’à l’endroit où se trouvait la scène flottante.
Pour les amateurs de culture, Bâle, c’est LA destination pour les musées. Le Musée de la caricature et du dessin animé, le Musée de la nature, le Musée du jouet, y’a de quoi faire pour plus qu’une journée si le cœur nous en dit.
C’est un des principaux musées d’art, celui avec la plus grande collection en Suisse, qui a néanmoins attiré mon attention. Le Kunstmuseum est si grand qu’il compte trois bâtiments. Il monopolise plusieurs heures et limite les occasions d’explorer autre chose pour quiconque ne dispose pas de beaucoup de temps.
À 34 francs suisses, environ 45 $, vaut mieux prendre son temps si on décide de voir toutes les collections. On peut aussi, pour réduire les coûts, choisir une exposition en particulier.
La collection permanente, avec ses Dali, Picasso, Monet, Degas et autres, en a assurément pour tous les goûts. Elle est présentée dans les galeries les plus étendues. À moins d’être déjà un amoureux des artistes de passage, la collection permanente suffit amplement à déniaiser l’amateur d’art néophyte ou un peu érudit en nous.
Enfin, quand on choisit de dormir à l’hôtel, on reçoit gratuitement la Baselcard, une carte donnant un libre accès au transport en commun. Parfait pour se perdre en tramway, comme moi, ou pour atteindre les musées les plus éloignés. Elle offre aussi des rabais de 50 % dans les musées, au zoo et sur des billets de théâtre. Mais il faudra vraisemblablement rester plus longtemps pour s’imprégner de la personnalité de Bâle, qui donne l’impression qu’on gagne sûrement à être un peu patient avec elle.
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