« Un projet entrepreneurial représente une belle façon de mobiliser un groupe, de développer des compétences transversales, de rendre l’apprentissage du français ou des mathématiques plus concret, ou encore de faire vivre de beaux succès aux élèves », souligne Jérôme Gagnon, coordonnateur du Service des ressources éducatives à la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS).
Chaque année, des élèves du primaire et du secondaire rivalisent d’ailleurs d’imagination et de créativité, avec des projets qui répondent à de réels besoins. « Il peut s’agir d’un événement, d’un service ou d’un produit. La protection de l’environnement a notamment donné naissance à de beaux projets, comme la création de sacs réutilisables, la mise en place d’une escouade de récupération et l’organisation d’ateliers de sensibilisation », cite en exemples M. Gagnon.
À travers ces projets développés par un petit groupe d’élèves, une classe ou même une école, on développe non seulement le goût d’entreprendre, mais aussi l’esprit collaboratif. « C’est très rassembleur : ça crée une cohésion de groupe et contribue au sentiment d’appartenance. Sur le plan individuel, c’est aussi très riche : les élèves apprennent beaucoup à se connaître à travers l’expérience. Ils prennent conscience de ce qu’ils sont capables de faire, de leurs talents, de leurs aptitudes. Ils se sentent compétents et efficaces. Principalement pour ceux qui ont des difficultés scolaires, de les placer dans un contexte où ils se sentent bien et qu’ils réussissent enfin, c’est très valorisant et motivant. »
Un projet entrepreneurial peut répondre aux besoins de la classe – par exemple concevoir des couvre-pattes de chaises pour un environnement sans bruit – tout comme il peut faire une différence dans sa communauté, comme ce fut le cas avec le projet Aider dans la rue au mois de février réalisé par une classe en adaptation scolaire. « Les jeunes sont d’abord allés chercher de l’aide pour apprendre à tricoter des tuques et des mitaines qu’ils ont par la suite donnés aux gens de la rue, mais aussi vendus comme activité-bénéfice pour pouvoir aussi offrir des repas chauds. »
Pour concrétiser leurs idées, les entrepreneurs en herbe peuvent participer au Concours Osentreprendre, un projet du ministère de l’Éducation, et ainsi bénéficier d’une aide financière pour réaliser leur projet. « À la CSRS, nous avons formé un comité qui étudie les candidatures, puis on choisit les projets qui ont le plus de sens, qui répondent à un besoin et qui ont des retombées scolaires, sociales, communautaires, etc. », explique M. Gagnon qui était très fier d’ajouter qu’en 2019, trois des quatre projets honorés en Estrie émanaient d’écoles de la CSRS. « C’est une belle reconnaissance. Ça vient récompenser leur travail et mousser l’entrepreneuriat. » Cette année, 66 000 participants ont pris part au Concours à travers la province.
Les élèves du primaire et du secondaire peuvent aussi présenter leur projet au Salon estrien de l’entrepreneuriat scolaire qui se déroule chaque printemps à la Cathédrale St-Michel. Ils pourront alors présenter leur projet à d’autres élèves, à leurs familles et au public en général.
Un outil de plus pour l’enseignant
S’ils sont stimulants, est-ce que les projets entrepreneuriaux exigent beaucoup de travail pour l’enseignant? « Ça semble gros, en effet, mais pourtant ça s’intègre très bien dans les apprentissages puisqu’on touche à différentes matières. D’ailleurs, certains enseignants répètent l’expérience chaque année et plusieurs réalisent même des projets entrepreneuriaux sans s’en rendre compte! » fait remarquer Jérôme Gagnon qui offre du soutien aux enseignants qui le souhaitent. « Je peux aussi les mettre en contact avec des commanditaires, des partenaires ou des entrepreneurs au besoin. »
Par ailleurs, si ce sont les enseignants qui initient les projets, ce sont les enfants qui prennent en charge tout le processus. « Ils en retirent une grande fierté et un sentiment d’accomplissement. »
QUELQUES EXEMPLES DE PROJETS
À vos tabliers marmitons! Des élèves ont réalisé de charmants tabliers qui faisaient la promotion des fruits et des légumes. En plus d’aller chercher une collaboration extérieure pour apprendre à coudre, le projet a bénéficié de la commandite d’un supermarché pour la conception de salades de fruits, offertes aux élèves de l’école.
La plantation en jumelage, un projet de l’Écollectif, avait d’abord pour objectif de permettre aux élèves en francisation de l’école des Quatre-Vents de participer au voyage de fin d’année. Les pousses ainsi produites en classe et vendues ont en effet permis d’amasser des sous qui furent remis aux familles n’ayant pas les moyens de se payer cette activité, mais le projet a aussi permis de rapprocher tous les élèves, puisque les classes d’accueil ont donné un fier coup de main à la mini plantation!