Bleu Massawippi : des recherches qui influencent tous les lacs du pays

La ministre Bibeau considère que l'association Bleu Massawippi est un leader.

AYER’S CLIFF — L’association Bleu Massawippi est un leader en matière de recherche selon la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau. Celle-ci a annoncé samedi avoir octroyé 100 000 $ pour la deuxième phase du projet Nautisme intelligent. L’objectif : prouver que les vagues créées par les bateaux provoquent une mise en suspension des éléments fins, causant une turbidité. Les fruits de cette recherche seront publiés et remis au ministère des Transports.


« La turbidité, c’est très grave », analyse Jean-Claude Thibault, président de la coopérative Rappel, qui s’occupe de la protection des lacs. Il explique que les particules reçoivent plus de soleil, que l’eau est chauffée de manière excessive, ce qui touche l’écosystème. Les recherches que fait Bleu Massawippi confirment l’hypothèse de départ de bien des intervenants. 

« Il est clair qu’il y a un effet, particulièrement sur les rives qui regardent vers l’ouest, qui ne reçoivent pas les vents dominants de l’ouest. Toutes ces rives n’ont pas la végétation naturelle pour protéger la berge de grosses vagues », analyse celui qui assure la protection de 72 lacs. 

Idéalement, lorsque de nouveaux règlements seront apportés, de plus lourdes pénalités devraient être faites aux contrevenants, selon lui. « On peut faire des règlements super intelligents et fondés scientifiquement, mais qui sont mal appliqués. Il ne faut pas mettre des petites amendes de 100 $. Tu mets des amendes sérieuses pour que les gens s’en parlent entre eux », affirme M. Thibault. 

De la patience

Impliquer le ministère des Transports dans ce projet a été ardu, mais celui-ci a finalement bougé, se réjouit la directrice générale de Bleu Massawippi, Michèle Gérin. « On a déjà réussi dans la phase 1 à faire bouger le ministère des Transports pour lui faire insérer des normes environnementales pour la réglementation et l’harmonisation de la navigation de plaisance. Dans la phase 2, on veut faire des propositions pour que les municipalités qui veulent gérer leurs lacs le puissent. Le but n’est pas d’empêcher la plaisance », répète la directrice qui pense que la phase 2 pourrait être aussi productive que la première. 

Le but n’est pas d’empêcher la plaisance

Celle-ci avoue qu’il est très difficile de faire bouger un ministère. « Ça fait 40 ans qu’on se bat pour que la plaisance soit organisée. Peu importe le gouvernement, on n’a jamais rien eu. Ça commence à bouger sérieusement », dit celle qui occupe le poste de directrice générale de l’association depuis environ une décennie. 

Qu’est-ce qui a été fait lors de la première phase, amorcée en juin 2017 ? « On a commencé par évaluer les zones sensibles du lac, les zones de moins de cinq mètres et les zones où les rives sont rapprochées. Dans le cas de la rivière Magog, par exemple, il ne devrait pas y avoir de bateaux qui vont plus vite que 2 km/h. Il faudrait que les bateaux s’y engagent sur le neutre, car c’est étroit. Là, ce qu’on a comme réglementation depuis 1988, c’est 10 km/h, ce qui est trop rapide », rappelle Michèle Gérin, qui avoue qu’environ 15 % des plaisanciers sont réfractaires aux recommandations.

« On a analysé le facteur d’érosion, il y a certaines places où les vagues en font beaucoup, même si c’est loin, continue-t-elle. Il y en a d’autres où ça en fait moins. On va mettre tout ça ensemble, ça prenait deux ans de plus pour être formels. On aime présenter des dossiers solides. Quand on va se présenter au ministère des Transports, des études seront publiées. »

Leadership

L’association joue un rôle majeur de leadership, selon la ministre et députée de Compton-Stanstead, Marie-Claude Bibeau. « Toute la navigation sur les lacs, ça relève de Transports Canada et de la loi sur la marine marchande. Depuis toujours, tous les projets accordés à des organisations l’ont été avec les lunettes de la sécurité, comme le port de la veste de flottaison. On a ouvert la porte à Transports Canada pour dire qu’il y a de la réglementation qui s’impose au niveau du nautisme de façon intelligente, car il y a de l’impact sur l’environnement. Cette responsabilité revient aux municipalités. En ayant des données scientifiques, ça nous permet que le nouveau guide facilite la vie aux municipalités qui veulent avoir un meilleur contrôle sur leurs lacs », explique-t-elle. 

« Dans le cas de Bleu Massawippi, ils ont atteint un niveau qui devrait servir de modèle pour tous les lacs au Canada. Si le gouvernement continue à les soutenir, ils vont arriver à des propositions de gestion du nautisme et d’éducation nautique. Ce n’est pas un petit modèle, c’est de niveau national », considère pour sa part M. Thibault. 

Mme Gérin, elle, assure que les travaux de son association ont de l’influence. « Depuis deux ans, environ 60 associations de lacs m’ont appelée et s’intéressent à ce que l’on fait. L’intérêt est surtout au Québec et en Colombie-Britannique », résume-t-elle.