Chronique|

Sur les dunes en planche à sable

La vallée de la Lune est l’une des visites incontournables proposées à San Pedro de Atacama.

CHRONIQUE /«Et maintenant, vous vous levez et vous descendez la dune », a lancé l’instructeur de planche à neige (à sable), à San Pedro de Atacama, au Chili. Les touristes inexpérimentés, les pieds contraints par les fixations, regardaient avec scepticisme la dénivellation un tantinet vertigineuse. Personne ne se portait volontaire pour se lancer en premier.


L’activité est populaire dans les déserts d’Amérique du Sud. En planche à neige ou en toboggan, on dévale les dunes de sable sous un soleil de plomb. Souvent, c’est de l’expérience de Huacachina, au Pérou, qu’on entend le plus parler. N’ayant pas fait d’arrêt dans le désert au Pérou, cette activité me fascinait toujours.

À San Pedro de Atacama, petit village en bordure du désert d’Atacama, le village se compose principalement d’agences proposant des activités aux touristes, de restaurants, de bars et de magasins aussi destinés aux visiteurs étrangers. Toutes les agences offriront des visites dans la vallée de la Lune, au geyser Del Tatio ou dans les lagunes Miñique et Miscanti. Elles proposeront aussi l’observation d’étoiles ou la planche à neige sur les dunes.

Sanboard San Pedro se spécialise pourtant dans la planche à neige et part généralement deux fois par jour pour les dunes de la vallée de la Mort. L’horaire de fin de journée paraît plus intéressant puisque la chaleur tombe en même temps que le soleil se couche.

À l’agence même, on fournit un casque, des bottes et la planche elle-même. Il faut tout charger dans une minifourgonnette et penser à amener sa crème solaire et une bouteille d’eau.

Après avoir acquitté les frais à l’entrée de la vallée de la Mort, parce qu’ils ne sont pas inclus dans le prix de l’excursion, nous nous immobilisons au pied d’une dune. « Il est où le remonte-pente? » que j’ironise avec une blague qui n’atteint pas complètement sa cible. Quoique après deux ou trois remontées de ladite dune à pied, ils seront quelques-uns à convenir que l’ascension se veut un chouïa éreintante.

C’est justement par la montée dans la face du singe que nous commençons, une planche sur le dos et la sueur qui nous coule dans les yeux. En haut, tout le monde reçoit un bout de chandelle pour cirer sa planche sur toute la longueur. Les pieds bien emprisonnés dans les fixations, assis, nous attendons les instructions.

« Quoi? Toi, Canada, tu n’as jamais fait de planche à neige », se surprend le guide au moment d’expliquer aux néophytes comment contrôler la glisse. Notre crainte à tous, en regardant la pente, était probablement de ne pas savoir freiner et de nous écraser contre une des grosses pierres tout en bas.

« Il suffit d’orienter votre planche vers le bas et de prendre de la vitesse », disait le guide. La manière de freiner, à part de s’échouer de toute notre longueur, nous apparaissait mystérieuse.

Le plus difficile, quand on s’initie à la planche sur le sable, c’est d’accepter de se lancer une première fois.

Le premier brave s’est élancé. Le sable, ça ne glisse pas comme la neige, finalement. Pas besoin de s’inquiéter pour les freins.

En moins de deux, nous avons tous tenté l’expérience et nous nous sommes retrouvés en bas de piste, obligés de détacher les fixations et de placer à nouveau la planche sur notre dos pour retrouver le sommet. Il est où le remonte-pente? L’ascension prenait cinq fois plus de temps que la descente. Bien sûr. Et chaque fois qu’on hésitait devant la courte randonnée, on se répétait que ce n’est pas tous les jours qu’on peut faire de la planche à neige sur une dune dans le désert. On prenait donc une grande respiration et on se lançait.

On m’a raconté que l’expérience à Huacachina est beaucoup plus impressionnante que celle du Chili. Mais à défaut de pouvoir comparer, j’estime que le plaisir à San Pedro de Atacama valait la dépense.

Ceci dit, dans le petit village touristique de San Pedro, vaut mieux savoir ce que l’on veut pour magasiner des expériences. Toutes les agences ne se valent pas et il est difficile de juger en fonction des explications qu’on nous donne. Même les références des autres voyageurs sont à prendre avec un grain de sel.

Par exemple, pour l’observation d’étoiles, le désert d’Atacama est un lieu privilégié en raison de la noirceur presque totale. Certaines compagnies s’adjoignent les services de scientifiques chevronnés pour enseigner sur les constellations qu’il est possible d’observer. Mais voilà, certains vous emmèneront tout juste à l’extérieur de la zone urbaine alors que d’autres iront réellement au cœur du désert, où des télescopes puissants vous attendent.

La compagnie que j’avais choisie m’a justement entraîné à tout juste trois kilomètres du village dans une carrière jonchée de cadavres d’automobiles. L’horizon au complet était nimbé des lumières de San Pedro. Le ciel n’était donc pas complètement noir. Et chaque fois qu’une voiture s’engageait sur la route, ses phares troublaient l’obscurité.

Si la plupart des autres voyageurs se sont montrés impressionnés, j’ai été un peu déçu qu’on ne prenne pas l’expérience plus au sérieux.

La même formule s’applique pour la planche à neige dans le désert. C’est pourquoi j’avais choisi une compagnie qui se spécialisait dans cette expérience et qui fournissait tout l’équipement nécessaire. Et à moins d’avoir voyagé avec sa propre planche, il est nécessaire de passer par la location.

Pour toutes les autres aventures ou expéditions, à l’exception de l’équitation, se déplacer avec ses propres moyens, si on a le sens de l’orientation, permettra certainement d’éviter des frais inutiles et de passer le temps désiré dans chacun des paysages mythiques de San Pedro.

Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com