Cette congrégation fut l’une des plus présentes dans le monde de l’enseignement entre 1940 et 1970. Elle était à la tête de plusieurs écoles primaires et secondaires au Québec ainsi qu’en Estrie.
La demande d’action collective a été déposée le 13 juin dernier par un ancien élève de l’école Dominique-Savio de Forestville. Celui-ci affirme avoir été agressé sexuellement entre 1960 et 1961 par le frère Onil Mailhot — alias Frère Patrice — alors qu’il était âgé de 7 et 8 ans. Le religieux est décédé en mai dernier.
Depuis le dépôt de cette demande d’action collective, une vingtaine de présumées victimes sont entrées en contact avec Me Alain Arsenault, de l’étude Arsenault Dufresne Wee, de Montréal, qui pilote le dossier devant les tribunaux.
« Il s’agit de personnes qui sont entrées en contact avec nous après avoir entendu parler de la demande d’action collective, explique Me Justin Wee, qui assiste Me Arsenault dans le traitement des demandes. Toutes ces personnes n’ont pas encore été rencontrées et toutes les informations n’ont pas encore été regroupées ni validées. Mais on peut dire que l’annonce du dépôt a eu un effet. Plusieurs personnes ont décidé de nous contacter depuis cette date », a-t-il ajouté.
Bien que la demande d’action collective ne concerne qu’une seule personne pour l’instant, il n’est pas exagéré de penser que ce recours puisse atteindre des milliers de victimes. En effet, au plus fort de leur présence au Québec, les Frères des Écoles chrétiennes ont enseigné à plus de 40 000 élèves, la plupart issus des milieux défavorisés de chaque diocèse.
Le fait que la congrégation des Frères des Écoles chrétiennes s’occupait surtout d’enfants pauvres, cela rendait ces enfants encore plus vulnérables.
L’École Dominique-Savio était une école primaire et secondaire, administrée par les Frères des Écoles chrétiennes, de 1954 à 1989.
Selon les documents déposés en cour, les agressions sexuelles ont été commises par le frère Patrice, alors que ce dernier était assigné à l’École Dominique-Savio.
Ces agressions prenaient généralement la forme d’attouchements et de masturbations, peut-on lire. Elles se déroulaient généralement au sous-sol de l’école, dans une salle d’entreposage et se sont produites « à de nombreuses occasions ».
Le demandeur indique qu’il a été incapable d’agir en justice et de dénoncer les agressions « à cause de la peur et de la culpabilité qui l’en empêchaient. »
Plus vulnérables
Après les Frères de Sainte-Croix et les Clercs de Saint-Viateur, les Frères des Écoles chrétiennes sont la troisième congrégation religieuse à faire l’objet d’une demande de recours collectif ces dernières années.
« Le fait que la congrégation des Frères des Écoles chrétiennes s’occupait surtout d’enfants pauvres, cela rendait ces enfants encore plus vulnérables. Et c’est justement cette vulnérabilité qui nous fait croire que leur nombre pourrait être très important », estime Me Justin Wee.
Ce dernier n’était pas en mesure, jeudi, de dire si des Estriens se retrouvent parmi la vingtaine de personnes ayant pris contact avec son cabinet.
Chose certaine, les Frères des Écoles chrétiennes ont été très présents à Sherbrooke et en Estrie, et ce, avant et pendant la Révolution tranquille.
Dans un document d’archives mis en ligne par la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, on peut en effet lire que ceux-ci ont dirigé l’école Hébert de Sherbrooke, située non loin du cégep, dans le quartier est de la ville. Ils ont aussi enseigné à de nombreux enfants dans le Haut-Saint-François, notamment à East Angus, Cookshire et Scotstown.
Aucun porte-parole de la congrégation n’était en mesure de répondre aux questions de La Tribune, jeudi.
Toutefois, au lendemain du dépôt de la demande, le 13 juin, le provincial Florent Gaudreault a déclaré à Radio-Canada que la communauté était disposée à entendre les causes des présumées victimes.