Le nom de Mali Agat pour le nouveau pont?

Une pétition comptant 521 signatures a été déposée au conseil municipal lundi pour que le futur pont des Grandes-Fourches porte le nom de Mali Agat, une abénaquise.

Une pétition comptant 521 signatures a été déposée au conseil municipal lundi pour que le futur pont des Grandes-Fourches porte le nom de Mali Agat, une abénaquise. La suggestion vient des organisations des PÉPINES et de ConcertAction femmes Estrie.


C’est Suzie O’Bomsawin, représentante du Grand Conseil de la nation Waban-Aki, et Solange Masson, directrice générale des PÉPINES, qui ont déposé la pétition.

Mme Masson a d’emblée mentionné que la Ville avait un sérieux rattrapage à faire en matière de toponymie féminine. « Ce n’est pas par hasard que nous suggérons le nom d’une abénaquise, puisque vous avez voté pour un modèle de pont à haubans qui représentera un tipi. »

Mme O’Bomsawin a ensuite présenté une biographie de Mali Agat, dont le prénom se prononce Malé, et qui est née aux environs des années 1740.

Elle était une guérisseuse de la nation abénaquise qui était rattachée au groupe des Pequawket. Avec sa famille, elle s’est déplacée à plusieurs occasions pour éviter les conflits entre les colons français et anglais. À un certain moment, elle s’est établie dans le coin de la rivière Missisquoi. Elle aurait parcouru la Nouvelle-Angleterre et le sud du Québec pour y soigner les personnes qu’elle croisait. Elle est décédée en 1816.

« Pourquoi ce nom? D’abord par souci de continuité. Le toponyme de Sherbrooke, en langue abénaquise, signifie à la grande fourche. Ensuite pour mettre l’accent sur les valeurs abénaquises d’ouverture, d’entraide et de partage du savoir-faire. Mme Agat ne faisait pas de distinction entre les gens qu’elle soignait. Enfin, pour la résilience et la force des femmes abénaquises », a ajouté Suzie O’Bomsawin.

Le président du comité de toponymie, Paul Gingues, a accueilli la suggestion. « Il est évident que le nom sera considéré et qu’il sera amené au comité de toponymie. C’est une bonne idée. Vous avez de bonnes chances. Comment nous procéderons pour nommer le pont? Ce sera un débat qui se fera au conseil. Votre proposition a du mérite. »

Le maire Steve Lussier a ajouté que le discours de son collègue sonnait comme « de la musique à [son] oreille ».

En janvier, l’ancien maire Jean Perrault s’était adressé au conseil municipal pour suggérer que le nouveau pont porte le nom de l’ancien ingénieur civil Richard Royer. Les PÉPINES avaient rétorqué le soir même qu’un nom féminin, celui d’une abénaquise, pourrait être plus approprié. Elles faisaient valoir que seulement deux ponts sur 127 portent des noms de femme en Estrie, soit un pont à East Hereford (Joséphine-Bean) et un autre à Lac-Mégantic (Agnès). Au Québec, ce serait moins de 1 % des ponts qui sont nommés en l’honneur d’une femme.