Tout petit, j’avais été impressionné par les puissantes chutes de Niagara. Dans cet ancien temps pas si lointain, la ville ontarienne n’avait pas encore vu pousser tous ses casinos et ses commerces d’amusement.
Au motel où il était de tradition de passer la nuit, j’avais enfilé mon pyjama en attendant que le ciel se peigne au fusain. À l’approche de l’heure du dodo, j’étais particulièrement impatient de revoir les chutes, éclairées de faisceaux colorés. Des feux d’artifice avaient même couronné la soirée. J’observais les trombes d’eau avec un œil différent, émerveillé.
Comme quoi il y a quelque chose de marquant avec la nuit.
Ainsi ai-je abordé, avec la même fébrilité, la découverte de deux des sites archéologiques les plus connus du Mexique. À la tombée du jour, à Teotihuacan et à Chichén Itzá, on propose un spectacle sons et projections sur les grandes pyramides. Les deux sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO se drapent ainsi d’une touche de modernité tous les soirs.
Le site de Teotihuacan, à environ une heure de la ville de Mexico, est l’une des destinations les plus visitées près de la capitale. Si la cité a déjà couvert plus de 20 kilomètres carrés, on n’en visite aujourd’hui que deux kilomètres carrés.
Choisir le spectacle de projections peut entraîner quelques problèmes de logistique. Le site ferme ses portes vers 17 h et ne laisse entrer les noctambules qu’à la tombée de la nuit. Il faudra donc trouver de quoi s’occuper si on a passé une partie de la journée sur le site. Pour les autres, comme moi, qui n’ont pu admirer la pyramide du Soleil sous l’astre du même nom, il faut se résigner à ne voir qu’une partie des vestiges.
C’est qu’on ne nous laisse pas de temps libre pour explorer, même si les deux structures les plus importantes sont couvertes par la visite.
La foule est divisée en petits groupes et chacun se voit remettre un iPod et des écouteurs. L’histoire du site, dans un vocabulaire un peu technique à l’occasion, nous est racontée en plusieurs langues, si bien que le spectacle s’adresse à toutes les clientèles.
On marche à un rythme soutenu sur la calzada de los Muertos (l’allée des Morts), qui était autrefois entourée de palais. Elle mène à la pyramide de la Lune. La promenade est ponctuée de dix arrêts historiques où notre imagination est mise à profit pour figurer l’allure des bâtiments autrefois érigés à ces endroits.
De retour devant la pyramide du Soleil, on nous fournit des coussins pour que nous puissions nous installer à même les escaliers faisant face à la grande structure. Une fois tout le monde bien calé dans son coussin, on synchronise tous les iPod avec la bande sonore du spectacle. Et c’est parti.
Dans le style du mapping, que l’on peut voir sur des grands bâtiments historiques partout dans le monde, on nous raconte l’histoire de Teotihuacan. Avec narration dans la langue de votre choix, s’il vous plaît.
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On raconte comment un certain mystère entoure toujours les origines de Teotihuacan. On estime qu’à son apogée, la cité, l’un des plus puissants foyers culturels méso-américains, comptait au moins 125 000 habitants. Les projections lumineuses montrent entre autres comment deux dieux se sont sacrifiés pour donner naissance au soleil et à la lune. Elles donnent également un aperçu des pyramides qui, à l’origine, étaient colorées.
Le spectacle est offert depuis 2016, de novembre à juin, et on ne peut que se demander s’il endommage, d’une façon ou d’une autre, un site d’une grande importance historique. Une controverse avait d’ailleurs éclaté en 2008 devant les plans d’offrir des projections nocturnes.
Si une expérience semblable vous intéresse, préférez celle de Teotihuacan (environ 35 $) à celle de Chichén Itzá (37 $), située dans le Yucatan. Le spectacle y est mieux encadré, avec un souci plus grand du spectateur. Il s’agit d’un résumé historique, si bien que les amoureux d’histoire préféreront probablement errer sur le site à leur propre vitesse, en plein jour, alors que l’ensemble des attractions leur est accessible.
Chichén Itzá est un site qu’on voudra assurément visiter de jour plus que de soir. Ce site, l’une des sept merveilles du monde moderne, permet entre autres d’apprécier un terrain de balle où se pratiquait un sport traditionnel se soldant souvent avec le sacrifice du capitaine de l’équipe... gagnante. La grande pyramide, El Castillo, aussi appelée pyramide de Kukulcan, aurait été construite autour de l’an 800. Ses quatre escaliers comptent 91 marches. En ajoutant la plateforme au sommet, on dénombre donc 365 marches, soit autant que le nombre de jours dans une année.
L’expérience nocturne ne donne pas accès à tous les vestiges, même si la narration, dans un iPod sans écouteurs, nous décrit les ensembles architecturaux les plus importants. Les touristes sont laissés à eux-mêmes pour effectuer une première tournée, au son de centaines d’autres appareils électroniques, avant de prendre place devant El Castillo, sur des chaises pliantes.
La narration du spectacle, crachée à tue-tête dans d’énormes haut-parleurs, est tellement désagréable qu’on a envie de se boucher les oreilles. Si vous ne comprenez pas l’espagnol, oubliez votre iPod et la traduction en anglais qu’on vous y propose, puisqu’il vous sera impossible de l’entendre. Investissez votre argent ailleurs.
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