À tout le moins, depuis à peu près la troisième heure en terre haïtienne, l’an dernier, je sais que je dois y retourner en période de carnaval. La parade, la danse, les personnages en papier mâché, la musique festive, on nous promet une fiesta endiablée chaque année. Et apparemment, c’est à Jacmel qu’il faut se trouver.
D’abord, Jacmel, c’est une ville avec une âme. Probablement que les dizaines d’artistes qui y tiennent une résidence y sont pour quelque chose. Le boulevard de bord de mer est coloré, parsemé de petits bouts de céramique et de murales. C’est aussi LA ville du papier mâché. Il existe même des ateliers où on peut laisser aller notre fibre d’artiste pour bricoler ou peinturer un masque avec lequel on repartira.
On l’avouera d’emblée, la plage de Jacmel est jonchée de détritus. On se rendra donc davantage au bord de l’eau pour une promenade ou pour manger un bon repas. Sinon, on peut en découvrir beaucoup sur la ville en s’offrant un tour guidé. Experience Jacmel y est la seule compagnie de guides professionnels officielle.
Les tours peuvent porter sur l’histoire de la ville depuis sa fondation, sur sa nature, en proposant entre autres des expériences immersives comme des randonnées, ou encore sur la gastronomie haïtienne.
On y apprendra que Jacmel a été la première ville électrifiée dans les Caraïbes et que dans le passé, le café a occupé une place importante dans les activités économiques de ses habitants.
Son boulevard de bord de mer, aussi appelé Lakou New York, vise à rendre la ville plus belle, à nettoyer ce secteur de l’agglomération.
Bien sûr, on nous parlera du carnaval, cet événement qui se tient cette année le 24 février. Les visiteurs peuvent en apprendre davantage en visitant le Centre d’interprétation du carnaval de Jacmel.
On y retrouve des personnages en papier mâché, comme le lanceur de corde, qui rappelle la période d’esclavage haïtien. Zel Mathurin y serait un personnage populaire avec ses ailes et ses ongles de fer.
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Si l’envie de participer vous prend, faites le plein d’énergie. Les festivités peuvent s’étirer de 10 h du matin jusqu’à 4 h dans la nuit.
Les guides d’Experience Jacmel peuvent aussi nous amener dans l’un des nombreux escaliers de la ville. On y trouve tantôt des dessins de céramique, tantôt des poèmes, tantôt une œuvre grandiose qui prend vie quand on la regarde d’en bas des marches.
Le tour naturel mènera pour sa part à Bassin bleu, qui, comme son nom l’indique, est un bassin naturel d’un bleu clair. Une courte randonnée nous permet de croiser d’autres petits bassins avant d’arriver à la chute principale, paradisiaque, pour peu qu’il n’ait pas plu juste avant la visite. On peut s’y baigner et s’y prélasser, tout ça à moins de 20 km du centre-ville.
Le volet randonnée mènera pour sa part au parc national La Visite, qui renferme la plus grande réserve de pins d’Haïti. Il fait partie de la réserve de biosphère de La Selle, désignée par l’UNESCO en 2012.
À part pour le carnaval, que j’espère voir dans un avenir rapproché, je retournerais probablement à Jacmel pour le tour présentant les secrets culinaires haïtiens. Celui qui agissait comme guide lors de mon passage, Evens Égalité, racontait que dans la cuisine haïtienne, on obtient toujours le résultat voulu, non pas en calculant méticuleusement chaque ingrédient, mais en intégrant toutes les parties des recettes à l’œil.
Et pendant que j’y serais, je ferais le tour Jacmel la nuit, qui met en valeur l’histoire du vaudou. « Vous avez peut-être entendu parler du vaudou de façon négative », lance M. Égalité. « Ce n’est pas le vaudou qui fait le mal, mais les gens. » Ma curiosité est piquée.
J’ai trouvé à Jacmel des gens fiers de leur pays, fiers de leur culture, et en deux petits jours, j’ai eu l’impression de manquer de temps pour les écouter se raconter. Ça commence à faire beaucoup de raisons pour y retourner.
Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com
Le journaliste était l’invité du RENAPROTS, Zoom sur Haïti, Passion Terre et Air Canada.