À l’étranger, pourtant, les critères de confiance varient selon le pays. On pourra tout réserver avant de partir, avec une agence de voyages de confiance ici. Vrai qu’on met ainsi toutes les chances de notre côté. Si on agit davantage sur un coup de tête, il faut accepter les mésaventures.
En Inde, la simple idée de négocier mon billet de train à la gare cacophonique de Delhi me décourageait. Beaucoup trop de passagers, de badauds aussi, qui traînent là dans l’espoir de je ne sais quoi. Et il y a ceux qui voudront absolument porter votre bagage ou vous indiquer sur quel quai attendre votre train. Ils y gagnent leur pitance, mais dans la foule qui nous assaille, il devient facile de s’égarer.
Je me suis donc tourné vers une agence locale aux prix vraisemblablement exorbitants.
Là, on n’a pas réservé que mon laissez-passer pour le train. Le propriétaire de l’agence m’a convaincu de planifier tout mon voyage. Cinq ans plus tard, je me demande encore pourquoi j’ai accepté, même si tout s’est bien terminé.
Je suis parti pour un mois de découverte, délesté d’une bonne somme d’argent, en espérant que les hôtels qu’on me promettait et les billets de train qu’on devait me fournir me seraient réellement livrés. À part un itinéraire et un numéro de téléphone, rien ne me garantissait les services achetés. Par exemple, pour certains trajets, il fallait attendre d’être sur place pour pouvoir mettre la main sur un billet.
En solo, à chacune des gares où j’arrivais, que ce soit à Véranèse, à Agra ou à Jaipur, un chauffeur de tuk-tuk m’attendait. C’était ça l’entente. Mais encore fallait-il faire confiance à l’homme qui me disait : « Je vous attendais. Je vous emmène. » Une simple vérification, à savoir qui l’envoyait ou le nom du voyageur qu’il attendait, suffisait souvent à me rassurer.
L’agence locale a finalement livré la marchandise. Quand le bus m’a déposé dans une ville au sud du pays, à une vingtaine de minutes de Varkala, ma véritable destination, il y avait quelqu’un au bout du fil pour trouver une solution. À mon retour à Delhi, l’agent en question m’a remboursé le taxi que j’ai pris ce jour-là, m’a payé le repas pour se faire pardonner et m’a même conduit à l’aéroport.
À Hanoi au Vietnam, j’avais placé la paranoïa à 8 sur une échelle de 10. Les vraies agences locales étaient souvent copiées. Rien n’empêchait une compagnie d’utiliser le même nom, avec une variante graphique mineure, et à s’installer dans la même rue que l’originale. Certains accrochent même une fausse adresse devant leur porte pour tromper les touristes.
À travers les agences Ocean Star, Oceans Star, Ocean Stars et The Ocean Star, difficile de savoir laquelle est réellement celle qu’on nous avait recommandée. Toutes offrent en théorie les mêmes produits, montrent les mêmes photos pour une croisière dans la baie d’Halong ou les rizières de Sapa.
Vous seriez peut-être tenté d’opter pour la moins chère, pour économiser. Ou alors pour la plus chère, en gage de qualité. Quand on paie le voyage, qu’on nous remet un reçu qu’on est incapable de lire, et qu’on nous promet de passer nous prendre à l’hôtel, on se croise les doigts.
Là encore, j’ai toujours fini par arriver là où je souhaitais aller, mais... Dans la baie d’Halong, le type de bateau utilisé pour une croisière variait selon l’agence qui nous servait. Si tous les clients avaient réservé sur un même grand bateau à voiles, certains se sont retrouvés sur de petites embarcations alors que d’autres se prélassaient sur d’énormes bateaux de croisière.
Idem pour les trajets en train. Pour le même produit annoncé, certains, comme moi, ont passé la nuit dans une cabine de base avec six couchettes. Quand un passager descendait, un autre prenait sa place sans que les draps ou les oreillers ne soient changés. Les autres avaient droit à une cabine climatisée et comprenant quatre couchettes... dans un autre train.
En Éthiopie, à Bahir Dar, on nous propose des visites dans des monastères ou des randonnées dans les monts Simien. Le propriétaire de l’hôtel a rapidement expliqué ses forfaits aux prix généreusement élevés.
Une promenade en ville a permis de comparer les prix, de trouver moins cher et de réserver avec un homme à qui il fallait payer tout le forfait à l’avance. Quelques heures plus tard, on comprenait que toutes les compagnies consultées travaillaient ensemble et se partageaient les profits.
Pour les monts Simien, une voiture nous prendrait à Gondar, une ville plus au nord, et nous y emmènerait. Très vite, j’ai réalisé que j’aurais bien peu de recours si ladite compagnie me plantait là, devant mon hôtel de Gondar. Je ne reviendrais certainement pas à Bahir Dar pour me faire rembourser.
Ma randonnée qui devait durer une demi-journée a plutôt été limitée à deux heures. Le chauffeur s’est pointé en retard, prétextant avoir oublié de faire le plein. Sur la route, nous nous sommes arrêtés plus d’une heure dans un café où les randonneurs s’agglutinaient. Le temps de régler la paperasse, disait le chauffeur. Sauf qu’en arrivant au parc national, nous avons constaté qu’il n’avait jamais acheté les permis qu’il devait nous obtenir.
De perte de temps en perte de temps, nous avons finalement pu nous joindre à un groupe qui commençait sa marche dans les montagnes. Deux heures plus tard, on nous annonçait qu’il fallait partir. Comme prévu, quelque part au nord de l’Éthiopie, il n’y avait nulle part de bureau de plaintes pour nous dédommager...
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