Chronique|

Bon chic bon genre

Le respect accru que réclament et méritent les femmes commence avec le souci du détail dans nos relations quotidiennes. Rendons pour cela hommage à l’action du groupe de Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale (PÉPINES).

CHRONIQUE / J’ai mis les pieds dans un nid de guêpes. Même si je n’ai pas eu à prendre mes jambes à mon cou pour échapper à une nuée de poursuivantes, avoir été piqué une seule fois me rendra plus prudent...


La présidente de la Maison Aube-Lumière, Élisabeth Brière, souhaite être candidate libérale dans la circonscription de Sherbrooke aux élections fédérales de l’automne. J’ai commis un impair dans ma chronique de samedi en écrivant « qu’elle ferait le tour de sa garde-robe pour choisir les vêtements qu’elle portera pour son baptême politique », lors du coquetel de financement auquel le premier ministre Justin Trudeau assistera mercredi.

« Faire le tour de sa garde-robe, ouch! Je ne suis pas la plus féministe, mais ça me grafigne l’épiderme. Avez-vous réalisé, vous avez mêlé l’intérêt d’une femme pour la politique et sa tenue vestimentaire avant qu’elle émette ses idées » a soulevé une lectrice froissée dans un courriel.

Honnêtement, non. D’autre part, j’admets avec la même franchise n’avoir jamais songé à décrire dans ce même texte le soin avec lequel le candidat masculin déclaré Edwin Moreno agencera veston, chemise et cravate pour faire lui aussi bonne impression cette semaine auprès du chef.

Me voilà en face d’une évidence : ce passage avait une connotation sexiste. Mon subconscient baignant dans la politique depuis 30 ans est peut-être imbibé d’une culture de ti-mononcle dont je devrai me méfier davantage dans le futur... 

J’entends cette fois des protestations masculines : aie le mou, pas en train de céder à un seul reproche. T’as pas de colonne, t’es pas capable de tenir tête à une femme, une seule?

Je suis têtu. J’argumente plus que pas assez, et c’est de famille. Cette génétique est tellement concentrée chez l’une de mes filles que je l’ai surnommée « Oui, mais parce que... ».

Mais le poids de vérité n’est pas nécessairement celui du nombre. Rien n’est plus utile en ce bas monde que l’ouverture d’accepter qu’une seule personne puisse avoir de meilleurs arguments que 50 confortant leurs opinions les unes avec les autres.

Dans mon cas, il n’y avait même pas à débattre tellement il tombe sous le sens que quiconque aspire à faire partie de l’équipe d’un premier ministre a le souci de soigner son apparence pour ne pas se disqualifier au premier coup d’œil. Il est clair qu’Edwin Moreno se mettra lui aussi « sur son 36 », mercredi soir, pour aller à la rencontre de M. Trudeau et des militants qui, ultimement, choisiront le candidat qui participera à l’élection.

Indépendamment des sexes, cette soirée mondaine bon chic bon genre sera propice aux jeux de coulisses pour les aspirants locaux ainsi que pour tous les autres nourrissant les mêmes ambitions dans les autres circonscriptions de la région. C’est l’essentiel de ce que j’ai voulu exprimer sur ce volet dans ma chronique de samedi et le propos aurait été mieux rendu ainsi. 

Sachez que la femme qui m’a contacté ne connaît ni de près ni de loin Élisabeth Brière. Ses protestations polies n’étaient pas motivées par des intérêts personnels ou politiques.

Sans même savoir si j’avais vexé ou pas Mme Brière, j’ai eu la délicatesse de la prévenir que j’allais clarifier publiquement le fond de ma pensée. 

Ce n’était pas l’affront du siècle, mais ce n’est pas non plus une banalité à ignorer et à passer sous silence. Le respect accru que réclament et méritent les femmes commence avec le souci du détail dans nos relations quotidiennes ainsi que dans la remise en question de comportements paraissant anodins, mais qui les discriminent encore. 

Hommage à celles qui ont initié le mouvement, il y a plusieurs années déjà, ainsi qu’à toutes celles qui portent encore haut et fort les revendications des PÉPINES, le groupe de Promotion des Estriennes pour inititier une nouvelle équité sociale. Leurs efforts de conscientisation portent.

Le temps de savourer pleinement les petites victoires, seriez-vous d’accord par contre de prolonger de quelques semaines ou quelques mois nos délibérations sur la liberté vestimentaire à l’Assemblée nationale que réclament les députés solidaires...