« On remarque que 80 % des musées ont vu leur fréquentation augmenter lors du premier dimanche de chaque mois, explique Michelle Bélanger, présidente de la Société des musées du Québec. C’est surtout le cas pour les petits musées ou ceux situés hors des grands centres de Montréal et Québec. Ils voient un impact considérable et une bonne proportion des institutions sont en faveur du maintien de la mesure. »
Pour obtenir ces données, la Société des musées du Québec a effectué à la mi-octobre un sondage anonyme auprès des 95 institutions visées par la gratuité.
Rappelons que, depuis juin dernier, les musées québécois qui reçoivent une aide financière du ministère de la Culture sont gratuits un dimanche par mois. Cette mesure vise à faciliter et favoriser l’accès des Québécois à leur culture.
Mme Bélanger indique toutefois que la fréquentation globale des musées reste la même.
« Si on compare par exemple le mois de juillet 2017 et le mois de juillet 2018. Il n’y a pas une augmentation énorme, même que c’est presque pareil. C’est juste que les gens viennent surtout le dimanche gratuit. Il faut donc s’ajuster les autres journées en faisant faire rentrer moins de personnel. C’est ça qui est difficile à estimer. La première année est une année d’ajustement. Il y aura un bilan pour voir si l’objectif de la mesure a été atteint. »
Certains musées ont souligné qu’il y a une baisse de fréquentation marquée dans les jours précédents un dimanche gratuit.
Une mesure qui engendre des coûts
Les 95 musées québécois ont été compensés financièrement pour les droits d’entrée perdus. Ils ont reçu en juillet un montant estimé avec les fréquentations des années antérieures. La hausse de fréquentation pendant une journée précise engendre toutefois des problèmes.
« Dans un petit musée où il y a une affluence moyenne de 30 personnes le dimanche et qu’on passe à plus de 100, ça prend plus d’effectifs humains, souligne Mme Bélanger. Pour l’instant, il n’y a pas eu de compensation pour ça. »
« On a remarqué que ceux qui viennent le dimanche gratuit ne sont pas une clientèle habituée de fréquenter des musées, poursuit celle qui est également directrice générale au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke. Les gens vont toucher les objets, même si c’est bien indiqué qu’on ne doit pas le faire. Il a fallu qu’on mette quelqu’un en permanence dans la salle de notre exposition permanente pour s’assurer que les gens ne touchaient pas les animaux naturalisés. Il va falloir qu’on trouve un moyen autre que de poster quelqu’un parce que ça engendre des coûts supplémentaires. Il va falloir sécuriser notre exposition permanente. Mais en même temps, on est content que cette clientèle-là vienne nous voir. Elle va découvrir le musée et on espère qu’elle va revenir tout au long de l’année. »
Il y a plus de 400 musées au Québec, mais seulement 95 d’entre eux, soient ceux qui reçoivent une subvention du gouvernement, sont visés par la gratuité un dimanche par mois. Cette différence engendre beaucoup de confusion selon Mme Bélanger.
« Parfois un musée ouvrira gratuitement un dimanche parce qu’il est forcé de le faire, mais le musée en face n’est pas couvert par cette mesure. C’est arrivé qu’un musée qui n’est pas soumis à cette mesure décide quand même de rendre l’entrée gratuite pour ne pas perdre des visites et pour éviter d’avoir à toujours expliquer les raisons pour lesquelles elle demande un prix d’entrée. »
Mme Bélanger précise aussi que la mesure ne s’adresse qu’aux Québécois et que de toujours devoir expliquer aux touristes étrangers les raisons pour lesquelles ils doivent payer amène une lourdeur de gestion.
Moins d’abonnements
Sans vouloir avancer de chiffres, puisque l’année financière n’est pas terminée, Michelle Bélanger avoue que la vente d’abonnements au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke de juin à décembre 2018 est en baisse par rapport à la même période en 2017.
L’un des avantages de l’abonnement est justement de pouvoir accéder gratuitement au musée. Au Musée de la nature et des sciences, les abonnements représentent des revenus de 25 000 dollars par année. Mme Bélanger précise toutefois que la vente de cartes de membres connaît un essor durant l’été et pendant la semaine de relâche.
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