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L’éducation démocratisée

Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.
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Lors de la réforme de l’éducation des années 60, face à la sous-scolarisation des Québécois francophones, il devenait important pour les membres de la Commission Parent d’instaurer un niveau d’enseignement d’une durée minimale de deux ans qui faciliterait le passage entre le secondaire et l’université ou le marché du travail.


C’est ainsi qu’était créé en 1967 un nouvel ordre d’enseignement : le collège d’enseignement général et professionnel (C.E.G.E.P.). La première année, 12 cégeps ont vu le jour, puis 23 autres ouvraient leurs portes entre 1968 et 1970, dont le Cégep de Sherbrooke en 1968.

« Dès le départ, on souhaitait que les cégeps fassent corps avec leur milieu, ce qui est toujours vrai aujourd’hui. Mais ces établissements ont dépassé nos attentes. En démocratisant l’éducation, en l’ouvrant sur le monde et en la rendant plus accessible, on a notamment augmenté la scolarisation des femmes. C’est également au Québec que le taux de scolarisation postsecondaire est le plus élevé au Canada », rappelle Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps.

Le cégep s’inspire entre autres des Community College américains, à la distinction qu’il offre non seulement le parcours technique, mais aussi le parcours préuniversitaire dans le même établissement, avec des cours de base communs. « Le tiers des étudiants changeront d’orientation scolaire; au cégep, ils peuvent le faire en demeurant dans la même école et en ayant certains cours crédités. » M. Tremblay rappelle d’ailleurs que la formation générale profite tout autant aux étudiantes et aux étudiants se préparant à des études supérieures qu’aux futurs techniciens. « Les cours de littérature ou de philosophie permettent de développer des habiletés qui nous servent pour la vie – développer un sens critique, la capacité de réfléchir et d’innover, bref apprendre à apprendre. En éducation physique, on apprend aussi à prendre soin de sa santé et à développer de saines habitudes vie. Le cégep a aussi pour rôle de former des citoyens responsables, engagés et critiques, ce qui est fondamental pour une société. »

LES DÉFIS

Augmenter la diplomation postsecondaire

Actuellement, 30 % des jeunes ne poursuivent pas leurs études au cégep. Il reste donc encore du travail à faire pour augmenter l’accessibilité aux études postsecondaires. 

La proximité de l’établissement influence la poursuite des études. On remarque même que dans les villes où il y a un cégep, le taux de diplomation au secondaire est plus élevé : la présence d’un établissement collégial a donc un effet positif dans l’aspiration scolaire du jeune. « Amener nos jeunes à aspirer à des études postsecondaires est évidemment un défi pour les cégeps, mais aussi pour la société. Par exemple, en 50 ans, le pourcentage de garçons francophones dont les parents n’ont pas fait d’études supérieures qui n’ont pas obtenu de diplôme postsecondaire est resté le même. Comment changer la situation? On retrouve dans nos cégeps de beaux projets pour stimuler l’intérêt envers les études, de très belles initiatives. Le réseau des cégeps est fort : on innove, on échange, on collabore, etc. Mais pour certaines clientèles, c’est d’une stratégie nationale dont nous avons besoin. Pensons aux jeunes ayant des difficultés scolaires importantes, aux étudiantes et étudiants autochtones ou à la clientèle issue de l’immigration : tous et toutes ont des besoins particuliers qui excèdent l’aide pédagogique offerte habituellement dans les cégeps », explique Bernard Tremblay.

Le financement

Le financement des cégeps est un autre défi. « Il est important de répartir les ressources équitablement pour que chaque étudiant, quel que soit le cégep qu’il fréquente, ait droit à la même qualité de service. Globalement, les cégeps doivent avoir les moyens de bien répondre aux défis de développement d’une main-d’œuvre qualifiée, en accueillant plus de jeunes, mais aussi plus de travailleurs, car la formation continue est une excellente façon d’augmenter le taux de productivité d’une entreprise. Une fois de plus, nous avons besoin de stratégies nationales pour y arriver, car il faut notamment des incitatifs financiers – crédit d’impôt, subvention gouvernementale, etc. – pour encourager les entreprises à former leur personnel. »

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