Bethléem est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. À Jérusalem, une promenade dans les jardins de Gethsémanie figure certainement sur liste des pèlerins en visite. Les jardins du mont des Béatitudes, particulièrement joli, entrent dans la même catégorie.
C’est toutefois un autre jardin, que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam, qui figure au patrimoine mondial de l’UNESCO. Lui aussi est un haut lieu religieux, mais relève d’un culte dont l’existence m’était aussi inconnue.
Quand on parcourt la liste des sites à protéger en Israël, les magnifiques jardins Bahaïs, à Haïfa, sont de ceux qui font écarquiller les yeux. Leur inscription est beaucoup moins connue ou évidente que celle de la vieille ville de Jérusalem.
Haïfa est la troisième plus grande ville d’Israël, après Tel-Aviv et Jérusalem, et se trouve à environ une heure de voiture ou de train de la première, en pleine ligne droite vers le nord. L’excursion se fait bien en une journée, mais on en profite plus en y passant au moins une nuit.
Les jardins Bahaïs, sur les flancs du mont Carmel, avec ses 19 terrasses et le mausolée du Bab (le fondateur du bahaïsme) en son centre, constituent la principale attraction. Par ailleurs, le mausolée a été dessiné par un architecte canadien. Arrivé en début de soirée, j’ai marché vers le quartier de la colonie allemande, connue pour ses magasins et ses restaurants. Elle se situe au pied des terrasses, qui s’illuminent une fois le ciel obscurci. De toute beauté.
À mon avis, pour visiter les jardins, qui jusque-là n’étaient encore que des jardins dans ma tête, il faut absolument participer à un tour guidé. Celui en anglais part à midi tous les jours. Une seule plage horaire. Une seule possibilité de visiter. On n’attend pas les retardataires et on ne lésine pas sur les règles plutôt strictes. En haute saison, les files d’attente peuvent être longues. Premier arrivé, premier servi. Certaines zones restreintes sont néanmoins accessibles sans visite guidée.
Mesdames, et Messieurs, couvrez vos épaules et genoux. Le lieu est sacré. Les hommes bénéficieront d’une plus grande tolérance pour les genoux dénudés, mais quantité de demoiselles s’en sortent en s’enroulant un foulard ou une autre pièce de tissu autour de la taille. La vulgaire serviette ne pourra par contre pas se transformer en jupe. Pas permis. Blasphématoire, même. Les jardins Bahaïs d’Haïfa sont l’un des deux sites les plus saints de la foi bahaïe, l’autre étant situé tout près, à Acre.
Le tour, quoique très intéressant, constitue une expérience particulièrement désagréable. Comme à la maternelle, on vous grondera pour vous être écarté du rang, pour vous être immobilisé dans un escalier, et on vous poussera à avancer parce qu’il faut avoir quitté la propriété au bout de 45 minutes. On se foutra que tout le monde soit arrivé pour commencer à raconter les histoires et on se foutra aussi de ceux qui souhaitent croquer quelques clichés. Le problème, c’est probablement la courte durée de l’activité.
Le bahaïsme mise sur une spiritualité universelle, un dieu unique et éternel et vise l’abolition des injustices. Dans cette religion, les Moïse, Bouddha et autres prophètes ont tous livré un seul et même message. Les hommes et les femmes y sont égaux, alors que la science et la religion cohabitent en harmonie.
Selon notre guide, un des éléments importants du bahaïsme : la circoncision n’est pas obligatoire. Il est aussi impossible de naître bahaï et il faut choisir sa foi à l’âge de 15 ans.
Ironiquement, les Israéliens ne peuvent pas se convertir au bahaïsme, même si leur pays compte deux lieux saints bahaï. Les autres fidèles, qui se compteraient au nombre d’environ sept millions, se doivent de faire un pèlerinage à Acre ou Haïfa, sinon les deux, au moins une fois, si leur santé leur permet.
CHRONIQUE-texte: Les jardins sont entretenus par des bénévoles de partout des jardins orientés vers Acre, le lieu le plus sacré de la religion, et comptent des centaines de plantes exotiques, ainsi que plusieurs fontaines. Il s’agit probablement d’un des meilleurs endroits pour observer la ville d’Haïfa et son port, un peu plus bas.
Sur la route du retour, on peut s’arrêter dans le quartier de Wadi Nisnas, constitué d’édifices étroits en pierre, pour apprécier l’atmosphère d’une vieille ville du Moyen-Orient. On y erre principalement pour l’ambiance. Les amateurs d’art apprécieront le musée à ciel ouvert constitué de plus de 100 œuvres d’art, tantôt des graffitis, tantôt des sculptures tellement discrètes qu’on pourrait ne pas les voir si on ne portait pas attention.
Les musées sont légion, mais l’heure de la visite des jardins, à midi, est un peu inconvenante pour planifier des activités, à moins de décaler les repas.
Enfin, le transport en commun efficace permet de se rendre aisément à l’une des plages, dont Hof HaCarmel, la plus populaire, qui est aussi beaucoup plus calme que les étendues de sable de Tel-Aviv. Si l’envie vous prend de vous y rendre en train, il faut prévoir une fouille sommaire des sacs à dos dans les gares.
Haïfa, ville culturelle moderne, offre une escale beaucoup plus calme que les deux autres grandes villes du pays.
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