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« Dès le lancement, en 2016, la réponse a été forte. Mais je ne l’ai pas compris alors, parce que je n’avais aucun recul. J’arrivais dans le métier, j’avais tout à apprendre, je construisais mes repères. »

Ces deux dernières années, elle a multiplié les spectacles. Trois fois sur quatre, elle se produit devant des salles combles.

« Je suis vraiment reconnaissante de cet accueil. C’est le genre de trucs qu’on ne peut pas prévoir », dit l’auteure-compositrice-interprète, qui s’apprête à boucler sa première tournée. Ses dernières représentations sont prévues en décembre. Après, son calendrier est blanc. Mais ses calepins sont déjà remplis de nouvelles chansons.

« J’ai 23 titres en banque, mais comme ma démarche est très instinctive, je vais sûrement en écrire d’autres au cours des prochains mois. »

La chanson est arrivée presque par hasard dans son parcours. Ou par nécessité, ça dépend de l’angle sous lequel on voit les choses.

« Comme un peu tout le monde, je chantais dans ma chambre, mais pas davantage », dit celle qui travaillait auparavant en relations publiques.

Puis, alors qu’elle était dans la vingtaine, la maladie l’a heurtée de plein fouet. Deux fois plutôt qu’une. On ne survit pas ainsi au cancer sans poser un autre regard sur son parcours.

« Ça a été un électrochoc. J’ai dû réfléchir à la mort. À la vie. Au sens de tout ça. Lorsqu’on traverse une tempête pareille, on devient très consciente de sa propre finalité. On réalise que la mort fait partie de la vie. Ça ajoute quelque chose de très puissant à l’existence. Parce qu’on sait que tout peut finir abruptement. À partir de là, on choisit de dessiner sa vie comme on l’entend. Sans compromis. »

Pour Beyries (Amélie de son prénom), l’après-maladie s’est accordé à la musique, mais sans but précis.

« Ma démarche était assez confidentielle, en fait. C’est ma gérante qui voulait que je fasse quelque chose avec mes chansons. »

Lorsque Alex McMahon a entendu celles-ci, il a levé la main pour réaliser le disque. Son appui a légitimé le projet.

Vive voix

Salué par la critique, l’album majoritairement anglophone qu’ils ont pondu a propulsé Beyries à l’avant-scène culturelle.

« Lorsque j’ai interprété Je pars à l’autre bout du monde pour Unité 9, et Au-delà des mots pour l’émission de Jean-Philippe Dion (La vraie nature), ça a déclenché autre chose. C’est comme si j’étais entrée dans les foyers québécois. »

Sa voix, à la fois douce et percutante, a touché les cœurs. Une voix que Beyries n’appréciait pourtant pas particulièrement, a priori.

« Quand je parle, je n’aime pas le timbre que j’entends. Mais je ne suis pas capable d’expliquer ce qui est arrivé, c’est comme si le cancer avait mis à découvert tout ce qu’il y avait en moi. J’ai la sensation que toute cette souffrance est venue placer quelque chose dans ma voix. Je ne m’explique pas quoi. Quand ça entre dans un microphone, il y a quelque chose qui se passe. »

Quelque chose qui touche, qui remue.

« Je ne suis pas chanteuse ni musicienne, pourtant. Je ne le dis pas avec fausse humilité. Je me débrouille avec un piano, une guitare, j’entends les mélodies, mais ma façon de travailler la musique est plutôt intuitive. »

Ses textes partent, eux, d’un ressenti.

« L’être humain me fascine, j’écris souvent là-dessus. Pour le prochain disque, j’ai envie de parler de la condition humaine actuelle, de l’environnement, des relations qu’on a les uns avec les autres. »

Des relations qui sont en profonde mutation, observe-t-elle.

« On est hyper connectés, en même temps que complètement déconnecté. Il y a quelque temps, j’ai décidé de délaisser les réseaux sociaux. Parce que notre cerveau n’est pas capable de capter l’ampleur de tout ce qui se passe. On est bombardé par les nouvelles de partout : ce qui se passe à Tokyo comme en Iran, les bévues du président XYZ, l’ouragan qui secoue l’hémisphère sud. Notre niveau d’anxiété monte évidemment en flèche. On n’a plus le temps de réfléchir. Après ça, tout ce qu’on souhaite collectivement, c’est du réconfort. Alors on achète, on se divertit sans répit, on consomme. Ce rythme-là est insoutenable. Les gens pètent au frette. Personnellement, je vise l’équilibre et je pense que je le trouve dans une vie plus simple, plus saine. À échelle humaine. »

Jeudi, c’est un show à échelle humaine qu’elle propose, justement. Une soirée qui se déploie comme une rencontre. Avec Judith Little-Daudelin et Gab Gratton, elle fera vivre les titres de son disque sur les planches du Théâtre Granada.

« D’un soir à l’autre, le spectacle bouge. Je n’aborde jamais le show de la même façon. Le concept de la cassette, ça ne me va pas. La seule constante, le truc qui ne change pas, c’est que j’ai chaque fois envie de passer une belle soirée avec les gens qui sont dans la salle. »

Vous voulez y aller?

Beyries, Première partie : Pomme

Jeudi 15 novembre, 20 h

Théâtre Granada

Entrée : 26,50 $

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