Noms de rues : plus de toponymes féminins réclamés

Paul Gingues

SHERBROOKE — Une quinzaine de rues, édifices, halte et autres installations municipales ont dorénavant un nom grâce aux dernières recommandations du comité de toponymie adoptées par le conseil municipal vendredi. Et les nouveaux toponymes ont presque tous un point en commun : ils sont exclusivement masculins. Une situation dénoncée par la conseillère Évelyne Beaudin qui y voit un manque de volonté politique.


« Ce n’est pas suffisant de dire qu’il n’y a pas assez de noms de femmes qui ont marqué l’Histoire pour que le comité de toponymie n’en recommande aucun », souligne la conseillère du district du Carrefour, qui a inscrit sa dissidence au moment du vote lors de la réunion du conseil vendredi passé.

« Ce n’est pas la première fois que je m’oppose aux recommandations du comité pour les mêmes raisons et je vais continuer de le faire tant que la situation n’évoluera pas », promet Mme Beaudin.

Le président du comité de toponymie, Paul Gingues, demande quant à lui à Mme Beaudin d’être patiente.

« Ça fait seulement deux ou trois fois que nous faisons des recommandations depuis que je suis à la tête de ce comité. Dans les prochaines recommandations que nous allons faire, il y aura des noms de femmes », assure M. Gingues.

Selon lui, les trois autres membres du comité — tous des hommes — ont une grande sensibilité par rapport à la place des femmes dans la toponymie sherbrookoise. « De plus, j’ai demandé à ce que la composition du comité soit modifiée afin d’être un chiffre impair et j’ai approché une élue pour qu’elle se joigne à nous », souligne M. Gingues.

Une banque de noms à enrichir

À Sherbrooke, parmi tous les noms de rues qui sont des noms de personnes, seulement 12 % sont des noms de femmes. Pour pallier cette situation, l’organisme Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale, les PÉPINES, et le CALACS Agression Estrie avaient déposé le 8 mars 2016 au conseil municipal une liste de 58 noms de femmes qui mériteraient d’être honorées.

C’est d’ailleurs Évelyne Beaudin qui, à titre de présidente de l’organisme, avait déposé le document devant les élus.

Cette liste fait-elle toujours partie de la banque de noms utilisée par le comité?

« Je ne peux pas le confirmer, consent M. Gingues. Mais j’ai moi-même décidé que notre rencontre du 5 décembre serait dédiée à notre banque de noms, afin de la mettre à jour. Et j’encourage le monde à nous envoyer des suggestions de noms », lance le conseiller du district de l’Université.

Des directives claires telles qu’une obligation d’honorer deux toponymes féminins pour chaque nom masculin utilisé seraient-elles souhaitables?

« Non, je ne crois pas que ce soit nécessaire. Laissez-nous le temps et les Sherbrookois seront heureux des noms choisis à l’avenir », termine le président du comité.