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On tue la une!

Le comportement grégaire des chevreuils ainsi que la forte densité du cheptel font de l’Estrie un territoire à haut risque. La vitesse de propagation de la grippe ou de la gastro chez les humains durant les rencontres familiales du temps des fêtes est une bonne façon de décrire le danger d’une possible épidémie.

CHRONIQUE / La redoutable maladie débilitante du cerf (MDC) est entrée au Québec. Même si la première victime est un cerf d’élevage d’une ferme des Laurentides, une sérieuse menace pèse sur notre abondant cheptel de cerfs sauvages si les risques de propagation ne sont pas contrés rapidement et efficacement.

Il aura cependant suffi que le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) évoque une possible interdiction de chasse localisée pour que la manchette se répande comme le scénario sombre d’une saison à oublier dans tout le Québec. Il n’en est rien

Chasseurs de l’Estrie, à vos armes : la saison de chasse à l’arc au chevreuil débutera, comme prévu, ce samedi dans la zone 4, et le samedi suivant dans les zones 6 nord et 6 sud. À moins d’une hécatombe et selon les variantes du calendrier de chasse, ce sera d’ailleurs le cas dans l’ensemble de la province à l’exception des zones 9 ouest et 10 est.

« S’il devait y avoir interdiction de chasse, elle ne frapperait pas l’entièreté de ces zones. Elle se limiterait au voisinage du secteur concerné afin de sécuriser ce périmètre et bien évaluer le rayon de propagation. Notre vigilance sera par contre renforcée dans l’ensemble du Québec pour être à l’affût du moindre signe de contamination », précise le porte-parole du MFFP, Nicolas Bégin

L’élevage de cerfs rouges étant considéré comme une production agricole, la filière administrative de l’Agriculture s’emploie de son côté à reconstituer le parcours de la bête infectée, son origine autant que ses déplacements, afin d’identifier d’autres points de vérification.

La maladie débilitante du cerf s’apparente à celle de la vache folle. Elle évolue lentement, mais les dommages causés au cerveau condamnent l’animal à une mort certaine.

« Une période de 18 à 48 mois peut s’écouler entre la contamination et l’apparition des symptômes. Les 9500 analyses effectuées de manière préventive au cours des dix dernières années sur des carcasses de cerfs de Virginie nous sécurisent par contre, puisqu’il n’y a encore jamais eu de cas en milieu naturel au Québec », précise M. Bégin.

« Le gouvernement du Québec n’a aucun intérêt à brimer les chasseurs puisqu’ils sont les précieux collaborateurs fournissant les bêtes à analyser. Nous partageons les préoccupations et nous souscrivons au devoir de vigilance. La transmission d’informations aux chasseurs ainsi qu’à la population en général est fondamentale afin de démontrer à quel point l’enjeu est grand », réagit pour sa part Alain Cossette, directeur général de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP).

L’information disponible sur le site mffp.gouv.qc.ca permet notamment d’apprendre que la Montérégie et l’Estrie sont les deux régions où ces vérifications ont été les plus fréquentes entre 2006 et 2017 puisqu’elles sont les plus propices à une contamination en provenance de la Nouvelle-Angleterre.

Le dernier cas de MDC répertorié avait été signalé en 2005 dans l’État de New York. Le plan d’intervention alors déployé par nos voisins américains a porté fruit.  

Le Québec a tout de même pris la décision d’interdire l’importation de carcasses de cerfs sur son territoire à moins que la tête n’en soit détachée. Auparavant, ce n’était qu’une formalité aux douanes canadiennes de rapporter une carcasse entière d’une excursion de chasse au Vermont ou au New Hampshire.

Le comportement grégaire des chevreuils ainsi que la forte densité de son cheptel font de l’Estrie un territoire à très haut risque. La vitesse de propagation de la grippe ou de la gastro chez les humains durant les rencontres familiales du temps des fêtes est une bonne façon de décrire le danger d’une possible épidémie.

Il n’est pas recommandé de manger la viande d’une bête qui est atteinte de la MDC. Comme rien ne porte à croire que ce soit le cas en Estrie ou ailleurs au Québec, les chasseurs n’ont pas à craindre de consommer la venaison rapportée.