Situation de crise: JEVI aimerait avoir sa part

Annuellement, une cinquantaine de personnes se suicident en Estrie, selon les données de JEVI.

L’organisme sherbrookois JEVI, qui fait de la prévention du suicide en Estrie, aimerait avoir sa part des 9 M$ sur trois ans qui ont été annoncés par Québec pour bonifier les services d’aide en situation de crise.


Les trois millions de dollars par année, qui ont été annoncées par le gouvernement Couillard il y a deux semaines, touchent le service d’accueil, analyse, orientation et référence (AAOR), le service de consultation téléphonique psychosociale (Info-Social), accessible en tout temps au numéro 8-1-1 et le service d’intervention de crise dans le milieu 24/7, selon le communiqué de presse de la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie. 

Or le Regroupement des centres de prévention du suicide du Québec (RCPSQ) et JEVI déplorent de ne pas avoir leur part du gâteau.

« C’était une bonne nouvelle pour nous, jusqu’à ce qu’on voit que le 9 M$ serait réservé pour les CSSS et les CIUSSS. On se questionne, tout comme la RCPSQ, à savoir où est la place des centres de prévention du suicide là-dedans », explique en entrevue avec La Tribune la directrice générale de JEVI Estrie Tania Boilar.

D’autant plus que la gestionnaire déplore devoir composer avec un budget trop serré. « On a toujours un déficit anticipé d’autour de 65 000 $, juste pour arriver de manière équilibrée dans notre budget. On ne parle pas d’ajouter des services, ni d’ajouter ce qu’on a coupé, ce qui serait essentiel à mon avis », analyse-t-elle.

« La majeure partie de notre budget va directement au service à la population, poursuit Mme Boilar. On fait le maximum d’efforts pour réduire les coûts. On va chercher 40 % de notre budget avec l’aide de la population. Malgré ça, on a toujours des déficits anticipés. Cette année, on l’a commencée en sachant qu’on la finirait dans le moins. Les subventions du gouvernement restent stables d’année en année, donc il faut redoubler d’efforts pour essayer de terminer l’année de façon équilibrée. »

Dans les dernières années, JEVI a dû couper dans les services, mais demeure disponible sur le terrain. « On fait beaucoup d’interventions sur le terrain, on se déplace à domicile, on s’assure des suivis au bureau et à l’extérieur. Quand il y a un décès dans la région, on se déplace presque immédiatement. L’intervention téléphonique, ce n’est qu’une partie du service », rappelle-t-elle. 

Les coupes ont particulièrement touché le service aux gens endeuillés. « Avant, on était en mesure de faire des suivis individuels avec eux sur plusieurs semaines. J’ai suivi des endeuillés durant un an lorsque j’étais intervenante. On a dû prioriser nos services aux personnes suicidaires », note-t-elle, ajoutant que des services aux endeuillés sont encore disponibles. 

Une chose est sûre, JEVI aide des citoyens à se remettre sur pied. « On a des commentaires des gens. Les statistiques nous démontrent qu’il n’y a pas plus de suicides d’année en année. Le taux de suicide reste stable, mais nos interventions augmentent. Ça prouve que les gens demandent de l’aide à la place de causer un geste regrettable », estime Mme Boilar.

Annuellement, une cinquantaine de personnes se suicident en Estrie, selon les données de JEVI.

Les gens en détresse peuvent appeler JEVI au 819 564-1354.