Chronique|

Le scoutisme montréalais

La chasse et le trappage de coyotes en Estrie contribuent à tenir ces canidés à distance, prévenant ainsi les intrusions urbaines comme celle vécue présentement à Montréal.

CHRONIQUE / Les risques sont moindres ces temps-ci, à Montréal, d’écoper d’une balle perdue lors d’un règlement de comptes entre motards ou d’être attaqué par des membres d’un gang de rue que de se retrouver face à un coyote agressif.


« La règle de base : on ne nourrit pas le coyote. On ne lui donne pas d’eau. Surtout on ne s’en approche pas pour prendre un selfie » a demandé mercredi matin à ses citoyens la mairesse Valérie Plante.

Le genre de consignes que l’animatrice d’une troupe de scouts élargit aux ours et aux ratons laveurs avant de sortir la marmaille pour une excursion de deux jours en forêt. Ce n’est pas un éloge à l’intelligence de masse.

Ce qu’il nous paraît idiot et stupide, le coyote de la bande dessinée des Looney Tunes incapable d’attraper Roadrunner. S’il avait été de l’époque des téléphones intelligents, peut-être aurait-il finalement réussi à mettre la main au collet du géocoucou en lui proposant un égoportrait.

Dans la vraie vie, les coyotes sont malins. Opportunistes, surtout. Comme le sont d’ailleurs tous les animaux sauvages ou domestiques. 

À part le pelage et les yeux, notre chatte n’a rien d’une panthère. Elle se colle et ronronne, une affection si généreuse qu’on l’interprète comme une éternelle reconnaissance.

Pas pantoute! 

Dès que l’estomac commence à crier famine, la convenance devient de l’impatience exprimée avec des miaulements insistants et insupportables. Pour acheter la paix et la faire taire, ma blonde s’empresse alors de remplir son bol...

Eh oui, notre coloc a dompté sa maîtresse. Elle l’a soumise à ses quatre volontés et cela, sans même avoir eu à menacer en sortant les crocs.

Qu’est-ce qui se passe dans la tête d’un coyote ben blood avec qui vous êtes presque copain un matin, mais qui revient de mauvais poil parce qu’affamé le lendemain? Au lieu d’être son pourvoyeur, son sauveur, vous devenez son concurrent pour de la bouffe rare.  

Ça ne se passe pas autrement dans l’univers de Bambi. Les plus gros cerfs, les mâles les plus costauds ou les femelles plus en muscles parce qu’elles n’allaitent pas de faons (les portées de deux sont fréquentes), mangent à leur appétit et leur façon d’écarter les autres du plat est beaucoup moins élégante que ses bonds gracieux,

Selon les statistiques compilées par le gouvernement provincial (voir tableau), les trappeurs capturent cinq à six fois plus de coyotes au Québec qu’il y a 30 ans. 

« Bon an mal, ma récolte de coyotes est toujours sensiblement la même. Cela traduit une certaine stabilité. Notre contribution à l’équilibre nous vaut malheureusement beaucoup plus d’ingratitude que de reconnaissance » déplore le trappeur d’expérience Laurent Cloutier.

Ayant gagné en popularité en Estrie, la chasse aux coyotes est une autre façon de tenir l’espèce à distance des zones urbaines. La récolte des chasseurs n’est toutefois pas comptabilisée

« Cessons tout prélèvement durant quelques années dans la région et je vous assure que le problème de coyotes vécu à Montréal ne tardera pas à se poser en périphérie de Sherbrooke » soutient le chasseur Simon St-Onge.

Rappelons qu’une meute de coyotes a été aperçue l’an dernier dans l’arrondissement de Fleurimont. N’ayant pas été revue depuis, tout porte à croire qu’elle ne s’est pas installée en permanence dans ce secteur malgré l’abondance de chevreuils, une des proies des canidés.

Le criminologue Rémi Boivin a ainsi imagé les disparités du niveau de criminalité entre les différents quartiers de Montréal : « Les cartes du crime, ce sont des cartes de l’activité humaine ».

De la même façon, les cartes de la menace animale sont des cartes de l’activité animale et suivant cette logique, l’instinct de survie passe bien avant les sentiments dans la cohabitation avec les humains.

À inscrire dans le prochain cours de scoutisme offert aux Montréalais.