« J’ai essayé d’avoir de l’aide ou du financement, mais toutes les fois que j’ai cogné à des portes, ça n’a pas fonctionné. Dès qu’on soumet un projet à des entités comme Commerce Sherbrooke, c’est comme si ça passait dans le beurre. Il y a des gens qui sont venus. À la première rencontre, j’étais sûre qu’ils allaient m’aider. Ils sont revenus pour m’annoncer qu’ils n’allaient pas m’aider », déplore Monique Sirois, propriétaire de la boutique depuis cinq ans, ajoutant qu’il n’y avait pas de raison particulière à ce refus.
De plus en plus, les clients des friperies se dirigent vers les grands noms.
« Avec le Village des valeurs et les loyers qui sont de plus en plus chers, c’est difficile. Je tente de faire comprendre que je suis ici pour la communauté. Cependant, on dirait que ça ne passe pas. Je suis allée à une réunion d’un groupe de commerçants et beaucoup de gens se sont vantés qu’ils m’aideraient, que je n’avais qu’à leur téléphoner. Finalement, ça a été non », dit-elle, visiblement triste de la situation.
« Je fais des ventes de garage pour me faire connaître, et ça fonctionne bien, poursuit Mme Sirois. Par contre, je n’arrive pas à avoir de fonds de réserve. Malgré mes efforts, je n’ai pas d’aide et c’est ce que je trouve difficile. Les gouvernements me disent qu’ils ont des enveloppes, mais ça coûte jusqu’à 700 $ pour soumettre un dossier. »
« On peut dire que je boucle le budget, mais que je ne vis pas riche. On frappe les portes aussi dans les banques », mentionne celle qui a investi 50 000 $ dans cette friperie et qui a des frais mensuels de 1200 $ par mois.
Mme Sirois offre aussi des ateliers pour les femmes en difficulté, donne des cours de tricot et fait du café lorsqu’une femme se sent triste. « Ce n’est pas tout le monde qui a plusieurs centaines de dollars à mettre dans les vêtements. Je regarde le nombre de sacs que les gens ont au centre commercial et il y a une lacune. On doit se poser des questions. C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi on n’a pas un peu d’aide. Je veux juste survivre », assure-t-elle.
Préjugés
Les friperies sont encore victimes de grands préjugés, notamment concernant la salubrité des vêtements.
« Les gens trouvent qu’une friperie, ça a l’air sale. Ici, je vends plus des vêtements chics et haut de gamme, mais à de très bons prix. On peut voir une chemise Tommy Hilfinger à sept dollars et les gens ne paient pas de taxe. Il y a des tabous là-dessus, moi je lave. Ce ne sont pas seulement les gens pauvres qui viennent magasiner ici, ma meilleure clientèle est la classe moyenne, car le coût de la vie est élevé. Les gens coupent dans les vêtements », commente Mme Sirois.
À lire aussi : En ligne afin d’éviter un déménagement