Pédaler en pensant aux autres

Au départ, Stéphane Reynolds s’offrait un cadeau à lui-même pour ses 50 ans, sans trop faire de vagues. Il était loin de se douter que son aventure allait prendre autant d’ampleur. Avec quelque 800 personnes suivant sa traversée du Canada à vélo sur Facebook et plus de 20 000 $ en dons amassés, il aura non seulement offert des fonds importants aux causes appuyées, mais il en aura inspiré plus d’un.


« Je ne suis pas un sportif né, je n’ai pas d’aptitudes physiques. Si on avait pu me faire couler le cours d’éducation physique au primaire, on l’aurait fait », lance Stéphane Reynolds, en mesurant toute l’ironie de ce propos pour un homme qui a parcouru 7800 kilomètres à vélo en 60 jours.

Je ne voulais pas appuyer n’importe qui. Des causes, il y en a des milliers. Je cherchais des causes qui viendraient me parler personnellement et des causes qui ont moins de chances d’avoir de la visibilité.

L’avocat de profession s’est lancé ce défi vers l’approche de la quarantaine, se laissant une dizaine d’années pour se préparer. « Le constat que j’ai fait vers 40 ans c’est “tu n’as pas pris soin de toi”. De mauvaises habitudes de vie, un surplus de poids... J’ai eu mes enfants jeunes, avec les études en droit, la vie me menait. Ce n’est pas moi qui décidais de ma vie. »

À l’époque, de 2002 à 2006, M. Reynolds était entraîneur à la réussite académique pour les étudiants athlètes du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke, tout en y étant chargé de cours. « J’étais le coach pour tous les aspects académiques. Si tu veux prétendre que tu es le coach de gars qui s’entraînent, il faudrait que tu fasses un peu d’efforts ! »

C’est après ces réflexions que Stéphane Reynolds a commencé à enfourcher son vélo pour se tenir en forme. « Il me fallait quelque chose de plus motivant que juste aller faire du vélo », explique-t-il. De là l’idée d’une traversée du Canada est apparue.

« Le projet était assez gros pour me motiver, me donner une raison d’aller rouler. » Le cycliste ne faisait donc pas du vélo pour s’entraîner, mais pour préparer son voyage. Il y avait toujours un objectif.

S’associer à des causes

C’est seulement dans la dernière année avant son départ que l’idée de faire le trajet pour amasser des fonds survient. « Les gens me demandaient “Mais là tu fais ça pour quoi ? Comment on peut t’aider ?” Et je leur disais que c’était un cadeau à moi de moi pour mes 50 ans, je le fais et c’est tout », explique le cycliste. Et puis plus la date du départ approchait, plus l’idée faisait du chemin dans la tête de M. Reynolds.

« Je ne voulais pas appuyer n’importe qui. Des causes, il y en a des milliers. Je cherchais des causes qui viendraient me parler personnellement et des causes qui ont moins de chances d’avoir de la visibilité. Il y a l’idée d’amasser de l’argent et celle d’augmenter le niveau d’éveil des gens à ces causes-là. »

En s’associant avec Autisme Estrie, c’est à son neveu que Stéphane Reynolds pense. « Il y a une face à mettre dessus. Il est le seul neveu que j’ai et que j’aurai, je pense. Et je me sens limité dans mes interactions avec lui. »

L’avocat de profession a choisi cette cause locale pour assurer des fonds à l’équipe de soutien. Lorsque les parents de ces enfants malades ne seront plus là, ce sont ces organismes qui tâcheront d’offrir le soutien nécessaire.

Pour la Maison Aube-Lumière, c’est en pensant à son ancien associé, son ancien camarade de classe Sébastien Duchesne, que le cycliste a choisi cette cause. Le fonds créé en son nom existe pour offrir des lieux d’activités pour les familles en visite d’un proche mourant. « Le temps qu’il était là, il a amené les gens à réfléchir sur eux-mêmes. La réalité, c’est qu’il a laissé une petite famille en arrière. »

C’est ce qu’il manquait à la Maison Aube Lumière, des lieux pour divertir la famille, pour amuser les jeunes enfants qui ne comprennent pas encore l’ampleur de ce qui s’y passe. Le Fonds Sébastien Duchesne est né après le passage de ce dernier. Il s’agit d’une initiative de M. Reynolds et d’amis proches.

« En m’associant aux causes, je savais que lorsque je trouverais ça plus difficile, je me dirais “Veux-tu avoir le cancer pour une journée ? Veux-tu être dans la peau d’un autiste pour 24 h, dans un monde où personne ne te comprend ?” Non, alors je vais continuer de pédaler. »

Stéphane Reynolds prévoit organiser des conférences pour partager son aventure, avec de multiples sujets qui peuvent coller à tous les types de publics. « Je ne pensais jamais que ça irait jusque là. Ce projet-là a été un cadeau de moi à moi, mais c’est aussi devenu un cadeau à tous. »