André Desjardins : faire le grand saut pour être libre

Le sculpteur André Desjardins.

Qui ne souhaite pas être libre? Mais encore faut-il oser embrasser sa liberté. Les deux plus récentes sculptures de l’artiste André Desjardins explorent justement ce thème. L’objectif n’est pas simplement de la revendiquer ou d’en vanter les mérites : le sculpteur évoque également le courage qu’il faut démontrer pour faire le grand saut et se choisir soi-même.


André Desjardins et sa conjointe, Hélène Bélanger-Martin, ont eux-mêmes effectué des choix importants durant les dernières années. Des choix qui les ont fait entrer dans un nouveau chapitre de leur vie à deux.

Le couple a ainsi quitté la région de Montréal pour s’établir de manière permanente dans le secteur de Magog, auquel ils étaient tous deux déjà attachés. Les deux conjoints ont par surcroît fermé leur galerie montréalaise pour en ouvrir une au centre-ville de Magog.



« On n’avait plus besoin d’être à Montréal et on voulait se concentrer sur mes créations, au lieu d’avoir une galerie exposant des œuvres de plusieurs artistes comme celle qu’on avait avant. On a réellement changé de vie en venant nous installer ici. On profite d’une liberté qu’on n’a pas eue depuis un moment », explique André Desjardins.

Si la nouvelle galerie ne présente que des sculptures et des toiles signées Desjardins, elle se nomme malgré tout Galerie Roccia, tout comme celle de Montréal auparavant.

Cela dit, le sculpteur et sa compagne ne regrettent nullement la fermeture de la galerie montréalaise. Plusieurs amateurs d’art qui s’intéressaient au travail du sculpteur ont continué à le suivre en dépit du déménagement. Et une nouvelle clientèle plus abondante que prévu a découvert l’artiste depuis l’ouverture de la galerie en bordure de la rue Sainte-Catherine, à Magog.

Une des sculptures d’argile exposées.

« Chez Roccia à Montréal, on souhaitait que les gens vivent une expérience, note Hélène Bélanger-Martin. Notre approche n’a pas changé de ce point de vue là. Plusieurs de nos visiteurs nous disent d’ailleurs, quand ils quittent nos locaux, qu’ils ne verront plus la sculpture de la même manière. »



Œuvres en argile

Présentement, les visiteurs peuvent découvrir les deux plus récentes sculptures d’André Desjardins à la nouvelle Galerie Roccia. Les deux œuvres sont en argile, mais sont destinées à devenir des bronzes.

« En montrant ces sculptures en argile au public, on donne la chance aux gens de voir des œuvres à l’état brut. Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’œuvre en argile est détruite par la suite. Il s’agit d’un travail éphémère dans un sens », mentionne Hélène Bélanger-Martin.

Pour préserver ces sculptures d’argile, le couple doit prendre des mesures spéciales entre les moments où elles sont présentées au public. « Je vaporise de l’eau dans des sacs en plastique que je place ensuite sur elles. Je rajoute un second sac par-dessus pour m’assurer que l’humidité demeure élevée en tout temps sous le plastique. »

Les deux œuvres figuratives, intitulées Le parcours et Le grand saut, tentent d’illustrer l’état d’esprit de personnes ayant réussi à briser des cordes qui limitaient leurs mouvements. « Oser être libre, c’est se choisir et dire non à ce qui ne nous convient plus pour nous rapprocher de ce qu’on est vraiment. C’est accepter de se mettre momentanément en déséquilibre, de se déraciner et d’ouvrir grandes ses voiles pour que le vent les gonfle. »

Avec ses œuvres plus récentes, André Desjardins espère pouvoir s’attaquer au marché européen. Il demeure présent dans le marché nord-américain grâce à l’agence de renom Masterpiece Publishing, mais désire élargir ses horizons sans intermédiaire.

À la fin de la belle saison, sa conjointe et lui-même quitteront le Québec pour le Mexique, où le sculpteur s’affairera à préparer de nouvelles œuvres. « On a trouvé un atelier d’artiste de toute beauté dans la jungle, à 15 minutes de l’océan. Ce sera une belle expérience, mais l’objectif sera vraiment de travailler », précise Hélène Bélanger-Martin.