«Plusieurs personnes ont été rencontrées par les enquêteurs. Selon les informations que nous avons actuellement, le dossier ne comporterait qu’une seule personne suspecte et il s’agit de la mère de l’enfant, Audrey Gagnon», a déclaré l’agent Mélanie Jobin, porte-parole de la police. C’est donc dire que l’homme qui se serait trouvé dans l’appartement de la rue Gaspard en compagnie de la mère et de la fille mardi ne devrait pas faire l’objet d’accusation.
Un témoin qui se trouvait dans l’appartement voisin avait déclaré au Soleil et aux policiers la semaine dernière qu’il avait entendu un enfant pleurer et un homme crier dans le logement où se trouvaient Audrey et Rosalie Gagnon. Un homme aurait hurlé: «Ferme ta yeule, tab..., j’t’écoeuré!» en frappant dans le mur alors qu’il entendait la fillette pleurer. Plus tard, il aurait lancé «Pu capable de l’entendre, cr... Fais de quoi!» en direction d’Audrey Gagnon.
Audrey Gagnon a été arrêtée pour meurtre par la police de Québec, mais des accusations de meurtre n’ont toujours pas été déposées contre elle par le substitut du procureur général. Elle fait pour l’instant l’objet d’accusations de méfait, d’entrave au travail des policiers et de non-respect d’engagement et reviendra devant le tribunal mercredi. C’est elle qui aurait guidé les enquêteurs vers la dépouille de sa fille qui se trouvait dans un bac à ordures sur la rue de Gaulle.
La police de Québec indiquait lundi que son enquête dans ce dossier avait largement progressé même si elle n’était pas encore terminée, les policiers n’ayant toujours pas, entre autres, retrouvé l’arme du crime. Le poste de commandement situé dans le quartier où la fillette a été découverte a aussi été démantelé.
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PLUS DE 150 PERSONNES ATTENDUES À LA MARCHE SILENCIEUSE
La population de la région de Québec a tellement été touchée par le décès tragique et violent de la petite Rosalie Gagnon, 2 ans, qu’une marche silencieuse organisée spontanément par une mère de famille risque d’attirer plus de 150 personnes mardi soir à Québec.
Pourtant, Amélie Tremblay, 33 ans, ne connaissait pas la petite Rosalie ni sa famille. En fait, la femme de 33 ans et mère de trois enfants ne réside même pas à Québec, elle habite Pintendre, sur la rive sud du Saint-Laurent. La tragédie l’a cependant tellement bouleversée qu’elle a décidé de faire quelque chose pour rendre hommage à l’enfant décédée. «Quand c’est arrivé, j’ai collé ma petite fille de 4 ans et je n’arrête pas de lui dire que je l’aime», explique celle qui a aussi des enfants de 12 et 14 ans.
«J’ai décidé d’organiser ça, car j’ai été très touchée par le décès de la petite Rosalie», explique au Soleil Mme Tremblay. «Au départ, je croyais qu’on serait 15 ou 20 à marcher, mais depuis, plus de 150 personnes ont démontré de l’intérêt», poursuit-elle au sujet de la marche qui débutera au 5055 avenue de Gaulle, endroit où la fillette a été retrouvée, pour se rendre à la Terrasse Bon Air, où sa poussette avait été retrouvée.
«C’est la région de Québec au complet qui est en deuil, surtout les parents de jeunes enfants. Ceux à qui j’ai parlé sont complètement bouleversés, j’ai rarement vu un événement qui touche autant de gens. Le but est de se recueillir. Moi, je n’arrivais plus à dormir depuis mercredi. L’image de cette petite fille me hante», poursuit celle qui a passé une partie de la journée de lundi près du site où a été découvert le corps de la fillette. «Il y a encore des gens qui vont porter des toutous sur place, c’est vraiment particulier l’émotion que provoque encore ce drame», souligne-t-elle.
Moi, je n’arrivais plus à dormir depuis mercredi. L’image de cette petite fille me hante
En effet, encore lundi, les gens continuaient de déposer des animaux en peluche devant la résidence où a été retrouvé le cadavre de la petite Rosalie. Rencontré sur place, un homme qui avait connu la mère de la fillette, Audrey Gagnon, quand celle-ci avait 14 ans, a avoué avoir été très touché par les événements. «Elle avait déjà des problèmes de drogue dans le temps, mais je ne m’attendais jamais à ce que ça vire comme ça», a-t-il raconté aux médias. «Je pense que la DPJ aurait pu agir plus vite. Quand elle est rentrée en prison pour voies de fait et qu’elle était enceinte, pourquoi ils lui ont laissé son enfant quand elle est sortie?» s’interroge-t-il.
Louis, un jeune père de famille, tenait lui aussi à se recueillir devant la montagne d’animaux en peluche en compagnie de sa fille adolescente. «Je trouve ça tellement triste, je voulais avoir une pensée pour Rosalie.... Il n’y a pas grand-chose d’autre à dire...», a-t-il laissé tomber.
Pour Claudette Denis et sa fille Manon, l’émotion était à son comble. Claudette Denis, qui est arrière-grand-mère, était incapable de retenir ses larmes et Manon avouait penser au drame tous les jours. «Il n’y a pas une journée que je n’y pense pas. Je l’ai vue [Rosalie] partir en civière... Ça se peut pas... Sa mère avait des problèmes», a pour sa part ajouté Manon Denis.
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