« Le budget est intéressant politiquement si on pense aux investissements importants dans la recherche et l’emphase mis sur l’équité hommes-femmes, les autochtones et la lutte contre la crise des opioïdes. Par contre, c’est le néant du côté de la fiscalité. Il n’y a rien concernant la relève au sein des entreprises, rien concernant la taxation du numérique, rien concernant les paradis fiscaux et rien pour améliorer la compétitivité des entreprises », souligne M. Létourneau.
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Des mesures du budget qui touchent le portefeuille
Des avancées… à mesurer en région
Même son de cloche de la part du monde syndical.
« Le fait que le Canada imite le Québec pour ce qui est de l’équité salariale hommes-femmes et le congé parental est très positif, renchérit Jean Lacharité, 2e vice-président de la CSN. Mais j’ai une grande déception en ce qui concerne les paradis fiscaux. Il y a énormément d’évasion fiscale et le gouvernement n’a pas le courage de s’y attaquer. Résultat : les entreprises, qui sont parfois milliardaires, n’assument pas leurs responsabilités par rapport aux mesures sociales qui diminueraient la pauvreté et les injustices économiques. »
Le monde des affaires reste également sur sa faim. « C’est un budget très progressif et très vertueux. On peut applaudir l’annonce de plusieurs éléments. Par contre, les PME avaient des demandes et je n’ai pas vu grand-chose de ce côté-là. Le budget ne parle pas de la taxation des produits achetés en ligne et il n’y a pas de réponses aux incitatifs fiscaux annoncés aux États-Unis », note le président de la Chambre de commerce de Sherbrooke, Claude Denis.
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L’absence de la taxation du numérique dérange l’ensemble des intervenants interviewés par La Tribune puisqu’elle engendre une « grande injustice » pour les joueurs du commerce du détail. « Le fédéral persiste à ne pas taxer alors que plusieurs pays occidentaux le font. C’est très dogmatique », note M. Létourneau.
La compétitivité des entreprises non soutenue
Aucune mesure du budget n’encourage une amélioration de la compétitivité des entreprises. « On aurait pu parler d’amortissement accéléré, de crédit d’impôt à l’investissement. Il n’y a rien pour favoriser l’automatisation, une solution à la pénurie de main-d’œuvre », ajoute le fiscaliste.
Le retrait des baby-boomers du monde des affaires au cours des prochaines années engendrera des conséquences économiques importantes et les mesures fiscales en vigueur ne favorisent pas la relève entrepreneuriale.
« On assistera à un transfert massif d’entreprises entre les générations au cours des années à venir et le gouvernement n’a toujours pas réglé la fiscalité lorsque la vente se fait entre membres d’une même famille. C’est technique, mais l’utilisation de l’exonération du gain en capital est impossible entre membres d’une même famille alors ça devient plus facile de vendre à des étrangers plutôt qu’à ses enfants. De budget en budget, le gouvernement fédéral ne bouge pas », relate M. Létourneau.
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Autre déception pour le syndicaliste Jean Lacharité : les changements insuffisants quant à l’assurance-emploi. « On injecte 80 M$, mais on demeure à 40 pour cent d’accessibilité pour l’assurance-emploi, car les mesures pour y accéder sont trop restrictives. »
Quant au maire de Sherbrooke, il est déçu des retombées fiscales que générera le cannabis à court terme pour la ville. « Aussi, l’épaisseur des journaux diminue et c’est pas normal. Je crois que l’aide apportée à l’information régionale est insuffisante. Aussi, je crois au logement abordable, j’ai besoin de budget pour ça », soutient Steve Lussier.
Le fait que le retour à l’équilibre budgétaire ne soit pas planifié fatigue également les intervenants interrogés par La Tribune. « Ça ne m’empêche pas de dormir, mais une hausse du taux d’intérêt rapide et l’arrivée d’une crise économique pourraient rendre les choses difficiles », commente M. Létourneau.
« Je donnerais une note de 9/10 pour le volet politique et 1/10 ou 2/10 pour le volet fiscalité », conclut M. Létourneau.
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