Aliments Jardi : En français et en arabe

Près de la moitié des 65 employés des Aliments Jardi sont issus de l’immigration. Cette proportion augmente sans cesse.

La pénurie de main-d’œuvre touche la grande majorité des industries du Québec. Des chefs d’entreprise optent pour la créativité quand vient le temps de contrer ce problème. Les six quotidiens du Groupe Capitales Médias ont répertorié une douzaine de « bonnes idées ». À lire jusqu’au 16 janvier.


Près de la moitié des 65 employés de l’entreprise sherbrookoise sont issus de l’immigration. Cette proportion grimpe énormément si on ne prend que les emplois en production et dans l’entrepôt.

« Mes deux contremaîtres de production sont d’origine marocaine, ceux à l’entrepôt sont syriens et irakiens et la personne aux ressources humaines est tunisienne, indique Maxime Busseau, directeur général de l’entreprise de distribution, importation et transformation d’aliments secs. Tous ces gens-là parlent arabe. Je suis donc en mesure d’embaucher des gens qui ne parlent pas ou très peu français ou anglais. Ils peuvent communiquer avec leur contremaître dans leur langue, le temps qu’ils apprennent le français. C’est notre grande force. »

Le ratio des immigrants augmente rapidement dans l’entreprise. En 2015, ils constituaient environ 50 % des employés de soir. Aujourd’hui, il n’y en a qu’un seul qui ne provient pas des communautés immigrantes. Les immigrants occupent en fait une place si importante chez les Aliments Jardi que certaines des consignes sont même traduites en arabe.

« Toutes les consignes très importantes dont les gens doivent se souvenir sont affichées en français, en anglais et en arabe », confirme M. Busseau.

Les affiches pour distinguer par exemple l’espace réservé aux pièces et ustensiles propres et celle pour les pièces sales sont traduites.

« On fait aussi des formations en arabe, poursuit M. Busseau. Pour les trucs plus compliqués comme les assurances collectives, j’ai demandé à mon fournisseur d’avoir un interprète au téléphone pour répondre aux questions de mes employés. »

Plusieurs affiches sont traduites en arabe dans l’usine pour permettre aux employés ne maîtrisant pas le français de fonctionner.

Un défi inusité
La proportion élevée d’immigrants fait en sorte qu’il est beaucoup plus facile pour Maxime Busseau de trouver des gens pour travailler les soirs que de jour.

« Le jour, ils sont à l’école pour apprendre le français et lorsqu’ils ont appris suffisamment, souvent ils vont vouloir aller vers un emploi avec un meilleur salaire ou un emploi qui cadre avec leurs études. Nous avons des gens avec toutes sortes de diplômes. On les encourage à le faire. La plupart du temps lorsqu’ils démissionnent, ils arrivent avec le CV de quelqu’un qui pourrait les remplacer. »

Le taux de roulement est donc très élevé dans l’entreprise. Les Aliments Jardi, qui livrent chez 450 clients un peu partout au Québec, engagent environ un employé par semaine. Il est même déjà arrivé d’en embaucher cinq dans la même journée.
Mais même en embauchant plusieurs immigrants, dont certains qui ne parlent pas français ni anglais, les Aliments Jardi ont eu de la difficulté à pourvoir les postes nécessaires durant l’automne.

« J’ai dû faire affaire avec une entreprise à l’externe pour faire de la production de jour, admet Maxime Busseau. J’ai beaucoup de difficulté à trouver des gens pour la journée puisque mes employés suivent presque tous des cours de francisation. Je regarde même avec Emploi Québec pour faire des cours à même l’entreprise. »

Les Aliments Jardi reçoivent une subvention pour les 26 premières semaines de salaire des nouveaux employés.

« Ça nous donne une chance. On garde tous les employés par la suite, confirme M. Busseau. Je ne crois pas que ces gens-là quittent leur pays pour venir profiter de notre système. Ils veulent contribuer à la communauté et tant mieux si on est capable de les aider à faire un premier pas sur le marché du travail. Ils sont tous très fiers de travailler ici. »

Près de la moitié des 65 employés des Aliments Jardi sont issus de l’immigration. Cette proportion augmente sans cesse.

Le père Gabi

Le père Gabi Sarkys de l’Église syriaque orthodoxe Saint-Ephrem de Sherbrooke a une relation bien particulière avec Les Aliments Jardi.

M. Darkys est responsable des réfugiés syriens et irakiens qui viennent s’installer à Sherbrooke. Il les accueille à leur arrivée au pays et les aide à s’installer dans la région. Il les aide également à se trouver un emploi.

« On blague souvent en disant qu’il attend les gens à l’aéroport avec une affiche des Aliments Jardi, lance Maxime Busseau. Il nous appelle et nous demande ce qu’on cherche et nous présente ses meilleurs candidats. Il sait qu’on est capable de prendre des gens qui ne parlent pas français. Tout ce qu’on demande c’est un numéro d’assurance sociale. » 

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