Par exemple, le restaurant Las Palmas sert la cuisine locale directement sur la plage depuis trois générations. Le chef Sergio Contreras a d’ailleurs revisité les recettes familiales, servant un excellent aguachile aux fruits de la passion.
En soirée, si le vent frisquet de la plage nous pousse à nous en éloigner, le choix parmi tous les restaurants qui animent les rues coloniales est particulièrement difficile.
Mais l’arrêt le plus intéressant à San Francisco, connu au pays sous le nom de San Pancho, ne réside ni dans son blond sable fin ou ses délicieux fruits de mer. C’est plutôt le centre communautaire Entreamigos, dont le travail a été souligné par nul autre que le dalaï-lama, parce qu’il a été le premier à mettre sur pied un programme de recyclage dans toute la province de Nayarit.
La coordonnatrice bénévole Andrea Ruiz raconte que l’initiative a vu le jour il y a une douzaine d’années grâce à une Américaine qui s’était rendue à San Pancho pour des vacances de deux mois. Aujourd’hui, elle vit au Mexique à temps plein.
« Au départ, elle invitait ses amis à enseigner de nouvelles connaissances aux enfants. Les cours se tenaient sous un grand manguier », raconte Mme Ruiz.
De fil en aiguille, le centre communautaire a vu le jour, a permis de recycler de vieux entrepôts pour accueillir les moins nantis, les enfants, les bénévoles. Le grand manguier n’est plus, a été abattu. Un arbre de métal, fait de matières recyclées, a été construit en sa mémoire à l’entrée du centre communautaire.
Au moins 80 % de ce qu’on aperçoit dans le centre communautaire a été recyclé. Un plafonnier, construit avec des bouteilles de plastique enduites de peinture, fait office de décoration. Des bouchons ont été récupérés pour faire des murales.
Le centre compte une bibliothèque, un fait rare pour une ville aussi petite. L’internet sans fil permet aux enfants de faire leurs devoirs dans un environnement où des bénévoles peuvent leur venir en aide. Et parce qu’ils prêchent par l’exemple, les plus vieux doivent aussi acquérir de nouvelles compétences jour après jour.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/OC2SEIXTNZHL7NQIYA4BCMROSA.jpg)
Dans la cour arrière, le plastique, le métal et le carton récupérés dans les cloches déposées en ville s’accumulent. « Pour cinq tonnes de verre brisé de la même couleur, on obtient environ 30 $. Ça ne couvre même pas les frais de transport pour acheminer le verre vers une usine de transformation », explique Andrea Ruiz.
Qu’à cela ne tienne, il n’est pas question de cesser le recyclage. On prône donc la réutilisation. Les bouteilles seront transformées sur place. Elles sont par exemple lavées et coupées pour en faire des verres qui porteront le logo d’Entreamigos.
« On essaie non seulement d’enseigner le recyclage, mais aussi comment consommer de façon responsable », ajoute Mme Ruiz.
Le centre compte une chambre d’invités pour les gens dans le besoin, une cuisine, un jardin communautaire et un magasin.
Les bananiers se trouvant dans la cour sont arrosés avec l’eau des éviers des salles de bain, où le savon est biodégradable.
Les activités du centre ne reçoivent aucune aide du gouvernement. Seuls les dons et le travail des bénévoles leur permettent d’exister.
Et quand on s’aventure dans un ancien entrepôt derrière le bâtiment d’accueil, on découvre le Circo de los ninos, le Cirque des enfants. L’annexe du centre communautaire, où les rudiments du cirque sont enseignés à des jeunes de 5 à 18 ans, compte maintenant plusieurs dizaines d’élèves.
À l’origine, en 2011, l’initiative lancée par le cofondateur du Cirque du Soleil, Gilles Ste-Croix, et sa femme Monique Voyer, des Mexicains d’adoption, devait permettre la tenue d’un spectacle qui financerait les activités du centre communautaire.
Le succès de l’entreprise a par la suite permis de fonder ce qui constitue aujourd’hui une véritable école de cirque, notamment pour enseigner aux jeunes à développer leur confiance en eux. Trampoline, unicycle, trapèze, poutre, les disciplines sont nombreuses. Si le Cirque du Soleil a fourni du matériel, l’école, elle, n’a pas de liens directs avec l’organisation.
Au premier regard, partout sur les murs, les grandes affiches semblent tirées de spectacles de cirques professionnels. Ce sont pourtant des photos croquées pendant les représentations du Circo de los ninos.
Le discret établissement a-t-il permis de former de grands acrobates? Un premier diplômé vient tout juste de terminer sa formation et travaille désormais à Mexico, confie une fière bénévole.
De la rue, ces anciens entrepôts passent presque inaperçus. Mais derrière leurs murs, on découvre tout un pan du quotidien à San Pancho.
Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com
Le journaliste était l’invité de Riviera Nayarit Convention and Visitors Bureau et Finn Partners.