Les défis du retour au travail après la maladie

Nathaly Goudreault

« Travailler sans soutien » ou « quitter la population active » : voilà le dilemme auquel sont confrontés de trop nombreux Canadiens.


En effet, une étude démontre que la moitié des Canadiens de plus de 20 ans sont atteints d’une maladie chronique (arthrite, parkinson, diabète, fibromyalgie, épilepsie ou maladie de Crohn, entre autres).

Chaque année, ces maladies chroniques causent des pertes de productivité qui grèvent l’économie canadienne d’environ 122 milliards de dollars, soit environ six pour cent du produit intérieur brut (PIB) du pays, selon les données fournies par un récent rapport fourni par le Forum des politiques publiques.

Nathaly Goudreault fait partie de ces chercheurs qui constatent trop souvent que le retour au travail n’est pas abordé quand il est question de soulager un problème de santé.

Cette physiothérapeute de formation, chercheuse au Centre de recherche du CHUS et professeure à l’Université de Sherbrooke, s’intéresse aux patients qui subissent une arthroplastie, c’est-à-dire un remplacement d’une hanche ravagée par l’arthrose.

« Comment se passe le retour au travail après une arthroplastie? Premièrement, on se rend compte que la question n’est souvent jamais abordée dans la trajectoire de soins », explique celle qui travaille en collaboration avec ses collègues du service d’orthopédie du CHUS et avec la professeure Marie-France Coutu.

« Avant, on mettait des prothèses aux gens plus tard dans leur vie parce que la durée de vie limitée des prothèses était un obstacle. Maintenant, comme la durée de vie des prothèses s’est allongée, on remplace des hanches ou des genoux plus tôt dans la vie parce qu’on se rend compte que les gens, plus ils sont jeunes, mieux ils récupèrent, et plus ils seront fonctionnels longtemps », soutient Mme Gaudreault.

Résultat, environ 80 % des gens se relèveront sans difficulté de l’opération et pourront retourner travailler et reprendre toutes leurs activités sans problème. Par contre, pour les autres 20 %, la douleur risque de perdurer et le chemin de la réadaptation sera parsemé d’embûches.

« C’est triste quand les gens ne peuvent pas reprendre une vie active parce que la douleur perdure. Il y a eu des avancées, aujourd’hui il y a même des programmes de préréadaptation, les hôpitaux ont des programmes avec des trajectoires de réadaptation après une chirurgie, mais tout n’est pas mis en place pour favoriser le retour au travail », nuance-t-elle.

C’est pourquoi une autre de ses études porte sur la provenance de cette douleur résiduelle. Est-elle neurophysiologique? Y a-t-il moyen de détecter le risque que la douleur perdure avant même que l’opération soit faite? « Si on identifie ce risque avant la chirurgie, il existerait des voies pour renforcer ces mécanismes grâce à de la physiothérapie », dit-elle.

Moyens simples

En attendant, elle soutient qu’il existe des moyens simples pour soulager la douleur et favoriser le retour au travail.

« Il y a une dame, par exemple, qui disait que ce n’était pas son travail qui était le problème; c’était de s’y rendre! Prendre l’autobus était impossible pour elle. Elle était donc en invalidité chez elle à ne rien faire, alors que si les assurances lui avaient tout simplement payé un taxi, elle aurait pu mener une vie productive, être utile à son employeur, avoir un meilleur revenu et être en meilleure santé », lance Nathaly Goudreault.

Et des exemples comme ça, il y en a encore et encore.

« La visite d’un ergothérapeute ou d’un ergonome dans le milieu de travail pourrait faire une grande différence », ajoute la chercheuse.

Une visite chez un physiothérapeute pourrait aussi aider – même si c’est au privé et qu’il faut payer pour les soins. « Quelques visites suffisent pour faire un programme au départ et quelques suivis par la suite. 

On n’a pas nécessairement besoin d’y aller trois fois par semaine pendant plusieurs mois! » nuance Nathaly Gaudreault.

Ensuite, il faut que les employeurs soient ouverts à aider leurs employés malades. Ils sont de plus en plus nombreux à le faire, selon Mme Gaudreault.

Les travailleurs qui souhaitent retrouver leur vie active et productive doivent donc en parler avec leur équipe traitante dès que possible ainsi qu’avec leur employeur afin de mettre en place une stratégie pour faciliter leur retour au boulot.