« Quand les patients arrivent à l’hôpital, ils tiennent pour acquis qu’on a accès à leur liste de médicaments et à leur dossier médical de leur clinique, auprès de leur médecin de famille. Mais non, ce n’est pas le cas », explique le Dr Simon Bérubé, cardiologue au CHUS et président de Société des médecins de l’Université de Sherbrooke (SMUS).
Quand un patient se pointe à l’hôpital en ce moment, le médecin rédige un sommaire sur une feuille qui comprend trois copies séparées par du papier carbone. Qu’advient-il de ce document une fois le patient sorti de l’hôpital? Le document est numérisé et archivé dans le dossier électronique du patient à l’hôpital. La fameuse « feuille jaune », la troisième copie de ce document, sera quant à elle envoyée par la poste à la clinique du patient pour que le document (beaucoup moins visible que la première page) soit de nouveau numérisé et joint au dossier numérique du patient. Et entre ces deux étapes, plusieurs semaines peuvent se passer.
On parle annuellement de 500 000 feuilles qui font ainsi ce long chemin pour être acheminées dans le dossier du patient.
Que des gagnants
Ce nouveau système permettra donc au personnel des groupes de médecine de famille (GMF) de gagner du temps en arrêtant de numériser des documents qui l’avaient déjà été à l’hôpital, et permettra aussi au CIUSSS de l’Estrie-CHUS d’économiser sur les coûts d’envois postaux.
Et le patient, lui, qu’y gagnera-t-il? « Parfois, un patient voit deux médecins qui soignent la même condition. Le traitement est plus difficile parce que l’information dont disposent les médecins est morcelée. Ça peut créer de la confusion. Il arrive que le pharmacien nous appelle en nous disant qu’il a deux prescriptions pour le même médicament, mais pas aux mêmes doses. Le patient a tout à gagner que les médecins se parlent plus facilement et qu’ils aient accès à l’information complète disponible dans leur dossier médical », cite en exemple le Dr Simon Bérubé.
« Le déploiement aura lieu au cours de la prochaine année du CHUS et éventuellement, ça s’étendra dans d’autres installations du CIUSSS de l’Estrie-CHUS selon les besoins et un calendrier qui reste à déterminer », explique pour sa part Micheline Savoie, directrice des ressources informationnelles et technologiques au CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
Ce projet est rendu possible grâce à une aide financière de 187 040 $ du gouvernement du Québec à l’entreprise de gestion de la Société des médecins de l’Université de Sherbrooke (SMUS). Ce montant appuiera la réalisation, en partenariat avec Omnimed et le CIUSSS de l’Estrie-CHUS, d’un projet évalué à 467 600 $.
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Des médecins spécialistes en aide aux médecins de famille
Les médecins de famille font parfois face à des cas complexes. Il n’est pas rare qu’ils se posent des questions sur le traitement approprié ou sur la dose de médicament la plus juste à prescrire à leur patient.
Les médecins de famille auront désormais accès à un nouvel outil qui est en train de se déployer au sein du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) : les médecins spécialistes seront disponibles pour répondre à leurs questions via la nouvelle plateforme de données sécurisées. Il suffira d’un courriel et, sous peu, un médecin spécialiste leur répondra. Et pour répondre à ces questions, ils pourront également consulter le dossier du patient afin d’avoir une vue d’ensemble précise de la problématique pour laquelle ils sont consultés.
Le projet-pilote est déjà en cours. Quatre spécialités médicales ont déjà commencé à recevoir des questions et à y répondre. Et déjà, on constate des retombées positives. « Dans une des spécialités, les médecins de famille avaient envoyé un résultat de laboratoire qui était anormal, mais qu’ils ne savaient pas exactement comment analyser. Le médecin spécialiste a vu ces deux patients et a pu déceler deux cas de cancer à un stade très précoce de la maladie », explique Xavier Boilard, président-directeur général d’Omnimed.
D’ici peu, ce sont 30 types de médecine spécialisée qui offriront ce service de réponses aux questions de leurs confrères de la première ligne.
« Ça crée aussi l’occasion pour les médecins spécialistes de faire de l’enseignement, parce qu’ils pourront également joindre des articles sur les questions qui ont été posées », explique pour sa part Simon Bérubé, cardiologue au CHUS.
Encore là, c’est le patient qui est au cœur de ce projet qui se met en branle.
« Dans certains cas, les médecins de famille y allaient au mieux de leurs connaissances et dans d’autres cas, ils réfèrent leurs patients à un médecin spécialiste. Selon les spécialités, il peut avoir y avoir jusqu’à plusieurs mois d’attente. Avec ce nouveau système, les questions les plus simples pourront être répondues rapidement et facilement par un médecin spécialiste, ce qui permettra au médecin de famille d’ajuster son traitement et évitera au patient de se déplacer inutilement au centre hospitalier pour un rendez-vous », explique Xavier Boilard, président-directeur général d’Omnimed.
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