De Plattsburgh à Lake Placid

On ne trouve même pas un guichet pour acheter des billets à la gare de Plattsburgh, dans l'État de New York.

CHRONIQUE / L'État de New York, c'est loin d'être loin! C'est même à côté! Et de toute évidence, les Québécois ne se gênent pas pour profiter de la nature des Adirondacks. Ça s'entend aux accents dans les restaurants de Lake Placid et autour de Plattsburgh.


Au Our House Bistro de Plattsburgh, on peut choisir entre quelque 25 variétés de macaroni au fromage, comme celui-ci, à saveur de pâté au poulet.

Je ne m'y étais pourtant pas beaucoup aventuré. Pas beaucoup à l'ouest du lac Champlain, en tout cas. Et c'est en train que je suis parti de Montréal pour explorer une région qui m'était inconnue.

Amtrak offre un départ en matinée vers New York, avec un arrêt à Plattsburgh. Un train fait le trajet inverse et cueille ses passagers de Plattsburgh en milieu d'après-midi.

C'est poétique prendre le train. Particulièrement en Amérique du Nord, où l'automobile et l'autobus paraissent beaucoup plus efficaces. Vrai que les gros fauteuils des wagons à moitié vides sont idéaux pour la relaxation. Confort mur à mur. Si le wi-fi fonctionne, ce qui n'est pas toujours le cas, on peut même travailler en cours de route. Mais pour les passagers pressés, mieux vaut prendre la voiture.

Pour un trajet qui prend un peu plus d'une heure en automobile, il faut compter trois fois plus de temps quand on se laisse tirer par une locomotive. C'est à la frontière que le sablier répand la majorité de son sable, en attendant que les douaniers passent de wagon en wagon.

C'est encore pire au retour, pour entrer au Canada. Et quand la canicule frappe, comme c'était le cas la semaine dernière, il semble que des limitations de vitesse soient imposées. Faut pas être pressé, que je disais.

La gare de Plattsburgh donne l'impression de débarquer au milieu de nulle part. L'image du géant américain en prend pour son rhume quand le train s'immobilise devant le petit bâtiment vide... ou presque. On y trouve des toilettes publiques et quelques bancs pour se poser. C'est tout. Pas de cantine, pas de restaurant, pas de guichet pour vendre les billets.

Mes bagages sous le bras, j'ai entrepris de visiter Plattsburgh en attendant mon transport vers Lake Placid. La marina, l'hôtel de ville, le Macdonough Monument, qui commémore la bataille de Plattsburgh de 1814, et quoi encore? Justement, et quoi encore? À distance de marche, deux ou trois rues avec des restaurants, des terrasses et un peu d'art urbain.

Ma dent creuse a trouvé de quoi se rassasier parmi tous ces bouis-bouis. Our House Bistro propose notamment un menu complet de mac and cheese modifié. Ce restaurant original est probablement au mac and cheese ce que La Banquise, à Montréal, et à la poutine.

Des quelque 25 saveurs proposées, celle à la poutine, au poulet frit, au pâté au poulet, à la pizza ou au homard. S'ajoutent le style cabane à sucre, surf and turf, polynésien ou... beurre d'arachide et gelée. Quel que soit le choix, il faut partager. Une portion suffit à nourrir deux personnes. Il paraît qu'on trouve aussi une succursale à Winooski, au Vermont.

Encore repu de la brique de fromage fondu dans mon macaroni, j'ai abouti à Lake Placid, où le village, avouons-le, a tout du village touristique. Les boutiques entassées le long de la rue principale, pourtant, arrivent à proposer du kitsch et du jamais-vu qui fait sourire. Les plaisanciers sur le lac donnent envie de faire trempette. Les souvenirs des Jeux olympiques de 1980 sont partout. On peut se faire photographier avec un bobsleigh ou sur le site de l'ancien anneau de glace.

Le coup de coeur de ma dent creuse est venu du restaurant Salt of the Earth, ouvert depuis à peine quelques mois, et qui jouit déjà d'une réputation à faire chavirer toutes les planches à rame du lac Mirror. Au village, la population locale rapporte sans faute en avoir entendu parler.

Aménagé dans une ancienne auberge de jeunesse, l'établissement frappe autant pour son décor que pour son menu. La consigne « Please wait to be seated », à l'entrée, épelée avec des pièces de Scrabble, donne le ton. Le luminaire fait de râpes à fromage et le service à vaisselle collé au mur continuent d'épater.

Le coup de grâce, avant même la première bouchée : une vieille télévision où poussent des cactus entourés des figurines d'une autre époque. La décoration est on ne peut plus réussie.

Saumon, bison ou canard, toutes les assiettes sont joliment préparées et délicieuses pour les yeux et le palais.

Étrangement, la gourmandise ne faisait que commencer...

Le journaliste était l'invité du Conseil régional du tourisme des Adirondacks, du Wild Center de Tupper Lake et de Finn Partners.

Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com.