Sainte-Jeanne-d'Arc : d'église à mosquée?

L'ancienne église Sainte-Jeanne-d'Arc, située rue Galt Ouest, semble intéresser au plus haut point les dirigeants d'une communauté musulmane de Montréal qui cherchent à s'implanter à Sherbrooke.

L'ancienne église Sainte-Jeanne-d'Arc de Sherbrooke deviendra-t-elle bientôt une mosquée?


Chose certaine, l'ancien lieu de culte de la rue Galt Ouest semble intéresser au plus haut point les dirigeants d'une communauté musulmane de Montréal qui cherchent à s'implanter à Sherbrooke.

Selon des informations obtenues par La Tribune, les administrateurs de la communauté musulmane montréalaise ont visité l'ancienne église à deux reprises au cours des dernières semaines. Si aucune offre d'achat n'a encore été déposée, l'intérêt démontré par les administrateurs musulmans à l'égard du site laisse croire qu'une offre pourrait être présentée sous peu.



« Ça bouge beaucoup depuis quelques semaines, affirme le propriétaire Réal Brochu. Il y a des gens d'une communauté musulmane de Montréal qui sont venus à deux reprises depuis les deux dernières semaines. On s'est parlé une couple de fois au téléphone. Je crois qu'ils sont en train de préparer une offre », a ajouté M. Brochu sans pouvoir identifier le nom de la communauté musulmane en question.

Selon M. Brochu, la communauté musulmane montréalaise ne serait pas la seule à avoir démontré de l'intérêt pour sa propriété. « J'ai aussi été approché par ceux qui ont la mosquée sur la rue Massé », a-t-il précisé en faisant référence à la mosquée A'Rhamane où se réunissent les membres de l'Association culturelle islamique de l'Estrie (ACIE).

L'ACIE confirme cette information, mais son président Mohamed Golli, précise que l'ACIE n'a jamais eu l'intention d'acheter l'ancienne église de la rue Galt Ouest. « Le but de notre démarche était de vérifier le prix demandé pour le terrain. Comme nous avons un projet de nous doter d'un centre communautaire, nous vérifions le prix des terrains qui pourraient nous intéresser. Il n'a jamais été question pour nous d'acheter une église », insiste M. Golli (voir autre texte).

« En affaires pour acheter et pour vendre »



Construite en 1940, l'église Sainte-Jeanne-d'Arc a été vendue par l'Archevêché de Sherbrooke en octobre dernier au promoteur Réal Brochu au prix de 230 000 $. Au moment de la transaction, un projet de cinéma-bistro avait été évoqué, mais celui-ci ne s'est jamais réalisé. « On a eu des gens du Cirque du Soleil qui ont appelé, mais ils n'ont jamais donné suite », indique M. Brochu qui dit être en affaires « uniquement pour acheter et pour vendre », comme il l'a fait lorsqu'il a acquis l'ancien domaine des raéliens de Maricourt, qu'il a revendu afin d'être reconverti en camping cubain.

Évaluée à 1,6 M$ au rôle municipal, l'ancienne église Sainte-Jeanne-d'Arc est demeurée intacte depuis la transaction. L'orgue, la cloche et tous les bancs qu'elle contenait sont toujours sur place, affirme M. Brochu. « La cloche à elle seule vaut 40 000 $ et l'orgue 70 000 $. J'ai reçu un appel des États-Unis pour la cloche, mais je n'ai reçu aucune offre encore. Ni pour l'orgue. »

Mis en vente au cours de l'hiver à 625 000 $, l'ancienne église est aujourd'hui à vendre pour 825 000 $. Une hausse que le promoteur justifie par l'activité générée autour de son immeuble.

L'ACIE veut se doter d'un centre communautaire

L'Association culturelle islamique de l'Estrie (ACIE) a entrepris des démarches afin de se doter d'un centre communautaire où elle pourrait tenir des activités sociales et culturelles en dehors de ses activités religieuses qui ont cours à la mosquée A'Rhamane de la rue Massé.

C'est ce qu'a confirmé à La Tribune le président de l'ACIE, Mohamed Golli, en précisant que le projet de centre communautaire est l'un des principaux objectifs que s'est fixés l'ACIE pour l'année en cours.



M. Golli a toutefois réfuté les informations voulant que l'ACIE a envisagé l'achat de l'ancienne église Saint-Jeanne-d'Arc, en vente depuis l'hiver dernier, et qui est située dans le même quartier que sa mosquée.

M. Golli admet que l'ACIE est entrée en contact avec le promoteur Réal Brochu, mais que l'objectif de la démarche était de connaître le prix du terrain et non celui de l'église.

« Pour nous, il n'est pas question d'acheter une église et de la convertir en centre communautaire, a expliqué M. Golli. Nous croyons qu'une église a une valeur patrimoniale, religieuse et sentimentale qui lui est propre. Le respect que nous avons pour ce lieu, qui a été un lieu de recueillement, on voit mal comment on pourrait l'acquérir pour ensuite le convertir en centre communautaire. »

L'ACIE se dit toutefois à l'affût des occasions qui pourraient lui permettre d'acquérir un terrain ou un édifice lui permettant de réaliser son projet. « Nous avons visité des écoles, mais on n'a pas encore trouvé », a indiqué M. Golli.

Le centre communautaire dont veut se doter l'ACIE servirait aux besoins de la communauté musulmane, mais aussi à établir des liens avec l'ensemble de la société. Des expositions, des ateliers ainsi qu'une école de langue arabe font partie des services qu'offrira le futur centre communautaire de l'ACIE.

Cimetière

L'autre projet auquel l'ACIE consacre des énergies depuis plusieurs mois est celui d'un cimetière musulman destiné aux membres de la communauté estrienne.

Là encore, M. Golli indique que les démarches de l'ACIE vont bon train, mais que le choix d'un site n'est toujours pas fixé.

« C'est un dossier complexe et très délicat et qui demande beaucoup de travail sur le plan de la sensibilisation », a admis M. Golli, qui dit suivre avec attention les démarches entreprises autour d'un cimetière musulman, à Saint-Appolinaire, près de Québec.