Quand même. C'est pas rien, là, être jury dans un festival. C'est pas exactement comme aller manger un popcorn extra beurre un samedi après-midi de pluie avec comme seule préoccupation de se ramasser une pizza ensuite sur le chemin du retour.
Neunon. Tu dois être en forme, être réceptif, être focus, être prêt. Pis, t'sais, veut, veut pas, faut que t'aies quand même un minimum de bagage dans ce domaine où tu vas plonger ton regard critique.
Une éternité donc que je voulais jaser avec Étienne. J'allais lui poser la question du comment du pourquoi et de c'est quoi donc Étienne un bon film, et le voilà en train de faire connaissance avec le cinéaste estrien Anh Minh Truong qui y va sans hésiter de sa propre définition.
« Un bon film, c'est un film qui te parle à différents degrés, lance-t-il avec la confiance du pro. Oui je vais m'attarder à des aspects techniques parce que c'est mon métier, mais ce qui m'intéresse, c'est le vrai sujet du film, au-delà du scénario. Je peux aimer des films très obtus, mais je crois qu'un bon film est rassembleur, qu'il va plaire à différents publics pour des raisons différentes. »
« Ce qui m'interpelle au départ, c'est quand la proposition est authentique, poursuit encore Anh Minh. Quand un cinéaste nous bullshit, qu'il ne s'intéresse pas à son sujet, je le vois tout de suite et ça m'insulte. »
Étienne est juste à côté, il écoute, avoue qu'il est fasciné par la commande et le challenge. « C'est exactement ça, mais quand j'entends Anh Minh qui l'exprime, je me demande comment je vais arriver à en discuter en jury. Verbaliser tout ça, c'est difficile. »
« Un bon film, c'est pas compliqué, ça vient de la tête, du coeur et des couilles, reprend Anh Minh. Ça prend tout ça. »
Ça prendra aussi un consensus, le président du jury, l'acteur Pierre Lebeau, l'a déjà répété à maintes reprises depuis qu'il a accepté sa mission pour cette quatrième édition du FCMS.
Consensus auquel devront arriver Lebeau, Truong et Rousseau avec leurs consoeurs du jury, l'ancienne dg du Centennial, Luce Couture, et l'auteure et philosophe Véronique Grenier. L'une et l'autre parlent d'émotions lorsque vient le temps d'aborder les qualités d'un film.
« Ça prend un film qui va me mouvoir », avance Grenier dans ses mots toujours personnels et à qui on a demandé d'aborder les films avec humanité.
Une approche que partagera Luce Couture, mais en mettant son bagage artistique à contribution, promet-elle. « On s'attend à des films qui t'amènent sur un sujet et le traînent d'un bout à l'autre avec le même intérêt. »
On parle d'intérêt, on en profite pour vous dire que non seulement ça jouait du coude serré au 5 à 7 du lancement du Festival hier soir au Siboire du centro, mais aussi que ça a foulé du tapis rouge sur un chaud temps vers le film d'ouverture. On a en effet dû ouvrir une deuxième salle de projection pour Patients, film tiré de l'histoire du slammeur Grand Corps Malade et présenté à Sherbrooke hier en grande première canadienne.
Et maintenant, les premiers toasts lancés à la santé du cinéma et du festival, c'est le temps de passer aux choses sérieuses, et elles seront déjà nombreuses aujourd'hui.
De quel côté partir? La question est pertinente.
Déjà, c'est la soirée estrienne dès 18 h 30, une saprée belle occasion de voir ce qui se passe dans le coin derrière et devant les caméras. Les quatre films en compétition valent autant de détours, une façon de répéter qu'ils sont très différents les uns des autres, mais aussi fort intéressants. Pour le reste, d'expérience, c'est parfois assez inégal, mais les curieux vont y trouver leur compte.
Sinon? Sinon Underdog, prix des critiques du Festival de Zurich en 2014, puis à 20 h 30, l'embarras du choix selon l'humeur, mais qui pourrait bien ressembler à Gulîstan, terre des roses, meilleur long métrage du Festival de Milan en 2016, ou encore The Road tu Mandalay, Grand Prix du long métrage du Festival d'Amiens en 2016.
Mon coeur est déchiré, et ça ne fait que commencer.