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Si le Lonely Planet place le Canada tout en haut de sa liste pour 2017, notamment en raison du 150e anniversaire du pays, les Nations Unies ont proclamé les douze prochains mois comme étant l'Année du tourisme durable pour le développement. Pas seulement le tourisme durable! Le mot développement, ici, revêt une grande importance.
Mais qu'est-ce que ça veut dire exactement? À l'étranger, j'essaie de manger dans les bouis-bouis locaux, de choisir des hébergements tenus par de petits entrepreneurs plutôt que d'opter pour des chaînes. Pas par prétention, mais parce que c'est souvent la meilleure façon de fuir les foules et d'en apprendre un peu plus sur la culture locale. Est-ce que c'est ça, le tourisme durable?
Peut-être que ça s'en rapproche, mais j'ai découvert une organisation qui semble pousser le concept plus loin. Village Monde est une organisation philanthropique d'innovation sociale basée à Québec. Elle a été fondée par Charles Mony et Isabelle Vitté.
« Sur les 1,2 milliard de voyageurs chaque année, un très faible pourcentage est amené à aller dans les petites communautés, où ils contribueraient à changer les conditions de vie. Pour que le tourisme soit durable, il faut des retombées sur trois axes : environnemental, social et économique », explique M. Mony.
Comment Village Monde fait-il sa part? Il a recensé, à ce jour, 80 hébergements écoresponsables dans 22 pays sur une plateforme collaborative. « Le but, c'est d'utiliser le voyageur comme source de développement. Le nombre d'habitants d'un village n'a pas tellement d'importance, mais il faut qu'il soit éloigné et que les retombées soient claires. La présence des touristes permet de stabiliser le mode de vie d'un certain nombre de familles. »
Selon Charles Mony, le voyageur y trouve son compte en allant à la rencontre d'une communauté, en effectuant des rencontres, en partageant à l'extérieur des circuits industrialisés. « C'est un type de voyage qui change vraiment le regard des gens. »
Autant les voyageurs indépendants que ceux préférant les circuits organisés peuvent trouver leur compte dans ce type de voyage, assure M. Mony. Village Monde s'assure que les hébergements recensés seront connectés, que « quelqu'un répondra à l'autre bout du fil ».
Mais voilà, moi, j'hésite à partir en voyage humanitaire parce que j'ignore si les retombées profiteront vraiment aux gens que je souhaite aider. « Nous ne faisons pas dans les voyages humanitaires », corrige M. Mony.
« Le but n'est pas de cultiver les activités folkloriques. Nous valorisons la culture de 2017. L'idée m'est venue alors que je revenais de Madagascar. J'arrivais là-bas dans des villages où il n'y avait rien, mais où ils étaient toujours prêts à accueillir un voyageur. Ils étaient prêts à partager leur repas. Ce qu'on dit, c'est : voyagez à la rencontre des gens qui ont besoin de votre séjour pour qu'il y ait un impact sur 10-15 familles. Un village qui reçoit n'est pas en train de quêter. On les aide à devenir autonomes. »
Village Monde tentera donc de profiter de l'Année internationale du tourisme durable pour le développement pour agrandir son réseau en explorant une vingtaine de pays. « On veut devenir une tendance forte du tourisme avec un esprit de solidarité avec les gens qu'on rencontre. Si on réussit à répartir les voyageurs au lieu de les concentrer en un endroit, on évitera d'attirer la convoitise. »
Charles Mony ne croit pas que le tourisme équitable pour le développement soit incompatible avec le tourisme plus traditionnel. « Nous avons commencé à regarder ce qui se fait au Mexique. On peut très bien passer une semaine dans un tout inclus et consacrer trois jours à un village. L'objectif n'est pas d'arrêter le tourisme industrialisé. »
Et bien que l'idée du tourisme équitable dans un village nous renvoie une image d'hébergements rustiques, Charles Mony précise qu'il est possible, oui, de choisir une option rustique, qui se rapprochera du camping, mais aussi d'opter pour plus de confort. « Il y a l'option villageois, qui est un compromis entre la façon dont la population locale vit et le minimum pour se sentir bien. Il y aura de la literie, des toilettes et de la restauration. Ou on opte pour le confort, souvent avec l'aide d'une ONG, qui offrira un hébergement avec le même niveau de confort qu'un hôtel ici. »
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