Podgorica, vraiment?

Le pont du Millénaire est une des rares extravagances à Podgorica, la capitale du Monténégro.

CHRONIQUE / Podgorica? Pourquoi? La question venait d'Alex, propriétaire d'une auberge de jeunesse à l'entrée du parc national de Durmitor, à Zabljak au Monténégro. Podgorica, c'est justement la capitale de ce petit pays des Balkans. Le jeune homme, qui n'avait pas encore atteint la trentaine, remettait en doute mon choix de visiter la capitale.


Rien à faire à Podgorica, plaidait-il. Et il savait de quoi il parlait. Il y avait vécu pendant cinq ans. Dans le nord du pays, il n'était pas le seul à s'excuser pour le manque d'atmosphère dans ce qui devrait pourtant agir comme une ville phare.

Au terminus, quand on achète un billet pour Podgorica, on ne nous dit pas combien le transport coûtera. On nous relance avec un « pourquoi ». On nous suggère même de poursuivre notre route vers Ulcinj, Budva ou Kotor, sur la côte. Même en Albanie, la population ne comprend pas pourquoi on s'arrêtera dans la capitale du pays voisin.

On comprend un peu leur hésitation quand on prend un vol vers le Monténégro. La plupart des touristes qui traversent le pays longent la côte dans un périple qui les mène de la Croatie à l'Albanie, ou vice versa. Trouver une liaison aérienne vers Podgorica donne à première vue moins de flexibilité que de passer par Zagreb ou Dubrovnik, en Croatie.

L'avion de Monténégro Airlines partait de Rome. En tout, une vingtaine de passagers, pas plus, étaient disséminés dans l'appareil. À l'atterrissage, le petit engin s'immobilise à quelques mètres d'une porte de l'aéroport. À pied, il aurait fallu entre 30 et 40 pas pour atteindre l'entrée. On nous a quand même fait monter dans un bus pour franchir la distance.

À l'intérieur, la zone de contrôle des passeports est digne des plus petits terminus d'autobus. Deux stations seulement permettent de franchir officiellement la frontière. À côté, deux ou trois convoyeurs sont installés pour recracher les bagages des voyageurs. Et la zone des départs et des arrivées est particulièrement vide. Bienvenue au Monténégro.

À première vue, Podgorica n'a effectivement pas grand-chose à offrir. On est loin du caractère urbain des grandes capitales. Loin des Madrid, Paris ou même Zagreb. Avec sa population avoisinant les 200 000 citoyens, elle ne possède déjà pas la force du nombre pour impressionner.

Pourtant, elle recèle de petits joyaux. Le calme qui y règne peut tout à fait nous permettre de nous évader des grands centres tout en étant avantageusement positionnés pour explorer le pays. Avec sa situation géographique, Podgorica se trouve à deux ou trois heures de route de tous les points d'intérêt au Monténégro.

Et quand on se donne la peine de la découvrir à pied, la capitale ouvre la porte sur quelques mystères, comme le café Karver, une librairie doublée d'un café, situé sous un des ponts les plus achalandés de la ville. Du pont, on ne voit rien, mais quand on s'aventure près des berges de la rivière, où les piliers du pont sont couverts de graffitis, on comprend que la qualité du service offert dans le petit restaurant importe peu. Là, c'est l'atmosphère qui fait foi de tout.

On peut facilement marcher à travers tout le centre de Podgorica, se faufiler dans un pub très populaire pas du tout bondé lors de mon passage, ou traverser le pont à haubans, le pont du Millénaire, un des rares repères visuels dans un paysage relativement lisse.

En se donnant la peine, on tombera aussi sur la nouvelle cathédrale orthodoxe, Hram Hristovog Vaskrsenja, inaugurée en 2013, qui pourrait bien devenir un autre symbole de la ville. Avec ses sept dômes et son allure imposante, elle incarne l'image qu'on se fait de l'Europe de l'Est. Elle rappelle, en plus petite, l'église Sainte-Sava de Belgrade.

Sinon, on flâne, on s'aventure dans les parcs et on prend la voiture jusqu'aux chutes... de Niagara. Niagara, Monténégro. À défaut de la voiture, on prend le taxi, qui nous amène partout en ville à un coût terriblement bas.

Podgorica n'est pas pompeuse, mais elle constitue une base assurément moins touristique que les villes côtières et elle permet sans doute de prendre le pouls du Monténégro de tous les jours.

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