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Ce qui m'ennuie, au musée, ce n'est pourtant pas le contenu présenté. Ce sont les gens, trop nombreux, qui circulent sans faire attention aux autres. Ce sont mes pieds qui n'en peuvent plus de me tenir debout alors qu'il reste encore trois étages à parcourir. C'est mon petit côté cartésien qui ne veut rien manquer et qui ne sait jamais de quel côté aller pour tout voir.
La vraie vérité, c'est que j'aime bien m'aérer l'esprit, me perdre dans une ville en ne pensant à rien. J'aime voir sa population l'animer, occuper l'espace, façonner le quotidien comme si les touristes n'existaient pas. Les musées, c'est pour les jours de pluie. Ceux où, plutôt que de demeurer au lit, je me promets de sortir de mes sentiers habituels.
Le temps faisant son oeuvre, peut-être ai-je développé sans m'en apercevoir un intérêt pour la chose muséale. Ou peut-être suis-je seulement plus compétent à faire des choix.
Les planétariums, musées des sciences et autres musées généralistes : out! Parce que ceux-là, je les visite au Québec. Parce que je n'ai pas besoin de la Chine pour m'expliquer les planètes et les étoiles quand j'ai Mégantic et Montréal dans ma propre cour.
Mais il est vrai que certains établissements deviennent incontournables. Aux Pays-Bas, le Musée Van Gogh a tout de l'exposition traditionnelle, mais quand on ne connaît du peintre que ses oeuvres nimbées de jaune et d'ocre, on devrait y planifier un arrêt. Idem pour le Musée Magritte,
à Bruxelles, qui m'a appris que Magritte était certainement un de mes peintres favoris. Pas mal pour un artiste que je connaissais surtout de nom avant d'admirer sa collection.
Les musées, ça sert à ça. À ouvrir les esprits. À faire découvrir. Les intellos, dans les films, qui s'assoient devant une oeuvre pendant une heure pour déblatérer et fabuler sur des interprétations des intentions de l'artiste, je ne les comprenais pas. « C'est toujours ben juste une peinture », que je me disais.
Ben non, justement. À Quito, en Équateur, tout le monde recommande la Capilla del Hombre, la chapelle de l'homme, un musée consacré à l'artiste équatorien Oswaldo Guayasamin. Si sa collection d'articles religieux et plusieurs de ses oeuvres sont exposées dans la maison qu'il s'était fait construire, la galerie installée près de la propriété surprend. Une toile immense illustrant le combat entre un taureau et un condor m'a renversé. La réplique de la dernière cène m'a aussi incité à me poser pendant de longues minutes.
Exposer les réalisations d'un artiste dans un lieu qu'il a lui-même conçu constitue peut-être le secret de la réussite. Le Théâtre-musée Dali, à Figueras en Espagne, en est un autre exemple. Le bâtiment est lui-même une oeuvre impressionnante et les espaces d'exposition sont conçus spécialement pour mettre en valeur des toiles qui couvrent parfois des murs entiers, du plancher au plafond. Pour
quiconque aime le surréalisme, Figueras doit figurer sur un itinéraire plus tôt que tard.
Mais en dehors des arts, les musées prennent tout leur sens pour reconstituer des pans de l'histoire. On voudra peut-être éviter le Musée de l'Holocauste de Washington D.C. et prévoir plutôt une visite du camp de Dachau, en Allemagne, où l'exposition sur les sévices infligés aux prisonniers pendant la Deuxième Guerre donne froid dans le dos. J'en suis sorti avant d'avoir terminé la tournée complète.
Dans la même veine, le Yad Vashem, à la mémoire des victimes juives de la Shoah, figure sur ma liste pour un éventuel périple à Jérusalem. Le Musée du mémorial de la paix d'Hiroshima, au Japon, retrace lui aussi un événement marquant de l'Histoire et fait réfléchir.
Et si on a envie de sourire, on peut se tourner vers des expositions plus originales, comme le plus petit musée du monde, à Bruges en Belgique, où quelques babioles sont exposées dans une fenêtre donnant sur la rue. On peut aussi penser au Musée du sexe d'Amsterdam, au Musée phallologique d'Islande, à Reykjavik, ou au Musée international du manga, à Kyoto au Japon.
Les amateurs de ces bandes dessinées japonaises pourront s'installer à un ordinateur et laisser filer toute une journée en créant leurs propres personnages. Même les néophytes de l'univers des mangas, comme moi, risquent d'y passer des heures.
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