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À quelques dizaines de minutes du centre de Reykjavik, la capitale, il est d'ailleurs possible de s'aventurer dans le ventre d'un de ces volcans, le Thrihnukagigur. On repassera pour la prononciation exacte.
Un ami m'avait réservé la surprise. Il nous a conduits juste à l'extérieur de la ville et s'est aventuré sur une route sinueuse qui traverse un champ de pierres volcaniques. À l'horizon, quelques montagnes, et bien sûr le Thrihnukagigur, que nous rejoindrons à pied.
Il est possible d'opter pour l'hélicoptère, beaucoup plus coûteux, mais la courte randonnée d'environ 45 minutes, de niveau relativement facile, permet de faire grimper l'enthousiasme lentement au fur et à mesure que nous traînons nos bottines et que le volcan se rapproche. Par jours de pluie, la compagnie Inside the volcano, responsable des visites guidées, fournit même les imperméables.
Mais on se souhaite du beau temps, comme ce fut le cas pour nous, pour que le coup d'oeil sur la plaine presque infinie ne soit pas voilé par le brouillard.
Le Thrihnukagigur est entré en éruption pour la dernière fois il y a 4000 ans. Son côté exceptionnel réside dans son réservoir de magma, demeuré presque intact et dans lequel nous pouvons descendre dans une cage métallique ouverte. Le cratère de la plupart des autres volcans est scellé par le magma qui durcit.
L'espèce de nacelle métallique fait sourciller au premier coup d'oeil. Elle paraît un peu rudimentaire. On nous attache au monte-
charge avec un harnais, pour notre sécurité, même si, en cas de chute, ledit harnais ne nous empêchera probablement pas de nous écraser au fond du cratère. On nous offre aussi un casque de sécurité et une lampe frontale. Quand le monte-charge s'ébranle, la stabilité du plancher paraît moins certaine que celle des ascenseurs traditionnels. C'est normal, nous rassure-t-on.
Il faut près de sept minutes, à vitesse de tortue, pour descendre à la verticale dans le réservoir. Il arrive que ça brasse un peu même, si bien que les gens souffrant de vertige voudront peut-être prendre de grandes respirations. D'en haut, il est impossible d'apercevoir le fond. On peut toutefois suivre la chute hypnotisante des gouttelettes qui tombent sans fin tout autour de nous.
Environ 120 mètres plus bas, à une température de 4 degrés Celsius, on nous laisse 30 minutes pour faire le tour du cratère. Il faut prendre le temps d'observer toutes les couleurs imprimées dans le roc, pour voir les coulées creusées dans les parois du volcan. On nous racontera qu'une immense pochette d'un noir ébène est en fait une bulle de gaz ayant refroidi avant d'avoir pu s'échapper.
Il ne faut pas sous-estimer la vitesse à laquelle ces 30 minutes s'écouleront. On se laisse emporter par le côté exceptionnel de l'expérience, on a à peine le temps de réaliser qu'on s'est faufilé au coeur d'un volcan qu'il faut déjà remonter à la surface.
Oui, on se sent privilégié de se trouver là, dans un silence relatif, puisque cette visite n'est offerte que depuis 2012 et que seulement 25 000 visiteurs environ y sont admis chaque année. Il faut dire que les conditions météorologiques ne permettent pas d'atteindre le réservoir entre octobre et mai. Et à bien y penser, je ne voudrais pas prendre place dans la nacelle métallique par période de grands vents ou de grands froids.
Facile, la randonnée initiale de 45 minutes est suivie d'une pause café et un bon bol de soupe à l'agneau nous a été offert dès notre retour à la surface. Soupe à l'agneau au pied d'un volcan : on a déjà vu pire.
Sur le chemin du retour, à regarder encore le Thrihnukagigur et à tout bien peser, on réalise la force de cette nature qui a modelé toute la plaine qui nous entoure. Et on se dit que les volcans d'Islande peuvent bien attendre encore un peu avant de se réveiller.
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