Perreault, qui a remporté deux médailles d'or et une de bronze lors des Olympiades d'Albertville en 1992 et de Nagano en 1998, en plus d'une quinzaine de podiums en Championnat du monde, reçoit ainsi l'honneur le plus élevé pour un athlète au Canada.
Cet honneur est destiné aux athlètes qui ont inspiré les Canadiens grâce à leurs exploits athlétiques et à leur caractère unique, ainsi qu'aux bâtisseurs qui ont apporté une contribution exceptionnelle au sport canadien.
« C'est vraiment un bel honneur, c'est quelque chose de gros. Tu ne t'attends jamais à recevoir de pareils honneurs quand tu pratiques un sport. Je ne pensais pas un jour être élue au Panthéon canadien », a indiqué l'ancienne olympienne, mardi, quelques heures après la cérémonie.
Annie Perreault fut intronisée au Panthéon des sports du Québec il y a une décennie, en 2006; elle rejoindra au Panthéon canadien les André Viger (handisport), Jocelyne Bourassa (golf), Jean Béliveau (hockey), Gaétan Boucher (patinage de vitesse longue piste), Louis Cyr (homme fort), Gilles Villeneuve (course automobile), Claude Raymond (baseball), Jean-Guy Ouellet (volleyball, bâtisseur) et Wayne Gretzky (hockey).
Les intronisés sont choisis par un comité de sélection composé de 12 membres, représentant chaque province. Les élus doivent patienter au moins trois ans après leur retraite pour admissible.
Quelque 400 Canadiens et Canadiennes ont déjà reçu cet honneur et très peu de l'Estrie et de Sherbrooke.
Annie Perreault sera officiellement admise lors d'une cérémonie en novembre prochain à Toronto. Michael « Pinball » Clemons (football), Stephanie Dixon (natation), le Dr Frank Hayden (créateur des Olympiques spéciaux), Colleen Jones (curling) et Bryan Trottier (hockey) accompagneront alors la Sherbrookoise.
Fière de sa carrière
Un honneur de la sorte est l'occasion idéale pour jeter un regard sur une carrière prolifique.
Celle qu'on a d'abord connue comme la soeur de Maryse Perreault, ancienne championne du monde elle aussi en patinage de vitesse courte piste, a su se faire un nom au sein d'une discipline alors dominée par les patineurs et patineuses du Québec.
Quatre fois championnes du monde (1990, 1991, 1992 et 1997), elle a eu la veine de voir sa discipline être admise aux Jeux olympiques alors qu'elle n'avait que 20 ans.
« C'est dans ces moments que je réalise que j'ai eu une belle carrière, une carrière productive. J'ai toujours dit que si c'était à refaire, je ne changerais absolument rien! », s'est-elle exclamée.
« Quand j'ai gagné ma médaille d'or au 500 m à Nagano (1998), personne ne me voyait même en finale; les experts se demandaient ce que je faisais là! Malgré le contexte, j'ai réussi à sortir du lot; la petite fille de Sherbrooke qui a insisté pour rester à Sherbrooke plutôt que d'aller à Montréal avec le reste de l'équipe. Cette victoire m'a donné raison finalement. »
« Je n'ai jamais été une fille qui faisait des vagues, qui aimait l'attention médiatique. Je crois cependant avoir démontré ma force de caractère et ma persévérance au travers les nombreuses blessures subies au fil de ma carrière. J'ai toujours voulu démontrer que je pouvais me dépasser. »
Un exemple de cette ténacité? Annie Perreault a réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de Salt Lake City, en 2002 et ce, même si elle avait subi la lacération de trois muscles de la cuisse gauche en 2000, lors d'une chute impliquant cinq patineuses pendant une épreuve de championnat du monde.
« J'ai quasiment eu la cuisse coupée en deux! J'ai passé un mois en fauteuil roulant, un mois en béquilles et un mois à réapprendre à marcher. Trois mois plus tard, je recommençais à patiner. Je me suis entraînée pendant 13 mois consécutifs pour aller à Salt Lake. »
« J'avais 30 ans, déjà trois médailles olympiques, mais ma tête de cochon en a décidé autrement! Peut-être que dans le fond, je voulais que ce soit moi qui décide quand j'allais arrêter, pas les autres ou les blessures. Ça prend une certaine folie, je crois, une folie qui permet d'aller plus loin que les autres. »