Mais l'occasion s'est pointée... Comme porte d'entrée pour l'Asie, le Qatar et les Émirats arabes unis sont devenus très populaires, au point où il devient habituel d'y faire une escale. J'ai d'ailleurs volé avec Qatar Airways et Emirates sans relever le moindre reproche. Quand je choisis de m'exiler en Asie du Sud, j'ai pris l'habitude d'évaluer les options qui compte un arrêt au Moyen-Orient.
J'ai donc transité par Doha à l'aller et au retour de mon périple en Birmanie. Au retour, il fallait compter 21 heures entre l'arrivée et le départ. Une escale de 21 heures? Terrible? Pas au Qatar.
On ne courra pas derrière vous pour vous l'offrir, mais si votre escale doit durer plus de huit heures, Qatar Airways pourrait accepter de vous offrir l'hébergement et le visa de transit à Doha. Pour un hôtel situé en ville, la navette est aussi incluse et sous certaines conditions, une indemnité de repas vous sera offerte. Pas mal.
J'arrivais d'un pays où je partageais des dortoirs sans salle de bain, avec des toiles d'araignées un peu partout et des tapis poussiéreux qu'on n'avait probablement pas nettoyés depuis la Deuxième Guerre. La suite «bas de gamme» qu'on m'offrait à Doha m'a littéralement coupé le souffle. On aurait pu y entrer une douzaine de lits de dortoir...
Sans dépenser le moindre sou, et avec l'aide d'une amie établie à Doha, j'ai entrepris de visiter la ville. De l'autre côté de la baie, la ligne d'horizon brouillée par les gratte-ciel ne se compare pas à celle de Dubaï, mais elle impressionne tout de même par la diversité de l'architecture.
C'est bien là ce qui frappe, qui brise un peu la monotonie : l'architecture éclectique qui rappelle tantôt la Space Needle de Seattle, tantôt la pyramide du Louvre, tantôt la burqa que portent certaines femmes au Qatar.
À Doha, tout est propre et ordonné. On entend à peine le son du vent, il y a peu ou pas d'oiseaux pour ajouter une atmosphère. Sur la corniche, la promenade aménagée autour de la baie, quelques joggeurs s'exercent, des commerçants offrent des tours sur leur bateau de bois, mais la population locale n'occupe pas réellement l'espace, ne l'habite pas.
Dans le développement riche The Pearl, où les yachts s'entassent dans la marina, les centres commerciaux aussi sont relativement déserts. C'est un peu comme si on avait bâti une ville que personne ne s'était encore appropriée. À moins que toute la vie ne se passe à l'intérieur.
Quoique la ville n'a pas fini de se façonner. Les grues sont partout. On espère terminer la construction d'un métro avant la Coupe du monde de 2022. Sinon, le transport en commun est inexistant. Quand on se promène à proximité des chantiers, on croise des hordes d'ouvriers indiens ou bangladais. Ils travaillent, du moins certains d'entre eux, pour un salaire de crève-faim, souvent dans des conditions de sécurité déplorables. Et les gratte-ciel continuent de pousser.
Dans cet univers où les activités extérieures paraissent limitées, le Souq, l'énorme marché, lui, grouille de vie. Les touristes s'y rassemblent, bien sûr, à la recherche d'une bonne occasion pour acheter une lampe, des bijoux, quelques babioles ou simplement pour casser la croûte en fumant le narguilé (ou shisha). Mais on y croise aussi des familles qataries dans les petites épiceries ou dans la section animalerie. Là, par dizaines, les cages remplies de chats, d'oiseaux, de lapins et de tortues s'empilent comme s'il s'agissait de simples bibelots. Étrangement, les lapins miniatures ont pour la plupart été vêtus d'une petite robe...
Je n'ai pas visité les musées, qui sont rarement mon principal foyer d'intérêt de toute façon, mais j'ai eu l'impression d'avoir vu Doha et une bonne partie de ce qu'elle avait à offrir. Bien sûr j'aurais pu m'attarder dans les centres commerciaux et boire un verre dans quelques-uns des bars réputés de l'endroit. J'ai plutôt choisi de rentrer à l'hôtel dans une chambre aux frais de la compagnie aérienne. De mon neuvième étage, avec la vue sur la ville, je me sentais tout à coup bien loin des dortoirs poussiéreux et exigus de la Birmanie.
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