Parallèlement, Sherbrooke Innopole prend officiellement position contre un changement de zonage qui permettrait de changer la vocation industrielle du site. Lors de la réunion du conseil d'administration du 16 février, l'avis de Sherbrooke Innopole, demandé par le CCU après Noël, a été adopté.
« Le CCU nous avait demandé de lui fournir un avis. Nous avons fait évaluer la bâtisse par une tierce
partie pour connaître son état. Notre position demeure la même. Nous n'avons jamais caché que nous souhaitions garder le zonage industriel sur ce site », commente Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole.
Rappelons qu'un projet de complexe immobilier de plusieurs dizaines de millions de dollars, auquel serait rattachée la première
superclinique de santé en Estrie, pourrait voir le jour sur le site en question. Un volet résidentiel serait aussi considéré. Ces intentions ont été signalées aux autorités municipales en décembre.
« Ce n'est pas Sherbrooke Innopole qui tranchera au bout du compte. Ça demeurera une décision de la Ville, mais nous considérons que ce site est important pour le développement industriel », ajoute Mme Fortin.
À quel point l'avis de Sherbrooke Innopole peut-il peser dans la balance, considérant que le maire siège au conseil d'administration? « C'est difficile de répondre parce que je n'ai pas tous les éléments. Je ne suis pas assise autour de la table, mais selon les échos que j'en ai, je pense que la Ville souhaite garder la vocation industrielle. Comme organisme de développement, nous nous devions de prendre position. »
Une analyse plus spécifique
La présidente du CCU, Nicole Bergeron, estime qu'il n'est pas question d'un poids d'influence quand on parle de l'avis de Sherbrooke Innopole. « C'est un éclairage que nous leur avons demandé. Sherbrooke Innopole a un mandat de développement économique et il est normal que nous connaissions l'opinion de ces gens-là. Ils peuvent faire une analyse plus spécifique, plus pointue, et ce sont souvent des informations que nous n'avons pas. Ça donne une plus value à l'analyse du dossier. »
Josée Fortin justifie la position de Sherbrooke Innopole par la pénurie de bâtiments de cette envergure. « Il est en très bon état. Il a été entretenu. Il y a plusieurs de nos clients qui ne veulent pas être propriétaires, mais locataires. Avec des plafonds de 26 pieds, le site est intéressant pour une entreprise manufacturière. Et il n'y a pas des colonnes partout. C'est un site privilégié et créateur d'emplois. Nous avons de nouveaux terrains près du boulevard de Portland, mais ce sont pour des entreprises qui veulent se construire et être propriétaires. »
Selon Mme Fortin, une dizaine de demandes pour l'ancien centre de distribution de BRP ont été adressées à Sherbrooke Innopole dans la dernière année pour occuper des espaces variant de 45 000 à 300 000 pieds carrés. « Nous avons encore un dossier très chaud sur la table d'une entreprise qui souhaiterait s'y implanter. Nous espérons une position claire de la Ville, parce que nous avons plusieurs clients qui démontrent de l'intérêt, mais ils lisent les journaux comme tout le monde, alors les efforts sont concentrés ailleurs que sur cette bâtisse. »
Nicole Bergeron rapporte qu'il est d'usage de demander l'avis de Sherbrooke Innopole ou de Commerce Sherbrooke selon la pertinence du dossier. « À partir du moment où il y a un dossier sur la table, l'avis est déjà disponible. Ça permet de faire cheminer le dossier en parallèle. Si on attend le dépôt, on devient dépendant du calendrier des rencontres des organismes paramunicipaux. »
La présidente du CCU convient que plus vite la décision tombera, plus vite Sherbrooke Innopole saura
à quoi s'en tenir. « Des bâtisses comme ça, il n'en pleut pas. Mais on ne peut pas aller plus vite que le promoteur. Au moins, il y a déjà eu des rencontres et des discussions. Ce n'est pas comme si on partait de zéro. Il faut maintenant que nos services analysent la demande et arrivent avec une recommandation au CCU. Nous suivrons les procédures habituelles. J'ai bon espoir que ça chemine dans un délai acceptable. »
L'ancien centre de distribution de BRP est évalué à 6,66 M$ au rôle d'évaluation 2016-2018 et couvre près de 400 000 pieds carrés. Les terrains exploitables autour du bâtiment totalisent 900 000 pieds carrés.