Lise Payette continue de se battre pour l'égalité homme-femme

À 84 ans, Lise Payette n'a rien perdu: ni de sa verve, ni de son idéal à l'égard de l'égalité entre les hommes et les femmes. L'ancienne ministre du gouvernement Lévesque l'a encore une fois démontrée mercredi après-midi en exhortant les quelque 200 étudiants de l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke à « ne jamais abandonner » l'idée de construire une société basée sur l'égalité homme-femme.


« C'est essentiel », leur a lancé l'ancienne journaliste, animatrice et auteure du livre « Le pouvoir, connais pas », écrit après son passage en politique, de 1976 à 1980, et à qui le Québec doit plusieurs réformes dont celle de l'assurance-automobile.

S'il est si important pour Lise Payette, encore aujourd'hui, d'atteindre cette égalité, c'est que nos sociétés, dit-elle, sont encore loin du compte à ce chapitre. Elle cite l'exemple des partis politiques qui choisissent encore aujourd'hui des femmes comme « poteau » dans certaines circonscriptions au nom de la parité. Et du discours qui associe parité et compétence.



« J'éclate de rire à chaque fois, dit-elle. Car s'il avait fallu qu'on exige la même chose des hommes, à travers le temps, je peux vous assurer que la récolte aurait été mince », a-t-elle raillé, soulevant les rires de l'auditoire.

À l'heure où les gouvernements se targuent d'atteindre la parité, Lise Payette y voit plutôt une manoeuvre qui n'a rien à voir avec la démocratie. Une démocratique qui, selon elle, s'apparente davantage à ce qu'elle appelle une « démocrature » où tous les pouvoirs sont de plus en plus concentrés entre les mains du premier ministre. 

« La démocrature, c'est, à mon avis, la détérioration de la démocratie juste avant l'arrivée de la dictature », a-t-elle avancé en faisant référence au discours unique des partis et au rôle de plus en plus restreint des députés, élus pour représenter les intérêts de leurs concitoyens. Or, dit-elle, la machine des partis politiques contrôle aujourd'hui tout le discours politique, évacuant du même coup les débats.

« Le premier ministre du Québec détient tout, je dis bien tout, le pouvoir. Les ministres peuvent bien se pavaner devant les caméras ou les journalistes, le message qu'ils transmettent est celui autorisé par le chef de l'équipe. Quant aux simples députés, ils ont le pouvoir de voter... comme on leur dit de voter », ajoutant à cela le rôle que l'argent joue dans les rouages de la politique, comme l'a démontré la Commission Charbonneau.

Malgré le portrait sombre qu'elle venait de dépeindre de la démocratie, Lise Payette a exhorté les jeunes, et surtout les femmes, à ne pas hésiter à se lancer en politique afin de changer les choses. « J'ai toujours cru, et je le crois encore, que la politique va changer le jour où les femmes y prendront leur place... Vous ferez vos propres choix vous-mêmes. Mois, j'ai choisi d'être une femme porteuse de la social-démocratie. J'ai fait ce choix à 20 ans et je ne changerai plus d'idée... L'avenir vous appartient... Mais je voudrais surtout vous encourager à ne jamais abandonner. Vous avez le droit d'exiger ce qui vous appartient. ».